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CRAMP, THOMAS, marchand et propriétaire de navires, né en avril 1827 dans l’île de Thanet, Angleterre, fils du révérend John Mockett Cramp, ministre baptiste, et d’Anne Burls ; le 21 janvier 1866, il épousa, à Montréal, Marianne Dunn, et ils eurent un fils et une fille ; décédé dans cette ville le 18 février 1885.
Thomas Cramp grandit à St Peter’s (St Peter Extra), dans l’île de Thanet, où son grand-père était ministre baptiste et fermier. En avril 1844, son père venant d’être nommé directeur du Canada Baptist College à Montréal, Cramp s’embarqua avec sa famille pour le Canada. Peu de temps après son arrivée, il entra au service de la firme de vente aux enchères et de courtage John Leeming and Company et, plus tard, de la John Torrance and Company, spécialisée dans l’affrètement de navires, l’importation de the, la vente de produits de consommation courante et de « marchandises générales ». Lorsque John Torrance* prit sa retraite en 1853, son neveu David Torrance* lui succéda ; la compétence de Cramp en fit un des associés de la firme, désormais connue sous le nom de David Torrance and Company, et dans les années 1870 c’est lui qui la dirigeait dans une large mesure. On ouvrit à Toronto, en 1870, une entreprise connexe, la Cramp, Torrances and Company, dont faisaient partie Cramp et les fils de David Torrance, soit John à Montréal et David à Toronto ; ce dernier fut remplacé en 1873 par un de ses frères, George William. L’établissement de Toronto fit l’acquisition d’un vaste entrepôt et effectua des ventes totalisant près de $1 000 000 en 1872.
À l’instar des principaux marchands de Montréal au milieu du xixe siècle, Cramp participa à la constitution en sociétés commerciales d’un bon nombre de compagnies, en collaboration avec ses associés et d’autres hauts personnages montréalais, tels Luther Hamilton Holton*, Hugh Allan, Edwin Atwater*, John Young* et Charles John Brydges. Les compagnies formées comprenaient la Compagnie canadienne de navigation à vapeur de l’intérieur, en 1857, la Compagnie du terminus du chemin de fer de Montréal et la Compagnie hydraulique et des docks de Montréal, en 1861, la Compagnie des consommateurs de gaz de la cité et du district de Montréal, en 1874, et son entreprise là plus lointaine, la Compagnie du pont de l’Assiniboine (dans le but de jeter un pont sur la rivière Rouge, au Manitoba), en 1880. Malheureusement, plusieurs d’entre elles furent à peine rentables. Cramp siégea simultanément au conseil d’administration de certaines de ces compagnies, tout comme au conseil de la Compagnie de garantie du Canada, de la Liverpool, London and Globe Insurance Company, de la Banque d’union du Canada, de la Kingston and Montréal Forwarding Company, de la North Western Colonization Company et, surtout, de la Banque Molson dont il fut un des administrateurs de 1872 à 1876. Il acquit également des biens immobiliers, devenant propriétaire d’une vaste résidence, rue Saint-Urbain nord, de terrains, rues Dorchester et Saint-Catherine, d’un pâté de magasins en brique et de neuf terrains pour villas.
Intéressé bien sûr à améliorer les installations commerciales de la ville, Cramp fut un membre actif du Bureau de commerce et fit souvent partie de son conseil d’administration ou de son conseil d’arbitrage, à partir des années 1850 jusqu’à sa mort ; il en fut élu président en 1863. Membre de la Commission du havre de Montréal en 1860 et en 1861, de 1863 à 1866 et de 1874 à 1879, il succéda en qualité de président à John Young quand celui-ci mourut en 1878, mais il ne fut pas nommé de nouveau par le gouvernement de sir John Alexander Macdonald* en 1879 parce qu’il était un libéral convaincu [V. Andrew Robertson]. De 1882 jusqu’à son décès, il joua un rôle actif au sein de l’Association de la halle au blé de Montréal (Corn Exchange) où il entama des réformes indispensables.
L’activité charitable de Cramp égalait en diversité et en étendue ses intérêts dans les affaires. Il collabora à la reconnaissance juridique de la Société de bibliothèque de Montréal, en 1859, et de l’Institution protestante pour les sourds-muets et les aveugles, dix ans plus tard [V. Joseph Mackay]. Administrateur à vie et un des responsables de la constitution juridique du Western Hospital de Montréal en 1874, qui avait des relations avec le Bishop’s College, il s’occupa de plus du Boys’ Home of Montréal, fondé en 1870. Son épouse s’intéressa aussi à de nombreuses œuvres de charité.
À la mort de David Torrance en 1876, Cramp devint président de la David Torrance and Company, évaluée à environ $500 000, à Montréal, et à $100 000, à Toronto. L’entreprise avait connu, les années précédentes, des ennuis reliés en partie à la dépression économique et sa réorganisation après la mort de Torrance posa des problèmes car ni Cramp ni les fils de Torrance ne possédaient de capitaux considérables. Les difficultés venaient aussi de la participation sur une grande échelle de la firme à la Mississippi and Dominion Steamship Company, fondée en 1870 pour faire du commerce avec Liverpool, en Angleterre, à partir de Montréal en été et de La Nouvelle-Orléans en hiver. On abandonna bientôt le trajet de La Nouvelle-Orléans, et la firme devint la Dominion Steamship Company Ltd, mais la dépression, les tarifs concurrentiels et une suite d’accidents placèrent l’entreprise dans une situation précaire.
À la mort subite de Cramp, des suites d’une infection à la gorge, on dut vendre sa maison évaluée à $15 000 pour payer les dettes. John Torrance lui succéda à la présidence de la David Torrance and Company qu’on exploita encore pendant de nombreuses années. La Dominion Steamship Company Ltd fut vendue en 1894, et les actions rapportèrent moins du dixième de leur prix initial.
Homme populaire à Montréal, Cramp contribua à la constitution en sociétés du Club St James en 1858 et du Club de Montréal en 1866 ; en 1881, avec des personnalités importantes de Montréal, telles Honoré Mercier* et Raymond Préfontaine*, il érigea en société le Club de réforme de Montréal. Il se fit anglican et fut un des fidèles et des bienfaiteurs de l’église St Martin. Les hommes d’affaires le considéraient comme une personne respectant ses engagements, et son caractère égal fut un atout précieux lors de négociations difficiles. Sa carrière illustre comment un jeune Anglais de talent pouvait faire son chemin dans le monde commercial de Montréal dans la seconde moitié du xixe siècle.
Arch. privées, T. B. Cramp (Montréal), papiers de la famille Cramp.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 5 : 361 ; 7 : 188 ; 27 : 249–260.— Canada, Statuts, mars-août 1873, c.109 ;1874, c.90 ;1880, c.61.— Canada, prov. du, Statuts, 1857, c.169, 178 ; 1859, c.120 ; 1861, c.82, 96.— Québec, Statuts, 1869, c.89 ; 1871, c.36 ; 1873–1874, c.40, 53 ; 1878, c.42 ; 1880, c.90 ; 1881, c.58.— Gazette, 19 févr. 1885.— Montreal Daily Witness, 21 févr. 1885.— Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, 19 févr. 1885.— Times (Montréal), 18 févr. 1885.— Dominion annual register, 1885 : 253s.— T. A. Higgins, The life of John Mockett Cramp, D.D., 1796–1881, [...] (Montréal, 1887), 381–396.
Frederick H. Armstrong, « CRAMP, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cramp_thomas_11F.html.
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Auteur de l'article: | Frederick H. Armstrong |
Titre de l'article: | CRAMP, THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 5 déc. 2024 |