GARVIE, WILLIAM, érudit, journaliste et avocat, né aux Antilles en 1837, fils de John Garvie, décédé à Hyères, en France, le 15 décembre 1872.
Garvie vint à Halifax, N.-É., avec ses parents, tous deux Écossais de naissance. Il étudia vraisemblablement à King’s College, à Windsor, N.-É., et à l’University of Edinburgh. Il fit d’abord ses humanités et, à son retour à Halifax après son séjour en Écosse, il entra, en qualité de répétiteur privé, à Dalhousie College que l’on venait de rouvrir. Toutefois, Garvie s’engagea bientôt dans une autre voie. C’était un de ces hommes remarquablement doués d’intelligence, de sensibilité et d’humour, qui n’ont pas l’occasion d’utiliser leurs nombreux talents dans un rôle de répétiteur. En 1863, en collaboration avec Edmund Mortimer McDonald, il fonda le Halifax Citizen, journal qui paraissait trois fois par semaine.
À l’époque, il y avait à Halifax plusieurs bons journaux et une pléiade de rédacteurs compétents, ce qui n’empêcha pas le Citizen d’acquérir une certaine notoriété. Et le journal s’affirma davantage encore en juillet 1864, lorsqu’il fut question de confédération pour la première fois en Nouvelle-Écosse. Les éditoriaux du Citizen, dont l’auteur était probablement Garvie, contre le principe fédératif constituaient l’arme principale du journal dans sa lutte contre les Résolutions de Québec, et on les exploita avec grande efficacité en novembre et en décembre 1864. La célèbre satire de Garvie, intitulée Barney Rooney’s letters on confederation, botheration and political transmogrification eut encore plus de répercussions. Comme tout écrit satirique, les Barney Rooney’s letters ont, avec le temps, perdu beaucoup de leur mordant : pour les apprécier il faudrait être un contemporain de l’auteur. Toutefois, les Letters se lisent encore avec intérêt même de nos jours comme le prouve l’extrait suivant qui est une attaque dirigée contre Charles Tupper* et Jonathan McCully : « Monsieur, dit Tupper tout en vidant son verre et en le présentant à D’Arcy [Thomas D’Arcy McGee*] pour que celui-ci le remplisse, si on saisit bien les désirs du peuple, il est évident qu’il est tellement en faveur du projet qu’il serait infame et téméraire de demander aux gens de se donner le mal d’exprimer leur opinion par un vote spécial [...]. Mon cher McCully, je suis certain que vous êtes de mon avis [...]. Mon cher Tupper, répondit McCully, oui – non – c’est-à-dire que oui – ou plutôt, non ; mais je voudrais en discuter seul à seul avec vous [...]. »
En 1866, à l’âge de 29 ans, Garvie quitta le Citizen pour étudier le droit à Lincoln’s Inn, en Angleterre. Il sortit premier de sa promotion et mérita une bourse en histoire constitutionnelle et juridique qui lui fut octroyée de 1868 à 1870. Il fut reçu avocat à Lincoln’s Inn en 1869. Il était demeuré un ardent adversaire de la Confédération et, durant son séjour en Angleterre, il appuya de toute son énergie les délégations de la Nouvelle-Écosse, adversaires du projet, dans leurs représentations auprès du gouvernement britannique en 1866, 1867 et 1868.
Garvie rentra en Nouvelle-Écosse en 1870. Il ouvrit un bureau d’avocat à Halifax et, en 1871, fut nommé au Conseil exécutif de la Nouvelle-Écosse à titre de commissaire des Travaux publics et des Mines. Il fut élu pour représenter le comté de Halifax lors de l’élection provinciale de mai 1871 mais la maladie l’empêcha de se rendre à l’ouverture du parlement, le 22 février 1872. Toutefois, le gouvernement ayant subi une violente attaque en chambre, Garvie quitta son lit malgré les remontrances de ses amis et, le 24 février, fit devant l’Assemblée un discours véhément et énergique en faveur du gouvernement. Ce fut sa première et dernière apparition en chambre. Il souffrait de tuberculose, maladie qui avait déjà emporté trois membres de sa famille, et, plus tard au cours de la même année, dans un vain effort pour combattre le progrès de son mal il se rendit dans le midi de la France. Il mourut célibataire à Hyères le 15 décembre 1872. « Tous ceux qui ont eu l’occasion de rencontrer William Garvie, écrivit l’Acadian Recorder, ont senti la puissance de cet homme. » À quoi le Morning Chronicle ajouta : « nil tetigit quod non ornavit » (il ne touchait à rien sans l’améliorer).
Report of the PANS, 1948, app. C, 35s.— Acadian Recorder (Halifax), 16 déc. 1872.— Morning Chronicle (Halifax), 17 déc. 1872.— Benjamin Russell, Reminiscences of a legislature, Dal. Rev., III (1923–1924) : 5–16.— M. J. Shannon, Two forgotten patriots, Dal. Rev., XIV (1934–1935) : 85–98.
P. B. Waite, « GARVIE, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/garvie_william_10F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/garvie_william_10F.html |
Auteur de l'article: | P. B. Waite |
Titre de l'article: | GARVIE, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 2 nov. 2024 |