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MURRAY, ALEXANDER HUNTER, chef de poste de la Hudson’s Bay Company et artiste, né en 1818 ou 1819 à Kilmun dans le comté d’Argyll, en Écosse, décédé le 20 avril 1874 à sa demeure, près de Lower Fort Garry, Man.
Aucun trafiquant de fourrures n’a couvert autant de territoire en Amérique du Nord qu’Alexander Hunter Murray. Si l’on se fonde sur son Journal de 1847–1848, il était allé auparavant dans la région marécageuse du lac Pontchartrain (près de la Nouvelle-Orléans, Louisiane), ainsi que sur les bords de la rivière Rouge, au Texas. Il est difficile de préciser exactement de quelle manière ou à quelle époque il se rendit dans ces lieux ; on sait également peu de chose sur sa vie, avant son entrée au service de l’American Fur Company qui avait son siège à St Louis, Missouri. En 1844 et 1845, il vécut sur les bords du haut Missouri où il dessina quelques croquis des postes de traite de la région : les forts Union, Pierre, Mortimer et George.
Murray quitta l’American Fur Company en 1846 et se dirigea vers le nord, en vue d’entrer au service de la Hudson’s Bay Company, à Fort Garry (Winnipeg). Vu son expérience, on le nomma premier commis et on le muta dans le district de Mackenzie River que dirigeait l’agent principal Murdoch McPherson. En route, il rencontra le chef de poste Colin Campbell*, du district d’Athabasca ; peu après, il épousa sa fille, Anne, au fort Simpson. Étant donné l’absence de pasteur dans la région, « McPherson et une bible » officièrent et le mariage fut inscrit dans les registres de la cathédrale St John, à la Rivière-Rouge, le 24 août 1846. Les jeunes époux descendirent le fleuve Mackenzie jusqu’à l’embouchure de la rivière Peel et se rendirent ensuite au fort McPherson où ils passèrent l’hiver.
Le 11 juin 1847, Murray laissa sa femme à Lapierre House sur la rivière Bell et se mit en route pour aller établir le fort Yukon, mission qui fit sa renommée. En descendant la rivière Bell jusqu’à la rivière Porcupine, Murray atteignit le fleuve Yukon le 25 juin. Il commença presque aussitôt la construction d’un poste à un endroit situé un peu en amont du confluent du Yukon et de la Porcupine, légèrement au nord du cercle arctique. Le fort était constitué de trois grands bâtiments de bois rond entourés d’une palissade de 100 pieds carrés, flanquée d’un bastion à chaque coin. Murray et les autorités de la compagnie semblaient savoir que le fort était situé en territoire russe, ce qui allait à l’encontre de l’accord intervenu entre la compagnie et la Russian American Company. Aussi, Murray redoutait-il une attaque de la part des Russes ; toutefois, le fort Yukon était en dehors de la zone où les Russes se livraient à la traite et aucun d’eux ne se présenta au poste avant 1863 ; à cette date Murray était en service ailleurs. En fait, Murray et la compagnie exploitèrent à leur profit une région où ils n’avaient aucun droit de s’installer ; cette situation lucrative se continua jusqu’en 1869, année où les États-Unis, qui avaient acheté l’Alaska, expulsèrent péremptoirement la compagnie du fort Yukon. Dans ce poste, on faisait principalement la traite des peaux de martre, mais aussi celle des peaux de castor, de renard et de loutre.
Au cours de l’hiver de 1847–1848, Murray s’était occupé des travaux d’aménagement des bâtiments du fort et avait fait la connaissance des Kutchins ou Yukonikhotanas qui habitaient la région environnante. Il tenait un journal quotidien de ses occupations, journal que les Archives publiques du Canada ont publié en même temps que ses esquisses de la région et de ses habitants. Le 5 juin 1848, avec les recettes de la saison, Murray partit pour Lapierre House afin d’y retrouver sa femme ; plus tard durant l’année, le couple retourna au fort Yukon que Murray administra jusqu’en 1851. Dans une lettre adressée à sir George Simpson*, gouverneur de la compagnie, et datée du 30 août 1850, l’agent principal John Rae* déclarait : « M. Murray est de toute évidence un bon administrateur qui s’intéresse à son travail, malheureusement ses hommes ne veulent pas rester avec lui bien longtemps. » Simpson écrivit à Rae, le 10 décembre suivant : « J’ai lu une lettre de M. Murray dans laquelle il fournit beaucoup de renseignements intéressants [...]. Sa correspondance et la diligence avec laquelle il conduit les affaires de ce secteur de l’entreprise me portent à le juger comme un officier très efficace et intelligent. » Néanmoins, la santé de Murray commença à décliner en 1851 et on dut le relever de ses fonctions.
Après une période de repos à Fort Garry avec sa femme et ses jeunes enfants, on le désigna au poste de Pembina dont il eut la charge pendant plusieurs années. Il occupa ensuite des postes au lac La Pluie et à la rivière Swan avant d’être renvoyé à Pembina où il fut promu chef de poste en 1856. En 1857, Murray retourna en congé en Écosse, son pays natal ; c’était en partie, évidemment, à cause de sa santé. Complètement rétabli, il revint à la Rivière-Rouge et on lui confia la direction du Lower Fort Garry, direction qu’il occupa jusqu’à sa retraite en 1867. Il se retira alors dans sa demeure, Bellevue, sur la rivière Rouge, où il vécut jusqu’à sa mort en 1874.
Murray était un homme aux talents multiples. Les esquisses qu’il a tracées des postes de traite et de certains habitants fournissent une image intéressante de l’époque. Son Journal of the Yukon, 1847–48, offre un précieux aperçu sur les mœurs et les coutumes des Indiens du Yukon, sur les difficultés que présente l’établissement d’un poste, ainsi que sur la politique et les méthodes utilisées dans la traite des fourrures.
HBC Arch., B.240/a/1–8 (le journal de Murray au fort Yukon).— HBRS, XVI (Rich et Johnson).— Murray, Journal of the Yukon (Burpee).— J. S. Galbraith, The Hudson’s Bay Company as an imperial factor, 1821–1869 (Toronto, 1957).— Richard Mathews, The Yukon (New York, 1968).— J. E. Sunder, The fur trade on the upper Missouri, 1840–1865 (Norman, Okla., 1965).— M. M. Black, Alexander Hunter Murray, Beaver, outfit 265 (juin 1934), 29–32.— Robert Watson, Chief trader Alexander Hunter Murray and Fort Youcon, Beaver, outfit 260 (juin 1929), 211–213.— Clifford Wilson, Founding Fort Yukon, Beaver, outfit 278 (juin 1947), 383.
Kenneth L. Holmes, « MURRAY, ALEXANDER HUNTER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/murray_alexander_hunter_10F.html.
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Auteur de l'article: | Kenneth L. Holmes |
Titre de l'article: | MURRAY, ALEXANDER HUNTER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 6 déc. 2024 |