REES, WILLIAM, médecin et chirurgien, né, vers 1800, fils d’Evans Rees, de Bristol, Angleterre, décédé célibataire, le 4 février 1874, à Toronto.
William Rees étudia la médecine en Angleterre sous la direction de sir Astley Cooper et vint au Canada en 1819. Il fut officier de santé adjoint au port de Québec jusqu’en 1822, date à laquelle il fut nommé inspecteur de l’hygiène des navires en partance pour l’Angleterre. En 1829, il alla s’installer à York (Toronto) et, après avoir passé l’examen du Medical Board of Upper Canada en janvier 1830, il acheta la clientèle de John Porter Daly. À l’exception d’un bref séjour qu’il fit à Cobourg en 1832, Rees passa le reste de sa vie à Toronto. En 1834, il annonça qu’il donnerait une série de cours qui, espérait-il, marqueraient les débuts d’une école de médecine. La même année, il se présenta, mais sans succès, aux élections de la chambre d’Assemblée dans la première circonscription de York. Au cours de la rébellion du Haut-Canada, il fut nommé chirurgien à bord du patrouilleur en station à Toronto et chirurgien adjoint dans le régiment des Queen’s Rangers.
Pendant toute sa carrière, Rees préconisa de nombreuses mesures de réforme sociale et de développement des services publics. Lorsqu’il commença à exercer à Toronto, il annonça qu’il ferait gratuitement la visite médicale et la vaccination des pauvres. En 1837, il fit construire un quai et des bains publics à l’usage des immigrants, au bord du lac, à Toronto. Il recommanda en diverses occasions la création d’un orphelinat, d’une société d’aide aux femmes, de foyers pour les marins, d’une école de réforme et d’une école d’agriculture pour la jeunesse, d’une maison pour le traitement des alcooliques ainsi que l’établissement d’une force armée et de forces navales pour assurer la défense des frontières et pour donner une formation aux jeunes gens pauvres. Il souhaitait également la création d’un dispensaire pour soigner et vacciner les pauvres, d’une société pour récompenser les actes héroïques de sauvetage, d’une société protectrice des animaux, d’un bureau d’inspection des prisons et de l’hygiène publique, d’un musée provincial comprenant un jardin botanique et un jardin zoologique ; il voulait aussi que l’on entreprît de nouveaux travaux d’adduction d’eau et que l’on dotât Toronto d’un système de tramway. C’est surtout par suite de ses efforts que le gouvernement provincial créa l’asile provincial des aliénés, en 1841, dont il fut nommé le directeur médical.
Avant d’entrer en fonction, Rees visita l’Europe à ses frais, consulta les autorités médicales qui dirigeaient des institutions soignant des aliénés et se renseigna sur les méthodes de traitement les plus récentes. Jusqu’à ce que l’asile pût être construit, on utilisa une ancienne prison pour loger les internés dont Rees prenait soin et qui, au début, n’étaient que 17. Leur nombre augmenta rapidement et il fallut utiliser une aile, alors inoccupée, du parlement et une maison jusqu’à ce que l’asile fût terminé.
Au cours de son service, Rees fut frappé à la tête par l’un des malades et, à la suite de cette blessure, sa vue s’affaiblit et il ne put continuer son service ni retourner exercer la médecine à son compte. En 1844, il fut remplacé à la direction de l’asile par le médecin Walter Telfer. Dès lors il vécut dans une demi-retraite dans sa maison, au bord du lac, tout près de son quai. Il écrivit maintes fois au gouvernement, réclamant une pension en dédommagement du temps qu’il avait passé à l’organisation de l’asile et de la blessure qu’il y avait reçue. Il proposait également des réformes administratives et demandait qu’on le nommât dans les services qui seraient chargés de mener ces réformes à bien. Il pouvait compter sur l’appui de la majorité de l’Assemblée, mais les efforts qu’il fit pour obtenir un emploi au gouvernement furent vains ; il reçut pour toute compensation une somme forfaitaire de $1 000 en 1864.
Par la suite, plusieurs des réformes administratives qu’il avait préconisées furent adoptées. Mais l’opinion était très divisée à son sujet. Dès le début, le médecin Christopher Widmer* s’était opposé à sa nomination au poste de directeur et avait informé Robert Baldwin* que le vice-chancelier de la Cour d’équité, Robert Sympson Jameson*, l’avait « fait entrer en fonction sans bruit ». « Le soin des aliénés, affirmait Widmer, devait assurément être confié à un homme de métier ayant suffisamment de connaissances théoriques pour traiter la folie. » Même avant que Rees ne fût blessé, Widmer demandait à cor et à cri son renvoi et, en 1851, il s’opposa à une tentative – « la plus impudente qui ait jamais été envisagée » – faite en vue d’obtenir une pension à Rees. Dans un rapport préparé à l’intention de William Canniff*, Clarke Gamble déclarait que Rees, bien qu’il « possédât certaines connaissances, n’était qu’un original et un grand rêveur », et il ajoutait : « Il a été nommé à la direction de l’asile, je suppose, selon le principe qu’il faut un fou pour garder les fous. » D’autre part, nombreuses étaient les autorités médicales, tant britanniques qu’américaines, qui louaient la façon dont Rees administrait l’asile. Henry Scadding* écrivait à Canniff que Rees « avait des dispositions pour la spéculation et qu’il était d’une intelligence remarquable ». Le Dominion Medical Journal, appuyant sa demande de pension, parla de lui comme « d’un des médecins les plus anciens et les plus respectés de la province ».
William Rees, The case of Doctor William Rees, late physician to the Provincial Lunatic Asylum, Toronto, C. W. : memorial to his excellency the governor general in council [...] (Québec, 1865).— APC, FO 5, C1, 1841–1842, nos 1 982, 2 392, 2 642, 2 884, 3 418, 3 424, 4 167, 4 505, 4 643A, 5 095, 5 120 ; FO 5, C1, 1846–1847, nos 16 587, 17 398 ; FO 5, C1, 1847–1848, nos 17 997, 18 467, 18 817, 19 837, 20 053 ; FO 5, C1, 1849, no 467 ; FO 5, C1, 1850, nos 602, 669 ; FO 5, C1, 1851, nos 1 506, 1 667 ; FO 5, C1, 1852, no 1 032 ; FO 5, C1, 1853, no 540 ; FO 5, C1, 1854, no 1 528 ; FO 5, C1, 1857, nos 613, 1 086 ; FO 5, C1, 1858, no 811 ; FO 5, C1, 1860, no 889 ; FO 5, C1, 1861, nos 229, 513, 682, 1 004 ; FO 5, C1, 1862, nos 987, 1 042, 1 091, 1 264., 1 484 ; FO 5, C1, 1863, no 1 470 ; FO 5, C1, 1864, nos 444, 819 ; FO 7, G20, 1843, no 2 719 ; FO 7, G20, 1844, no 3 473 ; FO 7, G20, 1855, no 6 261 ; FO 7, G20, 1862, no 10 139 ; FO 7, G20, 1865, nos 969, 1 009, 1 297, 12 036, 12 039 ; FO 7, G20, 1866, nos 575, 933 ; FO 7, G20, 1869, no 979 1/2.— MTCL, Baldwin papers, entries for Christopher Widmer.— PAO, Toronto City Council papers, 1er juin 1837, 5 juin, 12 juill. 1843, 26 déc. 1848, 3 nov., 26 nov. 1849.— Canniff, Medical profession in Upper Canada, 570–573.
William Ormsby, « REES, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/rees_william_10F.html.
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Auteur de l'article: | William Ormsby |
Titre de l'article: | REES, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 6 déc. 2024 |