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KITTSON, NORMAN WOLFRED, trafiquant de fourrures, marchand, propriétaire de bateaux à vapeur et entrepreneur, né le 5 mars 1814, à Chambly, Bas-Canada, fils de George Kittson et de Nancy Tucker ; il épousa Élise Marion, Métisse de Saint-Boniface (Manitoba) ; décédé le 10 mai 1888, alors qu’il était en route vers St Paul, Minnesota.
Norman Wolfred Kittson fit ses études à l’école secondaire de William Henry (Sorel, Québec). Il fut attiré par la traite des fourrures à cause des histoires qu’il entendit raconter par les trafiquants, dont Alexander Henry* l’aîné, qui avait fait ce commerce chez les Indiens dans la région de la rivière Saskatchewan. Kittson entra au service de l’American Fur Company en 1830, comme apprenti, et ne tarda pas à fréquenter Henry Hastings Sibley, un des principaux commis de la compagnie dans la région qui allait devenir l’état du Minnesota. En 1843, bien qu’il conservât ses liens avec Sibley et la compagnie pendant encore dix ans, Kittson acquit beaucoup d’autonomie et fit de Pembina (Dakota du Nord) le quartier général de son exploitation. Il se trouva bientôt en concurrence avec la Hudson’s Bay Company dans la traite des fourrures de la vallée de la rivière Rouge.
Le succès de Kittson à Pembina, à 70 milles au sud de la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), constituait une menace pour le monopole commercial de la Hudson’s Bay Company dans cette vallée et lui permit de contribuer d’une façon marquante à introduire le commerce libre dans la colonie en 1849 [V. Pierre-Guillaume Sayer*]. Andrew McDermot et James Sinclair* comptaient parmi les trafiquants indépendants les plus importants dont il obtenait des fourrures à la Rivière-Rouge. Grâce à sa femme, Kittson s’attacha étroitement aux Métis de la colonie et, au début des années 1850, il les engageait habituellement comme convoyeurs (tripmen) pour charger de fourrures et de robes de bison ses charrettes à la Rivière-Rouge et les conduire à St Paul, puis en revenir avec des approvisionnements pour lui-même à Pembina et pour la colonie de la Rivière-Rouge.
Entre 1852 et 1855, Kittson fut membre du Conseil législatif du Territoire du Minnesota pour le district de Pembina. Il déménagea de Pembina à St Paul en 1854, et devint l’un des hommes d’affaires influents de la ville, détenant un grand nombre d’actions dans l’immeuble et effectuant des investissements considérables. En 1858 et 1859, il fut maire de la ville. « Bel homme, vif », « habillé avec élégance » et « d’une nature bienveillante », Kittson fit siennes les aspirations de la ville de St Paul à devenir métropole et s’engagea dans le développement de l’arrière-pays situé au nord-ouest de la ville, dont, selon lui, faisait partie la région de la rivière Rouge. En 1856, il ouvrit un « magasin général » à Saint-Boniface, ce qui constituait un signe de la réalité du commerce libre et de l’intérêt que prenaient les hommes d’affaires de St Paul pour la région. L’année suivante, avec d’autres marchands, il expédia de la colonie de la Rivière-Rouge à destination de St Paul des fourrures d’une valeur de plus de $120 000. Bien qu’il vendît son établissement de Saint-Boniface en 1861, Kittson continua d’importer des fourrures de la colonie et de lui fournir des approvisionnements.
Le transport entre St Paul et la colonie de la Rivière-Rouge avait grand besoin d’être amélioré et, en 1858 et 1859, en tant qu’un des principaux entrepreneurs de St Paul, Kittson contribua à la création d’un service de bateaux à vapeur sur la rivière Rouge. Au cours de cette dernière année, le gouverneur de la Hudson’s Bay Company, sir George Simpson*, décrivit Kittson comme « le trafiquant le plus respectable et possédant la plus vaste entreprise parmi les Américains faisant affaires à la Rivière-Rouge ». Le successeur de Simpson, Alexander Grant Dallas, changea « l’adversaire [qu’était Kittson] en un allié » ; comme la Hudson’s Bay Company se servait de la route passant par St Paul pour faire du transport de marchandises depuis quelques années, Dallas le nomma, en 1862, agent expéditionnaire à St Paul et à Georgetown (Minnesota), lieu où la rivière Rouge commençait à être navigable. Kittson conserva le poste d’agent le reste de la décennie, et la Hudson’s Bay Company tira avantage de sa vaste expérience. Il coordonnait l’importation des marchandises de traite en provenance d’Angleterre et l’exportation des fourrures par convois de charrettes entre St Paul et Georgetown, et par l’International, bateau à vapeur de la compagnie, entre Georgetown et la colonie de la Rivière-Rouge. On utilisait souvent les charrettes de la Rivière-Rouge sur tout le trajet, car il arrivait fréquemment que le niveau de l’eau de la rivière ne permît pas le passage d’un bateau à vapeur.
En 1872, deux ans après la création de la province du Manitoba, Kittson se joignit à un concurrent, James Jerome Hill, de St Paul, pour mettre sur pied une compagnie de bateaux à vapeur, la Red River Transportation Company, dans laquelle il avait déjà investi $75 000 en 1873. Cette compagnie, dirigée par Kittson, mais administrée en réalité par Hill, comptait cinq bateaux à vapeur. Le monopole qu’elle détint sur la rivière Rouge pendant les années 1870 dans le transport des immigrants et des approvisionnements à destination de Winnipeg et des fermes du sud du Manitoba en fit un facteur important de la mise en valeur de la région.
Kittson réalisa sa dernière entreprise d’envergure en 1879, au moment où sa santé était chancelante. En collaboration avec Hill, George Stephen*, de la Banque de Montréal, et Donald Alexander Smith*, de la Hudson’s Bay Company, il acheta la St Paul and Pacific Railroad, la réorganisa et en fit la St Paul, Minneapolis and Manitoba Railway. Cette compagnie fournissait la première voie de communication par chemin de fer entre Saint-Boniface et St Paul. Au cours d’une rencontre avec Stephen à Montréal, en 1877, Kittson avait exprimé la certitude qu’il avait du succès du chemin de fer : « La colonisation de la vallée de la rivière Rouge, tant au Minnesota qu’au Manitoba, s’est faite très rapidement ces deux dernières années, et la mise en valeur précoce de cette région, accompagnée de l’augmentation du trafic en provenance des monts Black et du haut Missouri, feront de ce chemin de fer une des routes les plus rentables de ce pays. » La confiance de Kittson dans cette entreprise se trouva justifiée puisqu’en 1881, au moment où il vendit toutes ses actions dans la compagnie, il était un homme riche.
Agent de transport actif toute sa vie ou presque, Kittson mourut le 10 mai 1888 dans une couchette du bas, à bord d’un train de la ligne Chicago and Northwestern qui filait dans la nuit en direction de St Paul.
PAM, HBCA, A.12/10, 16 mai, 21 juin 1859 ; A.12/42, 1er juill., 23 août 1861 ; A.12/43, 28 mai 1862 ; A.12/45, 24 août 1869 ; D.9/1, 2 juin 1867.— Manitoba Daily Free Press, 11 mai 1888.— Nor’Wester, 15 mars, 1er avril 1861, 28 mai 1862.— DAB.— A. C. Gluek, Minnesota and the manifest destiny of the Canadian north-west : a study in Canadian-American relations (Toronto, 1965).— Albro Martin, James J. Hill and the opening of the northwest (New York, 1976).— Morton, Manitoba (1967).— C. W. Rife, « Norman W. Kittson, a fur-trader at Pembina », Minnesota Hist. (St Paul, Minn.), 6 (1925) : 225–252.
Henry C. Klassen, « KITTSON, NORMAN WOLFRED », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/kittson_norman_wolfred_11F.html.
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Auteur de l'article: | Henry C. Klassen |
Titre de l'article: | KITTSON, NORMAN WOLFRED |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 12 déc. 2024 |