BURGESS, ALEXANDER MACKINNON, chroniqueur parlementaire, éditeur et fonctionnaire, né le 21 octobre 1850 dans la vallée de la rivière Spey, Écosse, fils de John Burgess et d’Ann Davidson ; le 7 juillet 1873, il épousa Margaret Béatrice Anderson, et ils eurent quatre filles et trois fils ; décédé le 25 février 1898 à Ottawa.

Alexander Mackinnon Burgess fit ses études dans les écoles d’Advie et d’Aberdeen et à la University of Aberdeen. Il travailla à titre de commis pour le Great North of Scotland Railway de 1867 à 1869, puis il devint journaliste. Il immigra au Canada en 1871 et, de 1872 à 1874, il fut chroniqueur parlementaire pour le Globe de Toronto. Devenu rédacteur en chef du Times d’Ottawa le 1er juillet 1874, il donna son appui au gouvernement libéral d’Alexander Mackenzie. L’année suivante, il assuma, le premier, la fonction de sténographe des débats de la chambre des Communes ; on renouvela son contrat en 1876 de façon à inclure les débats du Sénat. À la fin de décembre 1875, il avait acheté le Times mais, dans le creux de la crise économique, le journal s’endetta tellement que Burgess fut forcé de le vendre l’été suivant.

Le 1er décembre 1876, le gouvernement libéral nomma Burgess secrétaire privé de David Mills*, alors ministre de l’Intérieur. Il devint secrétaire de première classe en octobre 1878, commis en chef et secrétaire du ministère le 1er janvier 1882, et sous-ministre le 1er juillet 1883. Selon George Maclean Rose, un contemporain, Burgess manifestait « une ardeur soutenue au travail, ainsi que de la courtoisie, de l’honnêteté et de l’efficacité administrative comme fonctionnaire ». Ces qualités contribuèrent sans doute à son avancement rapide, mais ses succès étaient aussi attribuables aux efforts qu’il fit pour cultiver et impressionner ses supérieurs – en particulier le premier ministre sir John Alexander Macdonald, qui cumula les fonctions de ministre de l’Intérieur de 1878 à 1883 – en mettant de l’avant certaines politiques et en s’empressant de défendre les réalisations du gouvernement conservateur élu en 1878. S’il put accéder au rang de sous-ministre en 1883, c’est que le gouvernement décida alors de partager le ministère en quatre divisions : il confia la Commission géologique du Canada à Alfred Richard Cecil Selwyn*, la Police à cheval du Nord-Ouest à Frederick White, les Services d’arpentage des terres fédérales à Lindsay Alexander Russell, et les autres fonctions ministérielles à Burgess. Quelques mois plus tard, après avoir cédé le portefeuille du ministère de l’Intérieur à David Lewis Macpherson, Macdonald assuma celui des Affaires indiennes et mit la Police à cheval du Nord-Ouest sous sa juridiction ; Burgess prit en charge les Services d’arpentage des terres fédérales à la place de Russell, malade.

Burgess était devenu sous-ministre juste comme s’achevaient la vague de prospérité et la période d’essor de la colonisation qu’avait suscitées la construction du chemin de fer transcontinental au Manitoba. Par la suite, la croissance démographique des Prairies allait être lente jusqu’à la fin du siècle. Nul doute que son administration fut discrètement efficace et que c’est lui qui dirigea en grande partie le ministère pendant les années où des titulaires peu capables s’y succédèrent ; toutefois, il ne fut apparemment jamais très sensible aux opinions des Canadiens de l’Ouest. Il rejetait d’emblée les griefs des fermiers, des mineurs et des Métis, comme s’ils venaient d’agitateurs et de vauriens. Le rapport qu’il fit à ses supérieurs sur les causes de la rébellion de 1885 [V. Louis Riel*] porte la conclusion suivante : « il n’y a en fait dans l’histoire aucun cas où l’étendard de la révolte a été brandi, et le sang versé, avec aussi peu de justification ou de provocation ». À titre d’administrateur, il soumettait ses fonctionnaires à une surveillance étroite et paternelle, et allait parfois jusqu’à s’ingérer dans leur vie privée. « Il n’est évidemment pas du ressort d’un sous-ministre de se rendre populaire, écrivait-il en 1885 ; au contraire, sa tâche est de ne pas perdre de vue ce qu’il considère comme le point de repère de son devoir et, s’il est parfois incompris ou grossièrement mal interprété, alors c’est tant pis pour lui. » Il n’est guère surprenant qu’au cours d’une tournée dans l’Ouest son ministre Edgar Dewdney* ait fait allusion à lui en ces termes : « Je trouve mon adjoint Burgess fort impopulaire. » Pourtant, grâce à son amitié avec Macdonald et à sa gestion efficace, Burgess n’eut pas à s’inquiéter de son poste au ministère.

En 1892, le gouvernement conservateur décida de retirer la division de l’Immigration au ministère de l’Agriculture pour l’intégrer à celui de l’Intérieur ; ainsi il confiait au même ministère la responsabilité de recruter et d’établir les colons et celle de gérer les terres des Prairies. Pour Burgess, cette combinaison était un prolongement logique des pouvoirs d’un ministère qui s’occupait déjà de terres et de colonisation. Il y vit même une mesure d’économie, qui éliminerait de nombreux agents d’immigration, réduirait la compilation de statistiques sur l’immigration et obligerait les agents des terres à jouer le rôle d’agents d’immigration. Burgess estimait que seuls les pauvres et les mécontents étaient susceptibles de quitter l’Europe pour le Canada et il jugeait souhaitable de dissuader les membres d’une même ethnie de s’établir en groupes. Une brève tentative d’expansion du programme aux États-Unis en 1892–1893, en particulier la promotion de l’immigration et le rapatriement des colons, échoua radicalement l’année suivante à cause des restrictions budgétaires. Malgré son apport aux politiques d’immigration, Burgess ne fit guère évoluer la colonisation. On lui confia trop tard la direction de ce secteur, à une époque où une forte dépression entravait déjà les efforts en matière d’immigration.

En 1896, l’avènement du gouvernement libéral de Wilfrid Laurier* et la nomination d’un nouveau ministre de l’Intérieur, Clifford Sifton*, mirent abruptement fin au pouvoir d’Alexander Mackinnon Burgess. Sifton n’avait pas oublié un affront que Burgess lui avait infligé en 1884, au cours de sa tournée dans l’Ouest à titre de sous-ministre. En outre, il voulait un adjoint dont les idées seraient plus compatibles avec les siennes. Le 1er avril 1897, on rétrograda Burgess au poste de commissaire des Terres de la couronne, et James Allan Smart lui succéda à titre de sous-ministre. Burgess mourut moins d’un an plus tard d’une crise d’apoplexie, pendant qu’il se remettait chez lui d’un accident qui n’eut apparemment rien à voir avec son décès.

D. J. Hall

Outre la rédaction des comptes rendus des Débats de la chambre des Communes en 1875, et ceux de la chambre des Communes et du Sénat en 1876, Alexander Mackinnon Burgess contribua à la rédaction du Dominion annual reg. en 1878 et en 1879.

AN, MG 9, D7-35, reg. des baptêmes, mariages et sépultures ; MG 26, A ; E ; MG 27, I, C4 ; D8 ; MG 29, E114 ; RG 15, A4, 82, Ernest Voorhis, « The Department of the Interior : a brief sketch of its history and development [...] » (photocopie d’une copie dactylographiée de 1927) : RG 31, C1, 1881 ; RG 32, C2, 538, file 1850/10/21.— Univ. of Alberta Library, Special Coll. Dept. (Edmonton), William Pearce papers, F. F. Dixon à Pearce, 26 févr. 1898.— Canada, chambre des Communes, Journaux, 1892–1896 ; Parl., Doc. de la session, 1884–1898, particulièrement les rapports annuels du département de l’Intérieur, 1883–1895.— Daily Free Press (Ottawa), 26 févr. 1898.— Ottawa Citizen, 26 févr. 1898.— Ottawa Evening Journal, 26 févr. 1898.— Times (Ottawa), 1874–1876.— Canadian album (Cochrane et Hopkins).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— Ottawa directory, 1889–1890.— Gerald Friesen, The Canadian Prairies : a history (Toronto, 1984).— D. J. Hall, Clifford Sifton (2 vol., Vancouver, 19811985), 1.

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D. J. Hall, « BURGESS, ALEXANDER MACKINNON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/burgess_alexander_mackinnon_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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