YOUNG, sir WILLIAM ALEXANDER GEORGE, officier de marine et administrateur colonial, né vers 1827, fils du capitaine William Young de la marine royale ; le 20 mars 1858, il épousa Cecilia Eliza Cowan Cameron, belle-fille du juge en chef David Cameron* et nièce du gouverneur James Douglas*, et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé le 25 avril 1885 à Accra, Côte de l’Or (Ghâna).

En 1841, William Alexander George Young suivit les traces de son père et s’engagea dans la marine royale. Garçon manifestement précoce, il fut promu au rang de commis aux écritures en 1845 et exerça, dans les dix ans qui suivirent, les fonctions de commissaire-payeur, de commissaire du bord et de secrétaire de deux commodores. Nommé capitaine en février 1855 et décoré pour services rendus dans la mer Baltique pendant la guerre de Crimée, Young était très apprécié par son commandant, ce qui lui valut sans nul doute en grande partie d’être engagé par le ministère des Affaires étrangères comme secrétaire de la British Boundary Commission dans le Territoire de New Caledonia (Colombie-Britannique).

Young débarqua en cette qualité à Victoria en juin 1857 et participa bientôt à la vie sociale de la ville. Il s’entendit à merveille avec le gouverneur Douglas, dont il épousa la nièce ; à l’été de 1858, il aida le gouverneur à titre non officiel dans le travail de bureau qui abondait en raison de l’arrivée de nombreuses personnes dans la région du fleuve Fraser pendant la ruée vers l’or. Lorsqu’en novembre Douglas ajouta à ses fonctions de gouverneur de la Colombie-Britannique celles de gouverneur de l’Île-de-Vancouver, il eut besoin de quelqu’un pour l’aider dans les affaires pressantes. La situation étant urgente, il détacha Young de la commission de la frontière et le nomma, à titre provisoire, secrétaire colonial de la Colombie-Britannique, nomination qui reçut l’approbation du ministère des Colonies le 3 mars 1859. Young refusa tout d’abord le poste, soutenant que le salaire annuel de £500 était insuffisant, mais Douglas le persuada d’accepter, tout en lui promettant de hausser plus tard son salaire. Après cette nomination, Young continua pendant quelque temps de recevoir un salaire et de la marine et de la commission de la frontière. Il exerça de plus les fonctions de vérificateur des comptes de la Colombie-Britannique et celles de secrétaire colonial de l’Île-de-Vancouver ; en septembre 1859, il écrivait officiellement au nom du gouverneur Douglas, alors absent de l’île.

Sa double fonction de secrétaire colonial de la Colombie-Britannique et de secrétaire colonial intérimaire de l’Île-de-Vancouver conféra à Young une autorité considérable. Bien que n’étant pas doté d’un pouvoir exécutif direct, le secrétaire colonial était le fonctionnaire le plus élevé dans la hiérarchie, agissant comme conseiller officiel du gouverneur et son porte-parole auprès du public. Young s’acquitta de ses responsabilités de façon si efficace qu’il gagna rapidement l’entière confiance de Douglas, lequel comptait énormément sur ses conseils. Dans une déclaration confidentielle au ministre des Colonies, le duc de Newcastle, en février 1863, Douglas loua les « talents marqués [de Young] pour les affaires », son sens des responsabilités et son zèle infatigable ; « ses services ont été inestimables et indispensables pour moi, et personne d’autre ne connaît autant les affaires des deux colonies ou est aussi capable de mettre en application les directives politiques et le système gouvernemental instauré avec tant de succès dans chacune d’elles ».

Dès 1863, Young s’était construit une grande maison non loin de celle de Douglas, dans la baie James, près des nouveaux édifices du Conseil législatif à Victoria. En 1861, le ministère des Colonies, faisant suite aux plaintes formulées par les citoyens de la colonie continentale, avait ordonné aux fonctionnaires de la Colombie-Britannique d’avoir leur résidence dans cette colonie, et seuls Young et Douglas avaient obtenu la permission de demeurer à Victoria. Young comptait au nombre de ses propriétés 25 lots dans la ville de Victoria, un à Nanaimo et 247 acres de terrain à Esquimalt. En conséquence, il investit énormément dans les entreprises de l’île. Young, comme Douglas, fut de plus en plus identifié aux intérêts de Victoria et devint également un membre éminent de ce qu’Amor De Cosmos* appela le « Family-Company Compact » de l’Île-de-Vancouver.

Au début de 1863, le duc de Newcastle décida de séparer complètement les deux colonies en remplaçant Douglas par un gouverneur dans chaque colonie et en donnant à chacune d’entre elles ses propres conseils exécutif et législatif. Young fut contraint de choisir. Il décida de demeurer à Victoria et démissionna le 20 août 1863 de son poste de secrétaire colonial de la colonie continentale, renonçant à un salaire de £800. Dans sa lettre de démission, il demanda que l’on reconnaisse son statut de secrétaire colonial de l’Île-de-Vancouver, mais cette requête ne fut jamais exaucée, et ses fonctions demeurèrent provisoires. À titre de secrétaire colonial intérimaire, il était le fonctionnaire le plus haut placé du Conseil exécutif et du Conseil législatif de l’Île-de-Vancouver ; mais, au lieu de siéger à ce dernier, il essaya (peut-être à la demande de Douglas) de se faire élire dans la circonscription de Victoria où quatre sièges étaient à pourvoir. S’il remportait la victoire, il pourrait jouer le rôle de porte-parole du gouvernement à l’Assemblée, rôle tenu antérieurement par le procureur général George Hunter Cary*. Pendant la campagne électorale, Young s’opposa à l’idée d’un gouvernement responsable, proposa d’apporter des améliorations au port intérieur de Victoria et défendit le maintien de celui-ci comme port libre (toutes des opinions que Douglas soutenait). Amor De Cosmos, qui était candidat dans la même circonscription, attaqua Young dans les journaux, déclarant qu’on « avait eu recours à ses services » pour défendre un gouvernement « irresponsable » et « obstructionniste ». Malgré cela, Young, appuyé par des membres influents de l’establishment commercial de Victoria, se retrouva dans le peloton de tête, l’emportant sur De Cosmos par une faible marge.

Les fonctions de Young au sein de l’Assemblée ne furent pas de tout repos, parce qu’après la retraite de Douglas, annoncée le 14 mars 1864, les habitants de la terre ferme pouvaient en toute liberté exercer des représailles contre Victoria et poursuivre leurs propres visées économiques. Le jour où Douglas annonça qu’il prenait sa retraite, Young demanda un congé d’un an au Conseil exécutif de l’Île-de-Vancouver, alléguant le surmenage et une santé chancelante. Deux mois plus tard, lui et sa famille accompagnèrent Douglas en Angleterre. Pendant que Douglas visitait des parents en Écosse et faisait un tour sur le continent, Young se chargea des affaires personnelles de celui-ci, s’occupa de ses investissements et de l’éducation de son fils. Ils s’écrivaient chaque semaine et revinrent ensemble à Victoria en juin 1865.

Durant l’absence de Young, les deux colonies durent faire face à une importante récession économique ; une fois qu’il eut repris ses fonctions au sein du Conseil législatif et du Conseil exécutif, le gouverneur Arthur Edward Kennedy, de l’Île-de-Vancouver, le nomma membre d’une commission d’enquête chargée d’examiner la situation financière de l’île, qui allait rapidement en s’aggravant. Le rapport de la commission réclama une réduction des dépenses dans les travaux publics plutôt que dans la fonction publique et recommanda que soient contractés de nouveaux emprunts pour combler le déficit croissant. Le rapport ne fut pas très bien accueilli par les adversaires du gouvernement qui étaient maintenant partisans de l’union des deux colonies, laquelle aurait pour effet de rendre moins nécessaire le maintien de deux fonctions publiques coûteuses. Young écarta également l’élément de réforme lorsqu’il suggéra d’élever le revenu et le cens d’éligibilité requis pour devenir membre de l’Assemblée à $2 500 et à $3 000 respectivement.

Comme la crise économique s’aggravait, l’Assemblée vota en faveur de l’union à n’importe quelles conditions « qu’il plairait au gouvernement de Sa Majesté d’accorder ». Le 6 août 1866, à la consternation de tous les insulaires, lé parlement impérial abolit le gouvernement de l’Île-de-Vancouver, qui rentra dans la juridiction de la colonie continentale. Le gouverneur Kennedy quitta Victoria le 23 octobre, et Young demeura administrateur jusqu’à ce que le gouverneur de la Colombie-Britannique, Frederick Seymour*, annonce les nouvelles dispositions législatives, le 19 novembre.

L’union signifiait pour Young la perte d’un emploi et le choix de demeurer à Victoria ou de se mettre en quête d’une affectation ailleurs. Bien que Seymour reconnût l’expérience et l’habileté de Young, il se méfiait de lui à cause de ses liens avec Victoria ; toutefois, à la suite du renvoi du trésorier Charles William Franks en janvier 1867, il désigna temporairement Young pour le remplacer et le nomma en juillet secrétaire colonial intérimaire. Il demanda au ministère des Colonies, un peu moins d’un an plus tard, de ne pas reconnaître Young dans ce dernier poste parce qu’il était « tellement mêlé aux affaires de Victoria qu’ [il] ne [pouvait] lui accorder l’entière confiance qu’un gouverneur devrait témoigner à son secrétaire colonial ». Mais, lorsque le ministère des Colonies nomma à sa place Philip James Hankin, Seymour protesta aussitôt qu’il « ne s’était jamais plaint » de Young, qu’il décrivit comme un « fonctionnaire laborieux [et] excellent ». Seymour fit preuve d’une étonnante indépendance en retardant l’installation de Nankin pendant plus de trois mois, jusqu’à la fin de la session du Conseil législatif que présidait Young. Mais le mal était fait. Le 4 mai 1869, Young sollicita du Conseil exécutif un congé d’une année à demi-salaire et le prix de la traversée en Angleterre pour lui et sa famille. Le congé lui fut refusé. Après avoir vendu aux enchères la plupart de leurs biens domestiques, Young et sa famille quittèrent à contrecœur la colonie le 1er juin 1869. Neuf jours plus tard, Seymour mourait subitement.

Young ne reçut jamais de compensation pour la perte de son emploi due à la négligence de Seymour, bien qu’au ministère des Colonies on se rendît compte plus tard de l’injustice dont Young avait été victime. Il fut nommé secrétaire aux Finances de la Jamaïque, recevant le même salaire qu’en Colombie-Britannique ; il fut rapatrié en 1872 en Angleterre après avoir contracté la fièvre jaune. Cinq ans plus tard, il reçut le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges et fut nommé gouverneur de la Côte de l’Or, où il mourut en 1885.

Après Douglas et sir Matthew Baillie Begbie*, Young fut peut-être le fonctionnaire colonial le plus capable dans l’Île-de-Vancouver et en Colombie-Britannique. Ses liens étroits avec Douglas constituèrent un atout politique, mais contribuèrent également à sa chute. N’eût été l’incident Hankin, Young serait tout probablement demeuré à Victoria et aurait bien pu laisser son empreinte sur les événements qui conduisirent à l’entrée dans la Confédération et sur les affaires subséquentes de la province.

James E. Hendrickson

On trouve beaucoup de documentation importante concernant William Alexander George Young au PRO, CO 60 ; 305 ; 398 (mfm aux PABC).

Église épiscopale du Canada, Diocese of British Columbia Arch. (Victoria), Christ Church Cathedral (Victoria), Parish registers, Baptisms, 1836–1886 ; Marriages, 1837–1872 (mfm aux PABC).— PABC, James Douglas, Corr. outward, 22 mars 1867–11 oct. 1870, James Douglas à Jane Dallas, 2 déc. 1868 ; Governor (Douglas), Corr. outward, 22 juin 1850–5 mars 1859, Douglas à J. C. Prevost, 29 déc. 1858 ; 27 mai 1859–9 janv. 1864, Douglas à M. B. Begbie, 28 oct. 1863 ; Vancouver Island, Colonial secretary, Corr. outward, 1859–1860 (copies) ; Executive Council, Minutes, oct. 1863, mars 1864.— C.-B., Legislative Council, Journals, 29 avril 1868.— Daily British Colonist and Victoria Chronicle, 1858–1870.— Times (Londres), 27 mai 1885.— W. K. Lamb, « Sir James goes abroad », BCHQ, 3 (1939) : 283–292 ; « Some notes on the Douglas family », 17 (1953) : 41–51.— J. W. Long, « The origin and development of the San Juan Island water boundary controversy », Pacific Northwest Quarterly (Seattle, Wash.), 43 (1952) : 187–213.— R. L. Smith, « The Hankin appointment, 1868 », BC Studies, 22 (été 1974) : 26–39.

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James E. Hendrickson, « YOUNG, sir WILLIAM ALEXANDER GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/young_william_alexander_george_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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