TRUDEAU, TOUSSAINT (baptisé Toussaint-Richard), ingénieur civil et fonctionnaire, né le 28 septembre 1826 à Montréal, fils de François Trudeau, menuisier, et d’Angélique Lock ; le 24 avril 1855, il épousa à Montréal Corinne Perrault, fille de Louis Perrault*, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 27 juin 1893 à Ottawa.
Toussaint Trudeau étudia d’abord à Montréal, puis alla s’installer à New York, où il étudia le génie civil. Il demeura plusieurs années aux États-Unis et revint à Montréal, probablement en 1853. Des raisons personnelles l’incitèrent alors à rester au Canada. Il consacra une partie de son temps à la question d’une liaison ferroviaire entre Montréal et Québec. Son intérêt pour les chemins de fer et surtout ses connaissances en génie le firent remarquer des hommes publics et, en particulier, de George-Étienne Cartier*, député de Verchères. Ainsi, en juillet 1856, Trudeau fut appelé à faire partie de deux commissions d’enquête : la première devait examiner les circonstances de l’écroulement du pont Montmorency, survenu en avril, et la deuxième avait pour mission de scruter les opérations financières et administratives du Quebec Turnpike Trust. Au sein de ces deux organismes, Trudeau collabora étroitement avec le député de Québec, Charles Joseph Alleyn*, qui devint par la suite commissaire en chef des Travaux publics (1857–1858). C’est probablement en partie grâce à cette association que Trudeau entra dans la fonction publique le 13 décembre 1859, en qualité de secrétaire du département des Travaux publics, dont John Rose* était le commissaire en chef.
Durant les 33 années qui suivirent, Trudeau fut au cœur des efforts déployés par le gouvernement pour développer les transports dans la province puis dans le dominion du Canada. En 1860–1861, en plus de ses fonctions régulières, il participa à la commission d’enquête sur la gestion financière du Grand Tronc. En mars 1864, on le nomma commissaire adjoint des Travaux publics et, quatre ans plus tard, quand on mit sur pied le nouveau département des Travaux publics du dominion, Trudeau poursuivit son travail à titre de sous-ministre. John Page et Frederick Braun continuèrent également de collaborer avec lui, le premier en tant qu’ingénieur en chef et le deuxième, comme secrétaire. Administrateur loyal et compétent, Trudeau ne fut jamais éclaboussé par les scandales souvent liés aux travaux publics et à la construction des chemins de fer au cours de la deuxième moitié du xixe siècle [V. Thomas McGreevy]. Il sut toujours éviter les écueils de la politique des travaux publics et demeura particulièrement discret sous les ordres de deux ministres de premier plan : le conservateur Hector-Louis Langevin* et le libéral Alexander Mackenzie.
L’évolution rapide du transport ferroviaire dans les années 1870 et la décision de construire une ligne reliant la Colombie-Britannique au reste du pays menèrent à la création du département des Chemins de fer et des Canaux en septembre 1879, sous la direction de sir Charles Tupper*. On confia à Trudeau le poste de sous-ministre de ce nouveau département, chargé de construire, entretenir et exploiter l’Intercolonial et le chemin de fer de l’Île-du-Prince-Édouard, qui faisaient partie du futur transcontinental, et d’administrer l’aide fédérale accordée aux compagnies ferroviaires. À cela s’ajoutait la responsabilité du réseau canadien de canaux et notamment le contrôle de son fonctionnement, de son entretien et de son développement.
Du début de son affectation aux chemins de fer et aux canaux jusqu’au moment où il prit sa retraite le 1er décembre 1892, Toussaint Trudeau guida prudemment le département dans une période marquée par l’expansion importante des chemins de fer ainsi que par la revitalisation des canaux. Il devint secrétaire du Comité du Conseil privé sur les chemins de fer, puis ingénieur en chef des canaux en novembre 1890, après la mort de John Page. Certes, en sa qualité d’ingénieur civil, Trudeau ne fut jamais associé à un projet ou à une réalisation de grande envergure, mais il fut un administrateur public digne de confiance et bien informé, dont l’intégrité et le dévouement ne furent jamais mis en doute durant toute sa longue carrière. Il mourut à Ottawa le 27 juin 1893.
Toussaint Trudeau n’a laissé aucun papier personnel et n’a jamais relaté son expérience par écrit. Il semble avoir été quelqu’un de très réservé. Le seul compte rendu biographique, publié anuellement dans CPC, fournit un minimum de détails. Trudeau et sa carrière sont décrits dans l’article de F.-J. Audet, « Toussaint Trudeau, 1826–1893 », BRH, 47 (1941) : 182–186, qui s’appuie sur l’information fournie par la famille. On trouve des renseignements sur la carrière et la vie familiale de Trudeau aux AN : coll. Gravelle (MG 25, 6271, 17) ; papiers Macdonald (MG 26, A) ; papiers Audet (MG 30, Dl, 29) ; et dans les registres du Conseil exécutif (RG 1, E7 et E8) ; du Bureau du secrétaire de la province du Bas-Canada (RG 4, C1) ; du bureau des Travaux publics et du département des Travaux publics (RG 11, A et B) ; du ministère des Transports (RG 12) ; et du département des Chemins de fer et Canaux (RG 43).
ANQ-M, CE1-51, 29 sept. 1826.— Montreal Daily Witness.— Montreal Transcript.— Ottawa Citizen.— Mariages Perreault, 1647–1900, de la province de Québec, Canada, Robert Perreault, compil. (Danville, Québec, 1976).— Political appointments, 1841–65 (J.-O. Coté ; 1866).— D. [R.] Owram, Building for Canadians : a history of the Department of Public Works, 1840–1960 ([Ottawa], 1979), 87, 93–94, 107, 119–120, 123, 129, 131–132, 134, 136, 140.— Gérard Lebel, « Étienne Trudeau », Nos ancêtres (Sainte-Anne-de-Beaupré, Québec), 1 (1980) : 123–127.
Glenn T. Wright, « TRUDEAU, TOUSSAINT (baptisé Toussaint-Richard) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/trudeau_toussaint_12F.html.
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Auteur de l'article: | Glenn T. Wright |
Titre de l'article: | TRUDEAU, TOUSSAINT (baptisé Toussaint-Richard) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 10 déc. 2024 |