STAMP, EDWARD, capitaine au long cours et industriel, né à Alnwick, Northumberland, en Angleterre, le 5 novembre 1814, décédé à Turnham Green, Middlesex, le 20 janvier 1872.
Edward Stamp obtint son brevet de capitaine en 1851. En 1854, durant la guerre de Crimée, il fut capitaine du bateau à vapeur Emeu ; il réussit à lui faire traverser sans dommage la grosse tempête qui sévit en novembre au large de Balaklava et au cours de laquelle 18 bateaux périrent et 12 autres furent démâtés. Il effectua un premier voyage sur la côte nord du Pacifique en 1857, alors que le bateau qu’il commandait se rendait dans le détroit de Puget prendre un chargement de bois pour l’Australie. Il y retourna par la suite pour acheter des espars, du bois pour la construction de navires, et du bois de charpente pour deux sociétés londoniennes, la Thomas Bilbe and Company et la James Thomson and Company. Une partie des espars furent utilisés pour construire les mâts et les vergues du vapeur Great Eastern. Quand commença la ruée vers l’or du fleuve Fraser en 1858, Stamp fonda une maison de commission et d’importation à Victoria. Il fit également, expliqua-t-il, « d’importants achats de terrains dans l’Île-de-Vancouver, à Victoria & à Langley » non pour se livrer à la spéculation, mais en vue de pourvoir ses fils.
Stamp semble s’être toujours intéressé à une grande variété de projets, et, en 1859, alors qu’il se trouvait en Angleterre, il tenta de s’assurer un contrat pour un service de bateau à vapeur entre Victoria et San Francisco. Au moment où le succès semblait assuré, ses espoirs furent contrecarrés par un changement de gouvernement en Angleterre. L’événement retarda à tel point les négociations que Stamp dut retourner à Victoria sans conclure d’entente. Lorsqu’il était à Londres, il avait formé une association pour établir dans le détroit de Puget ou sur l’île de Vancouver une scierie qui devait débiter du bois pour l’exportation ; la James Thomson and Company en possédait la majorité des actions. Cette compagnie devint plus tard l’Anderson, Anderson and Company ; en 1859 la famille Anderson avait déjà la haute main sur la compagnie, et la scierie construite par Stamp était appelée communément la scierie Anderson.
Quand Stamp revint à Victoria, il engagea des négociations avec le gouverneur James Douglas ; les deux hommes se mirent finalement d’accord pour établir la scierie sur le canal d’Alberni (aujourd’hui, anse d’Alberni) où se trouve aujourd’hui la ville de Port Alberni. On lui accorda 2 000 acres pour la scierie et l’établissement et on fixa les limites de l’exploitation du bois à 15 000 acres. La construction débuta durant l’été de 1860 et la scierie fut terminée en mai 1861. La première cargaison fut expédiée au Pérou. De caractère plutôt difficile, semble-t-il, Stamp abandonna l’administration de la scierie en janvier 1863. L’avenir de cette affaire était alors précaire ; bien qu’abondant dans la région, le bois était en général si gros qu’avec l’outillage alors disponible, seuls les arbres qui se trouvaient à proximité de l’eau pouvaient être transportés à la scierie. Celle-ci commençait donc à manquer de billots. Elle cessa finalement d’opérer vers la fin de 1864, après avoir produit un total de 35 000 000 de pieds de planches de bois.
Stamp se tourna alors pour un certain temps vers les mines et la prospection du cuivre le long de l’anse d’Alberni, dans l’île de Tzartus et dans d’autres îles du détroit de Barkley ; mais il retourna bientôt au commerce du bois. En 1864, il avait une équipe qui coupait des espars à Port Neville, et, en 1865, en Angleterre, il contribua à la formation de la British Columbia and Vancouver Island Spar, Lumber and Saw Mill Company, avec un capital de £100 000 pour l’acquisition de territoires boisés et la construction d’une scierie dans l’anse de Burrard. Le premier endroit choisi était situé sur le terrain actuel de Stanley Park, mais les courants à cet endroit étaient si forts qu’ils rendaient dangereux l’accostage des bateaux à voile, de sorte que la scierie fut construite plus à l’est, sur la rive sud de l’anse. L’exploitation forestière s’étendait sur la plus grande partie du site actuel de la ville de Vancouver. Tout l’outillage de la scierie fut envoyé de Glasgow mais l’oubli d’une caisse retarda le début des opérations jusqu’en juin 1867. Entre-temps, Stamp exporta des espars. Dans l’année ou les deux années qui suivirent, des cargaisons de bois partirent pour San Francisco, le Mexique, le Pérou, la Chine et l’Australie. Tout semblait bien aller, mais Stamp eut à nouveau des différends avec ses patrons, et il démissionna de ses fonctions de gérant le 2 janvier 1869. Des poursuites s’ensuivirent et le jugement lui accorda une somme de $14 000. La compagnie elle-même fut bientôt liquidée, et, en février 1870, la scierie fut vendue au dixième de sa valeur. Les nouveaux propriétaires en firent la célèbre Hastings Mill, noyau autour duquel se développa la ville de Vancouver, dans les années 1880.
Comme d’habitude, Stamp avait d’autres projets en tête. En 1866, il terminait la construction de bureaux à Victoria et il y installait un commerce de fournitures pour la marine. Il s’intéressa une fois de plus à la liaison entre Victoria et San Francisco par bateau à vapeur, ainsi qu’à la construction d’une cale sèche ; le financement de ces deux projets fut au nombre des conditions d’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération. En 1871, Stamp loua à New Westminster des édifices qui avaient été utilisés précédemment par les officiers du Génie ; il y établit une conserverie de poisson. Convaincu que la mise en conserve du poisson offrait un avenir prometteur, il partit pour l’Angleterre en novembre pour mettre sur pied une compagnie qui financerait la mise en conserve du saumon sur une grande échelle. C’est durant cette mission qu’il mourut subitement d’une crise cardiaque.
Stamp fut membre du Conseil législatif de la Colombie-Britannique en 1867 et en 1868, y représentant la circonscription de Lillooet, mais il ne semble pas avoir joué un grand rôle dans la politique. Ses intérêts étaient centrés sur la fabrication et l’expédition des marchandises et il mérite le titre de premier industriel de la Colombie-Britannique. La scierie d’Alberni fut la première grande scierie d’exportation de la Colombie-Britannique et celle de l’anse de Burrard fut pendant plusieurs années la principale industrie locale.
L’épouse de Stamp, Maria, ses quatre fils et sa fille lui survécurent. C’est en son honneur que furent nommés plusieurs lieux des alentours d’Alberni, notamment le parc provincial Stamp Falls qui entoure les chutes de la rivière Stamp.
PABC, Edward Stamp correspondence.— Somerset House (Londres), Principal Probate Registry, 1872, testament d’Edward Stamp.— Colonist (Victoria), 1858–1872.— Times (Londres), novembre – décembre 1854.— Walbran, B.C. coast names, 469.— F. W. Howay, Early shipping in Burrard Inlet, 1863–1870, BCHQ, I (1937) : 4–20.— Journal of Arthur Thomas Bushby (Blakey Smith), 194.— W. K. Lamb, Early lumbering on Vancouver Island. Part II : 1855–1866, BCHQ, II (1938) : 95–121.
W. Kaye Lamb, « STAMP, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stamp_edward_10F.html.
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Auteur de l'article: | W. Kaye Lamb |
Titre de l'article: | STAMP, EDWARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |