CARTER, ROBERT, officier de marine, magistrat et homme politique, né à Ferryland, T.-N., en 1791, fils d’Anne Weston et de William Carter, juge à la Cour de la vice-amirauté ; épousa Anne Hutchings, qui lui donna un fils et trois filles ; décédé à St John’s, T.-N., le 25 mai 1872.

Robert Carter était le petit-fils du premier Carter à s’établir à Ferryland où les membres de la famille Carter devinrent des commerçants et des magistrats en vue. Il semble que très jeune il se soit engagé dans la marine. Il fut mis à la retraite avec le grade de lieutenant, peu après la paix de 1815. En 1843, il sera promu commandant dans les cadres de réserve. Après la décès de son frère aîné, William, en 1815, Robert fut nommé à sa place magistrat subrogé, probablement au début de 1817. Il assuma ces fonctions à Ferryland jusqu’au début de 1826, date à laquelle il prit sa retraite après avoir été accusé, sans que la chose ait jamais été prouvée, de mauvaise conduite dans l’exercice de ses fonctions. Au cours des élections générales qui eurent lieu pour la première fois à Terre-Neuve en 1832, Carter fut élu député de Ferryland. À partir de cette époque, sa carrière se trouva en majeure partie orientée vers la politique, et il alla s’installer à St John’s.

Entre 1832 et 1836, on assista sur la scène politique locale à la montée du sectarisme religieux ; Carter, membre de l’Église d’Angleterre, fut battu en 1836 dans la circonscription de Ferryland où la population était catholique. De 1842 à 1852, puis de 1855 à 1859, il représenta la circonscription de Bonavista Bay, puis, de 1859 à 1865, celle de Fortune Bay. Dans ces deux endroits, les habitants étaient en grande partie protestants. Pendant toute la durée de ses mandats, Carter fut un membre influent du parti conservateur protestant, lequel fut toutefois minoritaire de 1836 à 1861. Mais du fait qu’avant l’accession de la province au gouvernement responsable, en 1855, les faveurs politiques étaient distribuées par le gouverneur et le conseil, Carter fut nommé à des postes de plus en plus importants. Il conserva ses fonctions de juge de paix de la région de Ferryland, qu’il cumula, quelques années avant 1840, avec celles de commissaire à la voirie au même endroit. À la suite de l’incendie qui dévasta St John’s en juin 1846, il fut nommé à la surveillance des rues, poste important qu’il conserva jusqu’en 1848, date à laquelle les nouveaux aménagements de la ville furent terminés. En octobre 1849, Carter devint trésorier de la colonie et l’un des administrateurs de la Savings Bank. Carter s’accrocha tenacement à ces fonctions, ce qui eut pour effet de retarder un peu l’avènement du gouvernement responsable. Sa demande d’une pension de retraite ayant été rejetée, il refusa de démissionner. Il prétendit qu’il n’avait pas été nommé trésorier aux conditions imposées dans la résolution adoptée par l’Assemblée en avril 1849 et approuvée par la suite par le ministère des Colonies à Londres. Cette résolution prévoyait que tout le personnel administratif nommé après cette date pouvait être congédié sans compensation, dès que le gouvernement responsable serait en exercice. Il n’eut droit à aucune pension ni à la sympathie de la population, et finalement, en mai 1855, le gouverneur, sir Charles Henry Darling*, le fit déposer d’office.

La résistance que montrait Carter au changement était également le fait de bien des gens de sa classe sociale, qui craignaient non seulement de perdre leurs postes, mais aussi de voir croître l’ascendant politique des catholiques. En 1861, une crise survint au sein du parti gouvernemental, dirigé par John Kent, et composé en majorité de catholiques. Les conservateurs, qui avaient à leur tête Hugh Hoyles* et étaient soutenus ouvertement par le gouverneur, sir Alexander Bannerman*, purent se rendre maîtres du pouvoir. Carter devint secrétaire colonial dans les ministères Hoyles, d’abord en 1861, puis de 1861 à 1865. Lorsque, au cours de l’été de 1865, Hoyles démissionna de son poste de premier ministre pour devenir juge en chef, Carter perdit son poste, mais il resta membre du Conseil exécutif qu’il quitta peu de temps avant les élections qui eurent lieu à l’automne de la même année. Les conservateurs avec, à leur tête, le neveu de Carter, Frederic Bowker Terrington Carter*, remportèrent de nouveau la victoire. Carter se retira alors de la vie publique et vécut à St John’s jusqu’à sa mort.

Carter, qui ne joua jamais un rôle de premier plan dans la vie politique de son époque, fut un membre influent de l’establishment local et s’en fit le porte-parole. Contrairement à ses pairs, il ne fit carrière ni dans le commerce ni dans le droit, en conséquence, il avait besoin de la politique pour assurer sa subsistance. C’est pourquoi il se montra si réfractaire à l’avènement du gouvernement responsable ; toutefois, il fut par la suite obligé de se plier au nouvel état de choses.

J. K. Hiller

PANL, Newfoundland, Dept. of the Colonial Secretary, recueil de lettres, 1815–1827 ; Newfoundland, Executive Council, procès-verbaux, 1865.— Blue Books, 1832–1865 (copies aux PANL).— Journal of the House of Assembly of Newfoundland, 1836, 1837, 1838, 1840.— Gunn, Political history of Nfld.— J. R. Smallwood, The history of the Carter family in Newfoundland (manuscrit dactylographié, 1937 ; copie aux PANL).— E. A. Wells, The struggle for responsible government in Newfoundland, 1846–1855 (thèse de m.a., Memorial University of Newfoundland, 1966).

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J. K. Hiller, « CARTER, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/carter_robert_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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