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YALE, JAMES MURRAY, chef de poste de la Hudson’s Bay Company, né vers 1798 à Lachine, Qué., décédé à Saanich, près de Victoria, C.-B., le 7 mai 1871.
James Murray Yale entra au service de la Hudson’s Bay Company en 1815 et fut d’abord envoyé au fort Wedderburn, sur le lac Athabasca ; la construction de ce poste venait d’être terminée sous la direction de John Clarke*. C’était là une tentative en vue d’assurer à la compagnie un pied-à-terre dans l’Athabasca, place forte de la North West Company. L’établissement fut en butte aux tracasseries constantes des nombreux employés de cette dernière compagnie, en poste au fort voisin de Chipewyan. La violence atteignit son point culminant à l’époque où Archibald Norman McLeod assumait la direction du fort Chipewyan ; Clarke fut arrêté à deux reprises et, en avril 1817, on s’empara de Yale qu’on emmena au Grand lac des Esclaves où il fut détenu jusqu’à l’automne. En 1818, Yale travailla avec Joshua Halcro lorsque celui-ci construisit Colvile House, sur la rivière de la Paix, pour le compte de la Hudson’s Bay Company.
En 1821, on confia à Yale la direction du fort George, sur le fleuve Fraser, et il passa le reste de sa longue carrière à l’ouest des montagnes Rocheuses. Il demeura au fort George jusqu’en 1824 et ensuite au fort Alexandria puis au fort St James. En 1827, on l’envoya à Fort Vancouver pour y recevoir les soins médicaux que nécessitait son mauvais état de santé. Il était de retour au fort St James un an plus tard et y rencontra le gouverneur George Simpson*. Celui-ci était en tournée d’inspection et désirait explorer le fleuve Fraser pour savoir s’il était navigable jusqu’à la côte. Yale se joignit à l’expédition. Simpson voyagea par voie de terre jusqu’à Kamloops puis atteignit le Fraser en descendant le fleuve Thompson ; pendant ce temps, Yale explora le Fraser, depuis Alexandria jusqu’à l’embouchure du Thompson. De là, avec Simpson, il franchit le principal canon du Fraser et ce voyage d’exploration n’eut d’égal que l’expédition de Simon Fraser*, en 1808.
Arrivé au fort Langleale abandonna l’expédition et demeura au fort où il devait rester plus de 30 ans. D’abord sous la direction de James McMillan*, fondateur du poste, puis d’Archibald McDonald*, le fort Langley passa sous l’autorité de Yale en 1833. En 1839, celui-ci dirigea la construction de nouveaux bâtiments à deux milles et demi environ en haut du premier emplacement, mais un incendie les détruisit en avril 1840 et Yale dut les reconstruire. On le nomma chef de poste en 1844. Il ne fut jamais nommé agent principal, mais il était très bien vu cependant de la direction de la compagnie ; le fort Yale, construit en 1848 en amont du fort Langley, fut ainsi nommé en son honneur.
À cette époque, la traite des fourrures était très peu importante au fort Langley, mais Yale repoussa avec succès toutes les suggestions d’abandonner le fort et il se lança dans l’exploitation d’autres ressources qui justifiaient son maintien. Yale fut un pionnier de la mise en baril du poisson salé sur le Fraser ; il fit ses premiers essais dans les années 30 et, en 1850, quelque 2 000 barils de saumon étaient préparés au fort. Yale exploita des fermes qui, à cette époque, étaient de loin les plus grandes dans cette région continentale de l’actuelle Colombie-Britannique. On y produisait des céréales, des pommes de terre et des légumes ; une grande partie de la récolte était vendue aux postes de la Russian American Company, en Alaska, conformément à l’entente commerciale qui existait avec la Hudson’s Bay Company. Pendant de nombreuses années, Ovid Allard fut son principal adjoint au fort Langley et il devait d’ailleurs, ultérieurement, en assumer la direction pendant une dizaine d’années.
Au moment de la ruée vers l’or du fleuve Fraser, au printemps de 1858, le fort Langley était le seul établissement sur le cours inférieur du fleuve et il devint le théâtre d’une activité intense. On avait songé d’abord à faire de l’emplacement du premier fort Langley le siège de la capitale de la nouvelle colonie de la Colombie-Britannique et c’est là qu’on proclama l’avènement de cette colonie, le 19 novembre 1858. On abandonna le projet en février au profit de New Westminster mais ces pourparlers donnèrent lieu à beaucoup de tumulte et d’agitation devant lesquels Yale montra sa grande compétence. Il prit sa retraite en mai 1859 et, après une brève visite à Montréal, il s’établit sur la Stromness Farm, à Saanich, dans l’Île-de-Vancouver.
Il semble que le nom de la femme de Yale n’ait été inscrit sur aucun registre. Les Yale eurent trois filles ; l’une d’elles épousa un fils de sir George Simpson. Personnalité fort estimée, Yale était connu sous le nom de « Little Yale » à cause de sa petite taille, au sujet de laquelle il était assez susceptible. L’agent principal James Douglas, son supérieur dans la compagnie qui était d’une haute stature, prenait un malin plaisir à se placer à côté de Yale et à observer sa déconvenue. Dans son célèbre « Character Book », le gouverneur Simpson consacre un paragraphe à Yale : « C’est un homme très petit, vif, actif, sage mais plein d’ardeur et courageux comme un lion. Il manque d’instruction mais traite les Indiens avec habileté et savoir-faire et, en dépit de sa très petite taille, inspire la crainte et le respect beaucoup plus que certains de nos hommes de six pieds. »
HBC Arch. A.34/2.— HBRS, I (Rich) : 473s. ; X (Rich).— Fort Langley correspondence, R. L. Reid, édit., BCHQ, I (1937) : 187–194.— R. L. Reid, Early days at old Fort Langley : economic beginnings in British Columbia, BCHQ, I (1937) : 71–85.
W. Kaye Lamb, « YALE, JAMES MURRAY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/yale_james_murray_10F.html.
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Auteur de l'article: | W. Kaye Lamb |
Titre de l'article: | YALE, JAMES MURRAY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |