WAIT (Waite), BENJAMIN, homme d’affaires, instituteur, patriote, auteur et rédacteur en chef, né le 7 septembre 1813 dans le canton de Markham, Haut-Canada ; en octobre 1836, il épousa Maria Smith (décédée en 1843), et ils eurent trois enfants dont deux vécurent au delà de la petite enfance, puis en 1845 Rebecca H. Sealey (décédée en 1894), et de ce mariage naquit un fils ; décédé le 9 novembre 1895 à Grand Rapids, Michigan.
Le père de Benjamin Wait quitta le Vermont pour le Haut-Canada au début du xixe siècle et s’établit d’abord dans le canton de Markham, où Benjamin naquit, puis à Black Creek (Niagara Falls). Au début des années 1830, Benjamin ouvrit une scierie à York, sur la rivière Grand, mais elle périclita. À un moment donné, il enseigna dans le canton de Willoughby, et en 1837 il était certainement commis à Port Colborne, même si par la suite il dirait avoir étudié le droit à cette époque. Quoi qu’il en soit, il fut emprisonné pour dettes cette année-là et, libéré au cours de l’été, il s’enfuit du Haut-Canada car il se savait menacé par d’autres assignations.
En décembre 1837, Wait s’engagea dans la rébellion haut-canadienne. D’abord, il tenta de se joindre à l’initiative infructueuse de Charles Duncombe* dans le district de London, puis il accompagna William Lyon Mackenzie* dans l’île Navy, où il fut lieutenant dans les forces patriotes. Plusieurs facteurs peuvent expliquer son engagement : ses déboires financiers, ses liens étroits avec le célèbre réformiste Robert Randal*, l’influence de son beau-père, « rebelle notoire », ou ce qu’il décrira plus tard comme ses propres « principes radicaux bien connus ». Après avoir quitté l’île Navy, vraisemblablement en janvier 1838, il continua de servir la cause des patriotes ; par la suite, il allait prétendre avoir été commandant en second à la bataille de l’île Pelee en mars, ce qui est improbable. En juin, à titre de major, il accompagna un petit groupe de patriotes qui gagnèrent la région de Short Hills, dans le district du Niagara. Dans la nuit du 20, avec quelques habitants des environs, ils attaquèrent et firent prisonniers un petit groupe de Queen’s Lancers qui logeaient dans une auberge à St Johns (St Johns West). Wait et Linus Wilson Miller* s’opposèrent à Jacob R. Beamer* et à Samuel Chandler*, qui réclamaient la pendaison des captifs. Les patriotes les relâchèrent puis se dispersèrent. Wait fut pris le 24 et soumis à un interrogatoire, mais il refusa de coopérer ; son attitude convainquit le lieutenant-gouverneur sir George Arthur* qu’il était « téméraire et intelligent ». En août, jugé pour trahison, il fut trouvé coupable et condamné à mort.
Maria Wait, qui avait encouragé son mari à entreprendre l’expédition de Short Hills, réussit plus tard dans le mois à obtenir pour lui la déportation à vie, ce qui contribua à empoisonner les relations entre le nouveau gouverneur en chef, lord Durham [Lambton*], qui était favorable à la commutation de la sentence, et sir George Arthur, qui s’y opposait. En novembre, on envoya Wait en Angleterre avec 23 autres prisonniers politiques, dont plusieurs de ses camarades de Short Hills. De là, il écrivit à Joseph Hume, John Arthur Roebuck*, lord Brougham et lord Durham pour protester contre sa détention qu’il jugeait illégale et contre les conditions barbares auxquelles lui-même et les autres prisonniers politiques étaient soumis. Le sous-secrétaire d’État Fox Maule-Ramsay prévint Hume que Wait était « un homme rusé, intrigant et [que] ses camarades en [étaient] dupes ». Au début de 1839, on déporta Wait et huit autres prisonniers politiques, dont Samuel Chandler, à la terre de Van Diemen (Tasmanie), qu’administrait alors sir John Franklin*.
Maria Wait déploya une énergie remarquable pour faire relâcher son mari et se rendit même à Londres dans ce but, mais il trouva lui-même le chemin de la liberté. À la fin de 1841 ou au début de 1842, il s’enfuit sur un baleinier américain avec Chandler ; après plusieurs aventures éprouvantes, les deux hommes parvinrent aux États-Unis. En 1843, Wait publia Letters from Van Dieman’s Land [...], des lettres supposément écrites à un ami, qui s’échelonnaient sur 20 mois et dans lesquelles il racontait sa déportation, ainsi que des requêtes en sa faveur rédigées par Maria. Malheureusement, celle-ci, qui avait collaboré étroitement avec lui à la composition du recueil, mourut en mai après avoir donné naissance à des jumeaux.
Remarié en 1845, Benjamin Wait travailla un certain nombre d’années dans la tonnellerie à Elmira, dans l’état de New York. Toujours passionné par les affaires canadiennes, il était heureux de voir son pays natal progresser vers la « démocratie », mais déçu que l’on n’ait pas suffisamment reconnu sa contribution et celle de ses compagnons patriotes. Après s’être installé dans le Michigan, il vécut plus de 20 ans à Grand Rapids, où il s’adonna à l’exploitation forestière et fonda en 1873 le Northwestern Lumberman. Vers la fin de sa vie, il subit plusieurs revers financiers et dut vivre de la charité d’anciens associés. Il se consolait cependant en racontant ses aventures de patriote et de convict. Au moment de sa mort, il habitait le Union Benevolent Home à Grand Rapids.
Les lettres de Benjamin Wait ont été publiées en 1843 à Buffalo, N. Y., sous le titre de Letters from Van Dieman’s Land written during four years imprisonment for political offences committed in Upper Canada. La plus grande partie de cet ouvrage a été rééditée sous le titre de The Wait letters, Mary Brown, édit. (Erin, Ontario, 1976).
AN, MG 24, A19 ;126, 65 ; RG 5, A1, vol. 196–203.— AO, MS 516.— Appletons’ cyclopædia (Wilson et al.), 6.— E. C. Guillet, The lives and times of the Patriots : an account of the rebellion in Upper Canada, 1837–1838, and the Patriot agitation in the United States, 1837–1842 (Toronto, 1938 ; réimpr., 1968).— C. [F.] Read, « The Short Hills raid of June, 1838, and its aftermath », OH, 68 (1976) : 93–115.— R. B. Ross, « The Patriot war », Mich. Pioneer Coll. (Lansing), 21 (1892) : 509–609.
Colin Read, « WAIT (Waite), BENJAMIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wait_benjamin_12F.html.
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Auteur de l'article: | Colin Read |
Titre de l'article: | WAIT (Waite), BENJAMIN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 12 déc. 2024 |