SAWYER, WILLIAM, portraitiste et photographe, né à Montréal le 9 novembre 1820, fils de John Sawyer et d’Agnes Brown ; le 18 novembre 1851, il épousa Eliza Jane Baxter, et ils eurent dix enfants ; décédé le 9 décembre 1889 à Kingston, Ontario.

Après avoir envisagé d’embrasser la carrière du droit, William Sawyer entreprit de devenir peintre, métier qui, dans le Canada du xixe siècle, ne promettait guère de sécurité matérielle. Il reçut sa formation artistique initiale à Montréal ; ses premières œuvres consistèrent en tableaux de genre et paysages, semblables à ceux de Cornelius Krieghoff* et de ses contemporains, ainsi qu’en portraits. Au milieu des années 1840, établi dans un studio à Montréal, il s’y trouvait en quête de commandes de portraits que pouvaient lui passer des notables. Bien que son manque d’expérience l’amenât à maintenir des prix peu élevés, il trouva peu de travail dans cette ville et se fit portraitiste itinérant. Il voyagea beaucoup le long de la côte nord du lac Ontario et se rendit jusqu’à Toronto, s’arrêtant et séjournant à Morrisburg, à Brockville, à Kingston, à Belleville, à Bowmanville et à Port Hope à la recherche de commandes de portraits d’hommes d’affaires et d’avocats dans ces centres commerciaux prospères du bord du lac qui s’avéraient des pôles de développement de l’arrière-pays.

En 1851, l’année de son mariage, Sawyer fit un court voyage d’études à New York, en compagnie de son épouse, avant de retourner à Kingston en mai 1852. Le jeune couple déménagea à Montréal et y demeura jusqu’en 1855, année où il s’installa définitivement à Kingston. Pendant tout ce temps, Sawyer continua de se rendre dans des villes aussi éloignées les unes des autres qu’Ottawa, Watertown, état de New York, et Peterborough, Haut-Canada. Sawyer connut assez de succès en 1862 pour se rendre en Écosse, en Angleterre, en France et en Belgique en vue de visiter des galeries d’art où il put admirer les œuvres des portraitistes les plus célèbres. À son retour, il partagea son temps entre Kingston et Montréal ; dans cette dernière ville, il ouvrit, en association avec Edwin R. Turner, un studio de peinture et de photographie dans lequel il remplissait à la fois les fonctions de peintre et de photographe. À cet égard, il se trouva engagé dans la controverse concernant l’utilisation de la photographie dans l’exécution d’un portrait, et se montra favorable à cette pratique tant que la photographie ne tenait lieu que de croquis. En 1863, la réputation considérable de Sawyer lui attira une commande en vue de faire le portrait de John Alexander Macdonald* pour l’hôtel de ville de Kingston où l’on trouvait déjà plusieurs des portraits de maires que l’artiste avait exécutés. Trois orateurs (présidents) du sénat engagèrent aussi Sawyer afin que celui-ci peigne leur portrait pour la bibliothèque du parlement, et sir William Edmond Logan*, William Molson*, Charles Tupper*, William Workman* ainsi que les sénateurs Frank Smith* et Robert Duncan Wilmot* en firent autant.

Comme c’était souvent l’usage, Sawyer jugea nécessaire d’augmenter ses revenus. Il peignit des motifs décoratifs pour Thomas Robinson, peintre d’ornements local bien établi, donna des leçons de peinture, fit de la photographie et envoya ses œuvres dans des expositions où il gagna souvent des prix en argent. Au début de sa carrière, il fit énergiquement de la réclame pour ses œuvres au moyen d’expositions, de publicité et d’articles dans les journaux, particulièrement à Montréal. Il fut aussi l’un des premiers instigateurs de la fondation d’une galerie nationale de portraits. En 1847, en compagnie de Krieghoff et de plusieurs autres artistes, il prit part à une exposition de la Société des artistes de Montréal ; en 1867, il exposa à la Société des artistes canadiens à Montréal et, en 1872, il envoya des œuvres à la première exposition de l’Ontario Society of Artists, à Toronto.

Les portraits de Sawyer font montre d’habileté sans s’élever au-dessus du commun et illustrent par leurs qualités visuelles l’influence de la photographie à l’époque. Ses personnages sont robustes et conformes à la réalité, qualités qu’exigeaient les sujets de ces portraits en ce Canada du xixe siècle, préoccupés qu’ils étaient de la mise en valeur de leur position au sein de leur communauté. En vérité, Sawyer se considérait lui-même du même oeil, comme un personnage bien établi et d’une grande réputation, et l’estime que lui témoignaient les gens avec qui il vivait et travaillait corroborait ce point de vue.

Michael Bell

À Kingston, Ontario, l’hôtel de ville ainsi que l’Agnes Etherington Art Centre, Queen’s Univ., conservent des portraits exécutés par William Sawyer. On en trouve également à la Galerie nationale du Canada, aux APC et dans les édifices du parlement, à Ottawa, à l’Art Gallery of Hamilton (Hamilton, Ontario), au musée des beaux-arts de Montréal, à la Winnipeg Art Gallery et dans des collections privées.

W. G. Schram possède une collection de lettres de Sawyer ainsi que des renseignements généalogiques sur lui ; Mme J. C. Wallace, de Kingston, a également en sa possession des renseignements généalogiques sur Sawyer de même que son livre de comptes courants pour les années 1856–1866, son journal de voyage en Europe en 1862 et ses livres de comptes couvrant les années 1882–1889.  [m. b.]

APC, MG 26, A, 358 :166 186–166 189.— Daily British Whig, 10 déc. 1889.— Gazette, 24 janv. 1872.— Harper, Early painters and engravers ; Painting in Canada.

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Michael Bell, « SAWYER, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sawyer_william_11F.html.

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Auteur de l'article:    Michael Bell
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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