MASSON, MARC-DAMASE, négociant et homme d’affaires, né à Sainte-Geneviève sur l’île de Montréal le 23 février 1805, fils d’Eustache Masson et de Scholastique Pfeiffer (Payfer), décédé à Montréal le 23 avril 1878.

La famille de Marc-Damase Masson venait de Saint-Benoît, ville d’Orléans, province d’Orléanais. Le premier de cette famille à s’implanter en terre canadienne fut Pierre, fabricant de poulies, né en 1724. Il épousa Marie-Louise Beaupré à Québec le 22 février 1751. Leur fils Pierre-Marc est l’aïeul de Marc-Damase Masson.

C’est à Sainte-Geneviève, sur la ferme de son père, que Marc-Damase Masson passa les premières années de son enfance. Puis il vécut à Saint-Clément-de-Beauharnois où son père établit bientôt un commerce. Après avoir été formé aux affaires dans son milieu familial, le jeune homme se lança lui-même dans le commerce, en 1829, à Saint-Clément-de-Beauharnois. Le 1er février 1830, il épousa Virginie Jobin, fille du notaire André Jobin* de Montréal. Huit enfants naquirent de cette alliance : trois garçons et cinq filles.

La position de Marc-Damase Masson dans le commerce était excellente quand éclata la rébellion de 1837. Le jeune négociant se rangea du côté des Patriotes. Ses propriétés furent « détruites par la soldatesque » et il perdit ainsi le fruit de plusieurs années de travail. En 1839, il vint refaire sa vie à Montréal et réussit, grâce à son expérience et à son travail incessant, à se placer aux premiers rangs des hommes d’affaires de Montréal. À l’angle des rues McGill et Notre-Dame, il ouvrit une épicerie de gros et de détail, « qu’il géra avec succès, selon le Montreal Herald and Daily Commercial Gazette du 23 avril 1878 ; il fit de la maison D. Masson & Co. l’une des plus importantes et des mieux connues de la ville et de la région ». Après sa mort, ses trois fils, Damase, Alfred et Adolphe devaient continuer l’important commerce de leur père.

Les activités de Marc-Damase Masson se multiplièrent et se diversifièrent au rythme où progressait son commerce. En. 1846, un certain nombre d’hommes en vue de Montréal fondèrent la Banque d’Épargne de la Cité et du District de Montréal. La plupart des banques de Montréal étaient alors proprement commerciales, c’est-à-dire qu’elles répondaient uniquement aux besoins du trafic. La Banque d’Épargne eut pour fondements la valeur et la nécessité de l’épargne et le besoin d’en populariser l’habitude. Avec les quelques Montréalais les plus en vue de l’époque, Marc-Damase Masson fut élu administrateur de la nouvelle banque de 1846 à 1850. Selon l’organe officiel de la Banque d’Épargne « ce choix était judicieux. Masson, négociant probe et prospère, mettait son expérience au service de ses collègues pour établir sur des bases solides la Banque d’Épargne ».

Le 13 décembre 1846, on choisissait Marc-Damase Masson comme marguillier de Notre-Dame. En février 1855, le suffrage populaire l’élisait au conseil de la cité de Montréal. Il siégea trois ans comme échevin du quartier Saint-Laurent et, pendant quelques années, il assuma la présidence du comité des finances. Il contribua largement à la construction de l’aqueduc et à d’autres travaux d’amélioration de la ville. En 1858, il devint président de la Société Saint-Jean-Baptiste et, en 1861, il fit partie du groupe d’hommes d’affaires qui, sous la présidence de Hugh Allan*, fondèrent la Banque des Marchands. Faute de capital suffisant, cette banque n’ouvrit ses portes que trois ans après avoir reçu sa charte. Masson en fut un des directeurs jusqu’à sa mort et un des plus forts actionnaires. Il prit beaucoup d’intérêt à cette institution qui lui dut, en bonne part, ses quelques années de prospérité, depuis l’achat de la Banque Commerciale du district de Midland (Commercial Bank of the Midland District) en 1868 jusqu’en 1873. La Banque des Marchands souffrit, en effet, du scandale du chemin de fer canadien du Pacifique dans lequel Allan était impliqué, ainsi que de la crise économique qui suivit. Mais, parce que le départ avait été bon, la banque devait refaire sa position après 1878 et s’implanter à travers tout le Canada. Elle s’était taillé une place de choix parmi les banques canadiennes quand elle fut achetée par la Banque de Montréal en 1921. Marc-Damase Masson fut aussi membre du conseil d’administration de plusieurs compagnies d’assurance, dont la North British and Mercantile Insurance Company. Il fut également directeur de la Compagnie du Richelieu [V. Sincennes].

Le 23 avril 1878, il mourut à Montréal à l’âge de 73 ans. Son nom était en haute estime dans le monde des affaires où il s’était distingué par son honnêteté dans les transactions publiques et privées : « C’était un homme intègre qui croyait en la force de l’exemple pour inculquer son idéal aux gens avec qui il était en relations. »

Andrée Désilets

AJM, Louis Richard, La famille Masson.— Archives paroissiales de Sainte-Geneviève (Pierrefonds, Qué.), Registres des baptêmes, mariages et sépultures, 23 févr. 1805, 14 sept. 1853.— AVM, 3 610.4, 3 610.6 ; Biographies de conseillers.— Gazette (Montréal), 23 avril 1878.— La Minerve (Montréal), 24 avril 1878.— Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, 23 avril 1878.— Le National (Montréal), 23 avril 1878.— Le Nouveau Monde (Montréal), 23 avril, 26 avril 1878.— L’Opinion publique (Montréal), 25 avril, 2 mai 1878.— The Canadian album [...], William Cochrane et al., édit. (5 vol., Brantford et Toronto, 1891–1896), V : 117.— Raymond Masson, Généalogie des familles de Terrebonne (4 vol., Montréal, 1930–1931).— Tanguay, Dictionnaire, V.— Denison, Première banque au Canada.— É.-Z. Massicotte, Processions de la Sainte-Jean-Baptiste en 1924 et 1925 (Montréal, 1926), 40s.— R.-L. Séguin, Biographie d’un patriote de ’37, le Dr Luc-Hyacinthe Masson (1811–1880), RHAF, III (1949–1950) : 496.

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Andrée Désilets, « MASSON, MARC-DAMASE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/masson_marc_damase_10F.html.

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Auteur de l'article:    Andrée Désilets
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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