LIDDELL (Liddle), THOMAS, ministre de l’Église presbytérienne et éducateur, né à St Ninian, dans le Stirlingshire, en Écosse, le 18 octobre 1800, fils de John Liddell et de Janet Martin, époux de Susan Anne Jane Stewart, dont il eut deux filles, décédé à Édimbourg, le 11 juin 1880.
Thomas Liddell fit ses études universitaires à Glasgow et à l’University of Edinburgh (celle-ci lui décerna en 1841 un doctorat honorifique en théologie). Il reçut l’autorisation officielle de prêcher en 1827 et fut ordonné deux ans plus tard. En 1831 il devint ministre adjoint, puis par la suite ministre de l’église Lady Glenorchy à Édimbourg.
Le 27 octobre 1841, le comité de l’Église d’Écosse pour les colonies nomma Liddell principal de Queen’s College à Kingston, dans le Canada-Ouest. Fondé dans le but de mettre fin au monopole de l’Église d’Angleterre dans le domaine de l’enseignement supérieur au Canada-Ouest, cet établissement presbytérien reçut en 1841 une charte qui lui conférait des pouvoirs universitaires en qualité de collège d’arts libéraux ; on pouvait y accepter des étudiants de toutes les confessions. La nomination de Liddell fut ratifiée par le conseil d’administration du collège, à Kingston, et on lui accorda un traitement annuel de £400. Il arriva en décembre 1841 et s’aperçut bientôt qu’aucune disposition n’avait été prise pour l’ouverture du nouveau collège ; il dut solliciter les consistoires de la région de Kingston pour obtenir des fonds et trouver des étudiants. Le collège ouvrit ses portes le 7 mars 1842 ; il y avait un autre professeur, Peter Colin Campbell, qui devint par la suite recteur de l’University of Aberdeen, et 12 étudiants. Liddell enseignait l’hébreu, l’histoire de l’Église, la théologie, les mathématiques et la morale.
En 1842, Liddell discuta avec Egerton Ryerson*, alors directeur du Methodist Victoria College de Cobourg, d’un projet pour transformer King’s College, de Toronto (qui devait ouvrir en 1843 après avoir reçu sa charte en 1827), en une université de Toronto ; Queen’s, Victoria et Regiopolis (le collège catholique de Kingston) deviendraient alors des collèges de théologie affiliés à l’université. Ils s’installeraient à Toronto et auraient leurs représentants au conseil d’administration de l’université. Le Canada-Ouest, argumentait Liddell, ne pouvait faire vivre plus d’un collège d’arts libéraux, lequel devrait accueillir toutes les confessions, chacune recevant une part de la subvention. Ryerson reconnut que les diverses confessions devraient se partager la subvention de King’s College mais il n’envisageait pas de s’installer à Toronto. De plus, il refusa de limiter à la théologie l’enseignement donné à Victoria College. John Strachan*, évêque de l’Église d’Angleterre et président de King’s College, s’opposa violemment à toute modification de la charte royale de cette institution ; de son côté, Regiopolis, qui se bornait à l’enseignement secondaire, ne manifesta pas grand enthousiasme. Liddell arriva néanmoins à persuader le conseil d’administration de Queen’s College et le synode de l’Église presbytérienne au Canada de soumettre au gouvernement une pétition afin de modifier la structure de King’s College. En dépit des objections soulevées par Strachan, une version modifiée de cette proposition fut incorporée au projet de loi de 1843 concernant l’université, présenté par Robert Baldwin* ; toutefois ce dernier démissionna avant que la loi ne fût adoptée. Le nouveau gouvernement élabora en 1845 un projet de loi concernant l’université parrainé par William Henry Draper. Alors Liddell recommença ses discussions et, dans une série de lettres à Ryerson, tenta, mais en vain, d’obtenir l’appui de Victoria College.
Liddell fut déçu lorsque le projet de loi de Draper fut rejeté. De plus, sa santé s’était altérée à la suite de la mort en bas âge d’une de ses filles, en 1842, et il était désappointé par la lenteur avec laquelle Queen’s College se développait. Pour compliquer encore la situation, les partisans de l’Église libre d’Écosse dépêchèrent au Canada un émissaire en la personne de Robert Burns*, originaire de Paisley, en Écosse ; ce dernier s’employa à démembrer l’Église d’Écosse au Canada. Bien que le docteur John Machar*, qui avait la charge de l’église St Andrew, à Kingston, lui refusât l’autorisation d’y prêcher, Burns réussit si bien à éloigner les presbytériens de la chaire des églises méthodistes de Kingston que Queen’s College perdit les deux tiers de ses étudiants et de ses partisans, y compris dix des membres de son conseil d’administration. Liddell releva le défi et s’éleva en chaire contre les dissidents. Mais ses sermons, dit-on, furent « remarquables surtout à cause de leur longueur ». Le mouvement de l’Église libre prospéra et l’on se prépara à ouvrir une école de théologie rivale à Knox College, à Toronto. Et, ce qui n’arrangeait pas les choses, Burns prétendait que Liddell n’avait pas accusé réception des dons de livres qu’une bienfaitrice éminente d’Édimbourg et lui-même avaient faits à Queen’s College. Burns menaça même d’entamer des poursuites afin de reprendre les livres pour les donner à Knox College.
Les étudiants dissidents étaient partis et la classe de théologie de Liddell ne comptait plus qu’un seul élève. Totalement découragé, envisageant l’avenir sous des couleurs sombres, Liddell donna sa démission le 13 juillet 1846 et repartit pour l’Écosse, en dépit de l’intervention de George Romanes, modérateur du synode, qui lui demanda de rester. Machar fut immédiatement nommé principal intérimaire. À la fin de l’année scolaire suivante, le conseil d’administration pria Liddell de reprendre ses fonctions, mais il répliqua qu’il ne voyait aucune raison de revenir sur sa décision.
En 1849, le sort de Queen’s College s’était un peu amélioré, et on en offrit de nouveau la direction à Liddell. Un troisième projet de loi concernant l’université avait finalement été adopté et on avait sanctionné l’établissement de l’University of Toronto à titre d’institution non confessionnelle. Liddell s’opposa farouchement à cette solution, et accepta de revenir au Canada dans le but d’utiliser toute son influence à prouver qu’il existe des liens nécessaires entre la religion et l’enseignement supérieur. Il ne mettait que deux conditions à son retour : avoir au moins six étudiants en théologie et recevoir le même traitement que par le passé. Lorsqu’on finit par en arriver à une entente, le dernier bateau de la saison faisait déjà voile vers Montréal. Liddell espérait trouver un bateau en partance pour Halifax et arriver à Kingston à la fin du mois d’octobre. Quoiqu’il en soit, on ne le revit plus à Kingston. Finalement, en mars 1850, ayant appris que quatre étudiants seulement s’étaient inscrits en théologie et son père étant mort entre temps, il écrivit au président du conseil d’administration pour lui faire part de sa décision de rompre tout lien avec Queen’s College. Moins d’un mois plus tard, il acceptait d’être nommé à Lochmaben, Écosse, où il remplit ses fonctions consciencieusement mais sans éclat, jusqu’à sa mort.
À l’époque où Liddell était principal de Queen’s College, Machar le décrivit en ces termes : « C’est un homme pieux, doté d’une énergie peu commune ; [il est] sérieux et [a] l’esprit pratique, de plus [il] semble se consacrer avec zèle à sa tâche [...]. Il serait impossible de trouver un être mieux fait pour remplir ces fonctions, avec toutes les difficultés et toutes les déceptions qui surgissent sans cesse. » Son portrait donne l’impression d’un intellectuel plutôt que d’un homme d’action, et la carrière de Liddell au Canada et en Écosse confirmerait cette impression.
Queen’s University Archives, Queen’s University Records, correspondence series 1, Liddell correspondence ; James Williamson papers.— Documentary history of education in Upper Canada (Hodgins), V : 4–9, 12–17 ; VI : 29.— Chronicle and Gazette (Kingston), 1er déc. 1841, 24 avril 1844, 5 mars, 15 mars, 19 mars, 21 mai, 3 août 1845.— Report of the discussion on the late disruption in the Presbyterian Church, which took place in St Andrew’s Church, Galt between the Rev. Principal Liddell [...] and the Rev. John Bayne (Galt, 1845).— Hew Scott, Fasti ecclesiae Scoticanæ, the succession of ministers in the Church of Scotland from the Reformation (nouv. éd., 9 vol., Édimbourg, 1915–1961), II : 215.— D. D. Calvin, Queen’s University at Kingston : the first century of a Scottish-Canadian foundation, 1841–1941 (Kingston, 1941).— [John Machar], Memorials of the life and ministry of the Reverend John Machar, D.D., late minister of St Andrew’s church, Kingston (Toronto, 1873).— C. B. Sissons, A history of Victoria University (Toronto, 1952).
H. P. Gundy, « LIDDELL (Liddle), THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/liddell_thomas_10F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/liddell_thomas_10F.html |
Auteur de l'article: | H. P. Gundy |
Titre de l'article: | LIDDELL (Liddle), THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |