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ROBERTSON, ANDREW, homme d’affaires et fonctionnaire, né le 18 juin 1827 à Paisley, Écosse, fils d’Alexander Robertson et de Grant Stuart Macdonald ; le 19 avril 1850, il épousa Agnes Bow à Glasgow, Écosse, et ils eurent dix enfants ; décédé le 29 mars 1890 à Montréal.
Andrew Robertson fit des études classiques à la Paisley Grammar School et apprit ensuite le métier de tisserand. En 1840, il déménagea à Glasgow et travailla dans un magasin de « marchandises sèches » pendant quatre ans. À ce moment-là, il s’engagea dans une entreprise industrielle où il réussit si bien qu’il en devint associé en 1848. Cinq ans plus tard, obéissant aux conseils de son médecin, il immigra avec son épouse et ses deux enfants à Montréal. Il y travailla pour une entreprise de marchandises sèches, la Brown and Swan, pendant deux ans et, plus tard, en 1855 ou 1856, il fonda la maison Andrew Robertson and Company, dont la spécialité était les tissus vendus à la verge. Au début des années 1860, Robertson bâtit l’Auburn Woolen Mill à Peterborough, Haut-Canada, qui produisait du tweed canadien ; il vendit cette filature en 1867 afin d’acheter le magasin en gros de marchandises sèches de George Stephen*, à Montréal. Le plus jeune frère de Stephen, Francis, se joignit à Robertson dans la Robertson, Stephen and Company et, en 1874, Robert Linton s’y associa également. Robertson se retira des affaires en 1885 et, à sa mort, cinq ans plus tard, il laissait des biens évalués à une somme variant entre $350 000 et $400 000. En 1891, Linton acquit des héritiers de Robertson leur part dans l’entreprise.
Robertson passait pour un homme progressiste, charitable et dévoué au bien public. Peu de temps après son arrivée à Montréal, il acheta et donna le terrain sur lequel on bâtit l’église presbytérienne Erskine, pour la communauté dont il fut membre jusqu’à sa mort. Il agit, à deux reprises, à titre de président de la Société Saint-André de Montréal dans les années 1860, et il appartenait au Club St James. Il servit dans la milice pendant la guerre de Sécession, et il fut lieutenant en premier et quartier-maître de la Montreal Light Infantry. On le nommera juge de paix en 1884. En 1872, il devint membre du conseil d’administration du Montreal General Hospital, remplissant par la suite les charges de trésorier, vice-président et président de cet établissement, à qui il légua finalement $5 000. Robertson occupa aussi la présidence du Bureau de commerce de Montréal en 1876 et 1877, et de la Chambre de commerce de la Puissance en 1876. Premier président de l’Association des commis voyageurs du Canada, en 1874, Robertson servit aussi à titre de président de la Compagnie d’assurance royale canadienne, de 1876 à 1890, et de la Compagnie canadienne de téléphone Bell, dès la fondation de la compagnie, en 1880, jusqu’à sa mort. Il fut aussi associé de près à Andrew Allan* et à Alexander Walker Ogilvie* lors de l’établissement de la Citizens’ Gas Company qui, au début des années 1880, essaya, sans succès, de s’attaquer à la puissante Compagnie de gaz de Montréal. En 1881, Robertson fit un voyage en Colombie-Britannique avec sir Charles Tupper* qui le qualifia de « prince marchand ». Ils devaient rendre compte de la possibilité pour la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique de construire une ligne entre Victoria et Nanaimo. Malgré la recommandation de Robertson, la compagnie n’en fit rien.
Sir John Alexander Macdonald* reprit le pouvoir en 1878, et, l’année suivante, il désigna Robertson, partisan conservateur, à la Commission du havre de Montréal pour remplacer Thomas Cramp, nommé par les libéraux. Ses collègues à la commission l’élurent peu après président, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort ; Henry Bulmer lui succédera. Les revenus de la commission, qui relevait du gouvernement fédéral, provenaient des frais de mise à bord, d’expédition et de manutention, mais, sous la présidence de Robertson, la commission dut assurer une dette énorme, en raison des améliorations antérieures effectuées au port et aussi de l’approfondissement de la voie maritime entre Québec et Montréal. Par exemple, en 1887, les intérêts sur la dette de la commission s’élevaient à plus de $220 000. De 1881 à 1887 (à l’exception de 1882), la commission connut des déficits annuels oscillant entre $14 000 et $60 000 ; par conséquent, il fut difficile d’effectuer d’autres améliorations essentielles. En même temps, Robertson eut à faire face aux pressions afin de garder à Montréal une place compétitive par rapport aux ports américains, en creusant le port et le chenal, en créant des emplacements de mouillage additionnels par le prolongement des quais et par la construction de nouvelles jetées. Les usagers du port demandèrent aussi la réduction des frais de mise à bord mais, comme les améliorations indispensables ne pouvaient être financées que par les revenus de la commission, Robertson ne put leur accorder que de minimes réductions. Finalement, en 1888, malgré l’opposition dans le pays, spécialement à Québec, le gouvernement fédéral assuma les obligations de la commission concernant le chenal, lui permettant ainsi de poursuivre les améliorations.
Robertson s’inquiéta particulièrement des souffrances et des dommages causés par les inondations que subirent de larges quartiers de Montréal en 1885, 1886 et 1887. Même si, de tout temps, les inondations avaient créé de sérieux problèmes à la ville, il était généralement admis, dans le milieu des années 1880, que la situation était devenue intolérable. Robertson joua un rôle important dans les négociations entre les commissaires du havre, le gouvernement fédéral, la ville de Montréal, le Grand Tronc et la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, le Bureau de commerce de Montréal et quelques groupes privés, qui avaient tout intérêt à régler le problème des inondations. Le dernier plan recommandait de construire une jetée pour protéger des glaces la partie de la ville longeant le fleuve, d’élever les quais au-dessus du niveau du fleuve à marée haute et d’améliorer les installations ferroviaires et portuaires. On en arriva à un accord, mais les travaux n’étaient pas encore commencés à la mort de Robertson.
Andrew Robertson avait une personnalité moins colorée et moins controversée que celle de John Young*, un compatriote écossais et son prédécesseur bien connu à la Commission du havre de Montréal. En tant qu’homme d’affaires qui a bien réussi et qui participa entièrement à la vie commerciale et sociale de la ville, ses réalisations furent importantes, mais il a surtout donné sa pleine mesure comme président de la commission du havre. Sans aucun doute, sa réputation d’intégrité et ses nombreux contacts constituèrent de sérieux atouts dans les négociations qui aboutirent à la prise en charge de la dette du chenal par le gouvernement fédéral. Cette étape nécessaire permit à la commission d’entreprendre des travaux importants en vue de maîtriser les inondations et de fournir des services adéquats pour les besoins croissants du port de Montréal.
Andrew Robertson est l’auteur de Montreal a free port [...] ([Montréal], 1880) et de Statement made by Mr. Andrew Robertson, chairman, harbour commissioners, Montreal, on the business of the port for the year 1886 [...] ([Montréal], 1887).
Conseil des ports nationaux (Montréal), Arch. du port de Montréal, Commission du havre de Montréal, Letterbooks, 1879–1890 ; Minute books, 1879–1890.— Harbour Commissioners of Montreal, Annual reports (Montréal), 1879–1890.— Charles Tupper, Recollections of sixty years (Toronto, 1914).— Borthwick, Hist. and biog. gazetteer.— Terrill, Chronology of Montreal.— Atherton, Montreal, II–III.— Rumilly, Hist. de Montréal, III.
D. Suzanne Cross, « ROBERTSON, ANDREW (1827-1890) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_andrew_1827_1890_11F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_andrew_1827_1890_11F.html |
Auteur de l'article: | D. Suzanne Cross |
Titre de l'article: | ROBERTSON, ANDREW (1827-1890) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |