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BILL, INGRAHAM EBENEZER, ministre baptiste, journaliste et auteur, né le 19 février 1805 à Billtown, Nouvelle-Écosse, fils d’Asahel Bill et de Mary Rand ; le 20 avril 1826, il épousa dans le canton de Cornwallis, Nouvelle-Écosse, Isabella Lyons, et ils eurent au moins cinq enfants, dont une fille, puis le 14 mai 1873, à Boston, Mme Susan L. Dove ; décédé le 4 août 1891 à St Martins, Nouveau-Brunswick.
Comme Ingraham Ebenezer Bill n’avait que neuf ans environ à la mort de son père, les influences qui marquèrent ses jeunes années furent celles de son frère aîné Caleb Rand et de son pasteur, Edward Manning*. Les deux hommes le dirigèrent sur le sentier de l’engagement chrétien et social. Le 8 août 1824, il reçut le baptême de Manning et se joignit à la congrégation baptiste de Cornwallis.
En 1827, après une longue et dure bataille contre ses craintes et ses doutes, Bill commença à prêcher dans le canton de Cornwallis. L’année suivante, il s’installa à Nictaux, en Nouvelle-Écosse, pour prêter main-forte à Thomas Handley Chipman, qui se faisait vieux. Consignant dans son journal l’ordination de Bill le 2 mars 1829, Manning écrivit : « Je n’ai jamais vu un jeune homme à l’air aussi solennel et radieux à son ordination. » Un an plus tard, à la mort de Chipman, Bill devint pasteur de la communauté très dispersée de Wilmot-Nictaux. Il se fit rapidement connaître comme l’un des jeunes ministres les plus populaires et efficaces des Maritimes. Grâce à une série de revivals, il put agrandir son église ; en 1837, c’était le plus grand temple baptiste des Maritimes. Sauf pendant une période de 18 mois en 1840–1842 où il fut pasteur à l’église baptiste de Fredericton, il allait demeurer à Nictaux jusqu’en 1852. Cette année-là, il retourna au Nouveau-Brunswick pour occuper la fonction de pasteur à l’église baptiste Germain Street, à Saint-Jean. Il fut par la suite ministre du culte à Carleton (Saint-Jean) et à St Martins.
Étant donné les talents de prédicateur de Bill, il n’est pas étonnant qu’on ait pensé à lui pour prendre en main d’autres secteurs d’activité religieuse. Même s’il n’avait pas fait de longues études, il acquit très tôt un profond respect pour l’instruction. L’intérêt qu’il portait à cette cause en fit un allié naturel des baptistes de Halifax, bien déterminés, à l’automne de 1838, à établir un collège confessionnel. Au cours d’une réunion tenue en octobre chez Bill, à Nictaux, et à laquelle assistaient Edmund Alberti Crawley* et John Pryor, on décida de fonder le Queen’s College (renommé Acadia en 1841). Après que la Nova Scotia Baptist Education Society eut approuvé officiellement cette décision le 15 novembre, Bill fut nommé au comité de gestion de cet organisme et désigné agent financier du nouveau collège.
Au cours des 50 années qui suivirent, peu de personnes firent preuve d’un appui aussi indéfectible à l’Acadia College. Entre 1838 et 1884, Bill participa d’abord au comité de gestion, puis au conseil d’administration du collège. Il fit souvent la tournée des Maritimes, en quête d’appuis financiers et d’étudiants pour cet établissement. En 1844–1845, il alla jusqu’en Géorgie pour recueillir des fonds. Le gouverneur de la Caroline du Sud lui donna 50 $, mais la plupart des autres habitants du Sud ne contribuèrent pas à sa campagne parce que les baptistes des Maritimes étaient abolitionnistes. Toujours à la recherche de fonds, il se rendit en Grande-Bretagne en 1849 et en 1874. En reconnaissance de son dévouement pour la cause de l’instruction, l’Acadia College lui conféra en 1881 un doctorat honorifique en théologie.
La visite de Bill aux États-Unis lui avait fait vivement prendre conscience des besoins en matière « d’instruction féminine ». Il avait fait faire de bonnes études à sa fille unique, Mary ; à l’automne de 1845, avec l’aide de son père, elle ouvrit un pensionnat pour jeunes filles dans la maison familiale de Nictaux, première école de ce genre dirigée par les baptistes de la Nouvelle-Écosse. Bill mena une dure et longue campagne pour que les femmes aient plus de chances de s’instruire, et il vécut assez longtemps pour voir sortir des diplômées de l’Acadia College dans les années 1880.
De toute évidence, Bill ne craignait pas les changements dans la société ni dans son église. Il se fit l’un des champions de la tempérance dans la région de Nictaux ; en 1834, il pouvait déclarer avec fierté que tous les débits d’alcool avaient été forcés de fermer leurs portes. Pendant son bref ministère à Fredericton, on introduisit de la musique d’orgue aux offices qu’il présidait. Plusieurs fidèles scandalisés se joignirent alors à d’autres congrégations plus traditionnelles.
Bill était un promoteur enthousiaste de la participation des baptistes des Maritimes aux missions étrangères. Dans les années 1850, il tenta sans succès de mettre sur pied une mission baptiste en Australie, peut-être parce que deux de ses fils s’étaient établis là-bas. En 1870, il fut l’un des premiers à demander l’établissement d’un champ de mission distinct en Asie pour les baptistes des Maritimes ; durant 25 ans, ils avaient soutenu le travail de leurs coreligionnaires américains en Birmanie.
Presque tous les aspects de la vie confessionnelle passèrent sous la direction énergique de Bill. Secrétaire pendant 10 ans (1846–1856) de la Baptist Convention of Nova Scotia, New Brunswick and Prince Edward Island, regroupement qui venait de se former, il en occupa par la suite la présidence. En 1852, il devint rédacteur en chef du Christian Visitor, journal baptiste publié au Nouveau-Brunswick, et demeura à ce poste jusqu’en 1872.
Sa longue expérience au sein de l’Église baptiste, son rôle dominant dans l’évolution de celle-ci et sa connaissance intime des pères fondateurs de la confession amenèrent Bill au « devoir sacré » de consigner l’histoire des baptistes de doctrine stricte dans les Maritimes. À part la série d’articles de John Mockett Cramp*, parus dans le Christian Messenger dans les années 1860, le livre de Bill intitulé Fifty years with the Baptist ministers and churches of the Maritime provinces of Canada et publié à Saint-Jean, en 1880, constituait la première tentative de recueil historique. Bien que cet ouvrage soit plus narratif qu’analytique, sa publication marqua un point important dans la prise de conscience des baptistes des Maritimes à l’égard de leurs origines.
Évangéliste, pasteur et animateur religieux efficace, Ingraham Ebenezer Bill fut la figure dominante du groupe désigné comme la deuxième génération des dirigeants de l’Église baptiste des Maritimes.
Outre son histoire des Baptistes des Maritimes, Ingraham Ebenezer Bill a écrit Affectionate reminiscences of an only daughter and first-born son [...] (Saint-Jean, N.-B., 1865).
Acadia Univ. Arch. (Wolfville, N.-É.), Board of Governors, minutes, 1850–1883.— Atlantic Baptist. Hist. Coll., Acadia Univ., Fredericton, Brunswick Street United Baptist Church, records of the Baptist Church, Fredericton, 1814–1871 ; Edward Manning, corr. and journals ; Nova Scotia Baptist Education Soc., minutes.— Germain Street Baptist Church (Saint-Jean), Records, 1853–1883 (mfm aux APNB).— Baptist Convention of Nova Scotia, New Brunswick and Prince Edward Island, Minutes (Fredericton, etc.), 1846–1855.— Baptist Convention of the Maritime Provinces of Canada, Baptist year book (Halifax), 1870–1871 ; 1891.— Nova Scotia Baptist Assoc., Minutes (Halifax), 1829–1837.— Christian Messenger (Halifax), 1837–1872.— Christian Visitor (Saint-Jean), 1852–1872.— R. G. Baxter, A history of the Nictaux United Baptist Church, 1779–1978 ([Nictaux, N.-É., 1978]).— Eaton, Hist. of Kings County.— The history of Germain Street Baptist Church, St. John, N.B., for its first one hundred years, 1810–1910 (Saint-Jean, 1910).
Barry M. Moody, « BILL, INGRAHAM EBENEZER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bill_ingraham_ebenezer_12F.html.
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Auteur de l'article: | Barry M. Moody |
Titre de l'article: | BILL, INGRAHAM EBENEZER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |