AMIOT (Amyot) DE VINCELOTTE, CHARLES-JOSEPH, navigateur, lieutenant dans la marine, commandant de milice, seigneur, né à Québec le 21 mars 1665, fils de Charles Amiot* et de Geneviève de Chavigny, décédé le 8 mai 1735 et inhumé le lendemain en la même ville.

Charles-Joseph fait ses études primaires au collège des Jésuites de Québec ; puis il étudie les principes de la navigation, sans doute sous la direction de Martin Boutet*. En 1680, il reçoit de sa mère le fief de Vincelotte (Cap-Saint-Ignace) qu’elle a elle-même reçu de Talon* en 1672. À 19 ans, en 1684, il s’enrôle dans la milice. Il fait un testament la même année, avant de partir « pour faire voyage et allez en guerre pour le service du Roy allencontre des Iroquois ». On le retrouve en 1693, alors qu’il présente une requête – qui sera agréée – à Frontenac [Buade*] et à Bochart de Champigny pour que son fief soit agrandi : il désire, écrit-il, « contribuer de tout son pouvoir à l’augmentation de cette colonie et travailler fortement à s’y établir ».

Quand Frontenac meurt, en 1698, deux officiers de la colonie aspirent à sa succession : Rigaud de Vaudreuil et Callière. Chacun veut être le premier à porter à la cour la nouvelle du décès du gouverneur, et à solliciter sa succession. Au cours de l’hiver de 1698–1699, Amiot est chargé de cette mission par Vaudreuil et Champigny, pendant que Le Gardeur de Courtemanche est choisi aux mêmes fins par Callière. Une course s’engagea entre les deux émissaires, chacun désirant arriver le premier à la cour. Amiot arriva le dernier, quelques heures à peine après Le Gardeur, et Callière eut le poste de gouverneur général.

En 1703, le seigneur Amiot est proposé au poste de procureur de la Prévôté de Québec. On le décrit dans un document comme « celui de ce pays que nous connaissons le plus capable de remplir cet emploi. Il est agissant, a de l’esprit et il s’est appliqué à l’étude de l’ordonnance et de la coutume de Paris qu’il sait bien ». Il n’obtient pas ce poste, confié à son beau-père, Jean-Baptiste Couillard de Lespinay, qui avait épousé Geneviève de Chavigny en 1680. Peut-être faut-il voir là l’une des causes des rivalités qui, par la suite, opposèrent Amiot à Couillard.

Amiot fait ensuite quelques expéditions en 1703–1704 sur les côtes de Terre-Neuve, sous la direction du corsaire Jean Léger de Lagrange et de Claude Pauperet. En 1706, il est choisi pour faire, à titre de lieutenant, des courses sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre, sous le commandement de Louis Denys* de La Ronde. Tous deux doivent notamment livrer une dure bataille contre March qui assiège Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) le 26 mai 1707 (6 juin, nouveau style). Ayant remporté la victoire, ils en portent la nouvelle au roi, et demandent de l’aide en vue d’une expédition contre Boston. Le gouvernement français approuve le projet, mais ne peut leur donner d’autre navire que la Vénus, une frégate assez démunie, sur laquelle ils naviguent néanmoins pendant deux ans, en faisant de nombreuses prises. Amiot participe-t-il par la suite à d’autres entreprises militaires ? On l’ignore. La dernière mention de son activité dans ce domaine est de 1727, quand il est nommé commandant des milices de la côte sud. On sait cependant qu’en 1718 il a demandé, sans succès, semble-t-il, un brevet d’enseigne et la place de lieutenant du port de Québec.

Amiot de Vincelotte avait-il un goût particulier pour la chicane et les rivalités ? On peut le penser. Il dépense, en tout cas, beaucoup d’argent provenant de ses courses et de sa seigneurie en longs et inutiles procès. En 1724, après le décès de sa mère, Amiot soutient plusieurs procès contre son beau-père ; « il se vantait d’avoir une quinzaine de procès à [lui] faire ». Il lui réclame « jusqu’à six cuillers, six fourchettes et une tasse d’argent ».

Charles Amiot de Vincelotte avait épousé, le 19 février 1691, à Montréal, Marie-Gabrielle Philippe de Hautmesnil, fille de Jean-Vincent. De cette union sont nés 13 enfants. En 1727, Amiot sollicitait néanmoins une séparation de corps.

Après une vie bien remplie, il meurt à l’âge de 70 ans, à Québec.

Noël Bélanger

AJQ, Greffe de Gilles Rageot, 10 juill. 1684.— AQ, NF, Coll. de pièces jud. et not., 582 1/2, 607 1/2, 769 ; NF, Ord. des int., XII : 128s. ; NF, Registres d’intendance, 1 : 9.— Mémoire de Gédéon de Catalogne sur les plans des seigneuries et habitations des gouvernements de Québec, les Trois-Rivières et Montréal, BRH, XXI (1915) : 330.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., II : 8.— Ivanhoë Caron, Le fief Cap Saint-Ignace, BRH, XX (1914) : 365–369.— P.-G. Roy, Charles-Joseph Amyot de Vincelotte, BRH, XXV (1919) : 306–315.

Bibliographie de la version modifiée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Montréal, CE601-S51, 19 févr. 1691 ; Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 23 mars 1665, 9 mai 1735.

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Noël Bélanger, « AMIOT (Amyot) DE VINCELOTTE, CHARLES-JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/amiot_de_vincelotte_charles_joseph_2F.html.

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Auteur de l'article:    Noël Bélanger
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    2022
Date de consultation:    1 déc. 2024