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PASKWĀW (Pasquah, Pisqua, The Plain, Les Prairies, littéralement « c’est une prairie »), Cri des Plaines et chef d’une bande de Sauteux des Plaines, né vers 1828, décédé le 15 mars 1889 dans sa réserve, près du fort Qu’Appelle (Fort Qu’Appelle, Saskatchewan).
Paskwāw était, à ce qu’on dit, le fils de Mahkesīs (Mahkaysis), éminent chef des Cris des Plaines qui mourut en 1872. Avant 1874, Paskwāw et sa bande vivaient près du lac Leech (Saskatchewan) où ils avaient quelques maisons, des jardins et un petit troupeau de bestiaux. S’ils faisaient des efforts peu communs, quoique encore assez timides, pour cultiver la terre, les membres de la bande comptaient avant tout sur la chasse au bison, le menu gibier et le poisson pour assurer leur subsistance.
Au fort Qu’Appelle, en septembre 1874, Paskwāw assista aux négociations du traité no 4 qui rassemblèrent tous les Indiens des Plaines de l’actuelle région méridionale de la Saskatchewan. Selon les dispositions de ce traité, les Indiens cédaient tous leurs droits sur les terres de la région et promettaient de se soumettre aux lois canadiennes. En retour, ils obtenaient une gratification de $7 et une rente annuelle de $5 pour chaque membre de la bande, ainsi que $15 pour chaque sous-chef et $25 pour chaque chef. On leur promettait une réserve d’un mille carré par cinq Indiens, le maintien d’une école dans chaque réserve, certains instruments aratoires, du bétail et d’autres avantages. En plus d’une médaille commémorant le traité, chaque chef et chaque sous-chef devait recevoir, tous les trois ans, un costume. Les comptes rendus des pourparlers ne font état de l’intervention de Paskwāw que sur un point, à savoir la vente de Rupert’s Land au Canada par la Hudson’s Bay Company. Il soutenait que le territoire appartenait aux Indiens et que ceux-ci auraient dû toucher la somme de £300 000 qui avait été versée à la compagnie. Les représentants du Canada [V. Alexander Morris] refusèrent carrément d’étudier ce point de vue et Paskwāw signa tout de même le traité.
L’année suivante, les fonctionnaires du département des Affaires indiennes revinrent au fort Qu’Appelle en vue de payer les rentes et de distribuer certains des articles qui étaient dus aux Indiens en vertu du traité. Ils constatèrent que seule la bande de Paskwāw était prête à recevoir son bétail. Le chef exprima alors le désir que sa réserve fût située au lac Leech, où la bande séjournait. On ordonna à l’arpenteur William Wagner* d’établir les limites du terrain désigné, mais Paskwāw se mit à hésiter. Il demeura près du fort Qu’Appelle et chercha à convaincre les autres chefs de s’opposer tout comme lui à ce que l’on fit l’arpentage de leurs réserves. Il craignait, semble-t-il, que le fait de permettre l’arpentage d’un terrain pour sa bande ne constituât un acte de soumission à la domination des Blancs. En 1876, Angus McKay*, agent des Affaires indiennes, parvint cependant à le persuader de laisser Wagner délimiter une réserve de 57 milles carrés à cinq milles environ à l’ouest du fort Qu’Appelle.
Paskwāw s’installa dans cette réserve avec sa bande, mais il ne renonça pas à ses manœuvres. Au printemps de 1878, il se rendit à Winnipeg afin de rencontrer le lieutenant-gouverneur du Manitoba, Joseph-Édouard Cauchon. Le chef se plaignit de ce qu’il n’avait pas reçu la nourriture et les matériaux de construction qu’on lui avait promis. En outre, il affirma que les Indiens des Plaines étaient très agités et que les autorités gouvernementales pouvaient remédier à cette situation en lui fournissant assez de nourriture et de tabac pour organiser à l’intention de ces Indiens une grande fête, au cours de laquelle il parlerait en faveur de la politique du gouvernement canadien. Les fonctionnaires du département des Affaires indiennes estimèrent que Paskwāw cherchait de cette façon à accroître son prestige auprès des autres bandes et ils nièrent que des vivres ou des matériaux de construction lui eussent été promis. En 1882, Paskwāw prit la tête d’un mouvement des Indiens de la région qui protestaient contre le fait que le gouvernement payait les rentes à la réserve de chaque bande plutôt qu’à une assemblée tenue en masse au fort Qu’Appelle. Les représentants du département prétendirent que les Indiens désiraient toucher leurs rentes au cours de vastes réunions pour être en mesure d’intimider les fonctionnaires, qui étaient peu nombreux, et de les forcer à distribuer plus de provisions et à prendre plus d’engagements que le gouvernement ne le souhaitait. Paskwāw annonça d’abord son intention de ne pas accepter l’argent qu’on lui offrait, mais il changea vite d’avis quand il se rendit compte qu’il n’obtiendrait pas l’appui de sa propre bande.
Lorsque le chef Piapot [Payipwat*] revint des monts Cypress en 1883 et mena une campagne en vue d’obtenir de meilleures conditions pour les Indiens concernés par le traité no 4, le district du fort Qu’Appelle connut de nouvelles tensions. Il semble que Paskwāw était en faveur de la campagne de Piapot, mais il ne le déclara pas ouvertement parce qu’il ne pouvait compter que sur le gouvernement pour obtenir de quoi éviter la famine. Au printemps de 1884, un faux rapport faisant état d’une bagarre entre la Police à cheval du Nord-Ouest et un groupe de la bande de Piapot incita les membres de la bande de Paskwāw à prendre en toute hâte des dispositions pour livrer une lutte armée aux autorités. Cet incident mis à part, la bande de Paskwāw ne causa guère d’inquiétude aux fonctionnaires du département des Affaires indiennes au cours des mois difficiles qui précédèrent la rébellion du Nord-Ouest. Lorsque le soulèvement éclata, au printemps de 1885 [V. Louis Riel], Paskwāw et le chef Maskawpistam (Muscowpetung) de la réserve voisine envoyèrent au premier ministre du Canada, sir John Alexander Macdonald*, un télégramme dans lequel ils affirmaient leur loyauté et dénonçaient ceux qui se révoltaient au nord. Ce dernier lut le télégramme à la chambre des Communes et promit aux chefs, en retour, qu’ils seraient bien traités.
Paskwāw succomba à la tuberculose le 15 mars 1889, après avoir souffert de cette maladie durant plusieurs années. John Bean Lash, agent des Affaires indiennes qui croyait que le système tribal était une entrave à l’évolution des Indiens, parvint à empêcher la nomination d’un autre chef à la place du disparu. Malgré la réputation dont jouissait son père putatif, Mahkesīs, Paskwāw exerça peu d’influence hors de sa bande. Bien connu pour ses intrigues, il ne réussit qu’à ennuyer, et non à inquiéter, le gouvernement canadien. Contrairement aux actions entreprises par d’autres chefs, notamment par Gros Ours [Mistahimaskwa], ses protestations étaient peu clairvoyantes et ses demandes généralement futiles.
APC, RG 10, B3, 3 582, file 889 ; 3 584, file 1 130/3A ; 3 602, file 1 760 ; 3 612, file 4 012 ; 3 613, file 4 013 ; 3 625, file 5 489 ; 3 632, file 6 418 ; 3 642, file 7 581 ; 3 654, file 8 904 ; 3 665, file 10 094 ; 3 672, file 10 853/1 ; 3 682, file 12 667 ; 3 686, file 13 168 ; 3 745, file 29 506/4/1 ; 3 761, file 32 248 ; 3 815, file 56 405 ; 3 875, file 90 299.— Canada, chambre des Communes, Debates, 23 avril 1885 ; Parl., Sessional papers, 1877, VII, no 11 ; 1884, III, no 4 ; 1885, III, no 3 ; 1890, X, no 12.— [James Carnegie], comte de Southesk, Saskatchewan and the Rocky Mountains [...] (Toronto et Édimbourg, 1875 ; réimpr., Edmonton, 1969).
Kenneth J. Tyler, « PASKWĀW (Pasquah, Pisqua) (The Plain, Les Prairies) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/paskwaw_11F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/paskwaw_11F.html |
Auteur de l'article: | Kenneth J. Tyler |
Titre de l'article: | PASKWĀW (Pasquah, Pisqua) (The Plain, Les Prairies) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 1 déc. 2024 |