BOYD, ALFRED, homme d’affaires, fonctionnaire, juge de paix et homme politique, né vers 1836 en Angleterre, fils d’Alfred Boyd ; il épousa Sarah Warner (Warriner), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 16 août 1908 en Angleterre.

Alfred Boyd se trouvait peut-être dans Rupert’s Land dès 1858. À la date du 9 juillet de cette année-là, le registre des faits quotidiens du fort Ellice (Fort Ellice, Manitoba) indique : « M. Boyd est arrivé de la Rivière-Rouge. » Dans une mention plus tardive, le trafiquant Isaac Cowie décrit ce Boyd comme un « Britannique amateur de chasse et de pêche ». Cependant, à la veille des troubles de la Rivière-Rouge, Alfred Boyd était un riche trafiquant. Il avait un magasin dans la paroisse St John, mais il faisait surtout la traite des fourrures avec la famille Inkster. Bien qu’il soit impossible d’évaluer sa fortune avec précision, on possède à ce sujet quelques indices. Le 9 décembre 1869, dans une lettre à son frère, en Angleterre, il disait que les événements empêcheraient les autochtones de trapper et qu’il serait ruiné. Il devait 4 000 £ à la maison londonienne de transit de Frederick E. Kew (dont le représentant à la Rivière-Rouge était John Inkster*) et 2 000 £ à son frère. Il terminait sa lettre en demandant à Thomas de vendre tous ses biens et d’en répartir le produit entre ses créanciers. La lettre provenait de Hawthorne Lodge, près de Lower Fort Garry, une des maisons les plus imposantes de la colonie. Par la suite, dans leurs attaques contre lui, ses adversaires politiques alléguèrent qu’il avait réclamé une trop forte indemnité (56 000 $) pour les pertes subies pendant la crise et qu’il avait touché 2 000 $. Boyd répliqua que ces sommes correspondaient non pas à des indemnités, mais à des marchandises vendues aux troupes gouvernementales ; toutefois, il ne contesta pas les chiffres cités.

On ignore à quel point au juste sa situation financière pâtit. Sans doute fut-il temporairement dans la gêne, car en septembre 1870, il dut emprunter 100 £ à Inkster. Ce fut peut-être pour des raisons financières que, vers 1870, il s’installa à Redwood, maison construite par William Inkster dans la paroisse St John. Apparemment, cette maison lui échut à la suite de l’arbitrage du règlement de la succession de William Inkster.

Si Boyd était riche, il n’était cependant pas en vue. Il semble même avoir fait tout son possible pour ne pas se faire remarquer. Son nom ne figure jamais parmi les participants des assemblées de la colonie ni parmi ses philanthropes. Bien que les poursuites pour dettes aient été fréquentes dans les années 1860, on ne trouve Boyd ni parmi les plaignants, ni parmi les défendeurs. Apparemment, il ne siégea dans aucun jury.

Pourtant, malgré cette absence de leadership et de notoriété, Boyd fut choisi en janvier 1870, avec d’autres, pour représenter la paroisse St Andrew à la convention des Quarante dont le chef métis Louis Riel* proposait la tenue. Comme on pouvait s’y attendre, il ne prit pas une grande part aux débats. Déjà, en privé, il avait exprimé des sentiments anti-Métis. À la convention, il refusa de participer au scrutin qui porta Riel à la présidence et déclara que, advenant que la colonie de la Rivière-Rouge entre dans la Confédération, il préférait qu’elle ait le statut de territoire, non de province. Quelques mois plus tard, Riel le rangea parmi les adversaires « les plus résolus » des Métis.

En dépit de cette animosité, le premier lieutenant-gouverneur du Manitoba et des Territoires du Nord-Ouest, Adams George Archibald*, estimait que Boyd n’était « pas mal vu des Français ». Comme Archibald le tenait pour « un homme doué, en moyens et très populaire parmi les sang-mêlé anglais », Boyd fut nommé secrétaire de la province en septembre 1870. (Il fut aussi fait commissaire chargé de faire prêter les serments d’allégeance et d’office, juge de paix et membre du bureau de santé.) Étant donné qu’Archibald était aussi premier ministre, Boyd et les autres ministres agissaient comme « secrétaires plutôt que conseillers ». La vieille prétention selon laquelle Boyd aurait été le premier des premiers ministres du Manitoba n’a guère de fondement.

En décembre 1870, aux premières élections de l’Assemblée législative du Manitoba, Boyd remporta la victoire dans St Andrews North. Le mois suivant, il quitta son poste de secrétaire pour celui de ministre des Travaux publics et de l’Agriculture. À compter de juillet, le cabinet eut à subir de dures critiques de la part des nombreux Ontariens, principalement anglophones et protestants, qui s’établissaient au Manitoba. Au cours d’assemblées tenues dans sa circonscription, on accusa Boyd de ne rien faire pour que des ponts et une prison soient construits. On lui reprocha aussi d’avoir voté pour une subvention de 500 £ à l’hôpital de Saint-Boniface et d’appuyer un projet de loi constituant le diocèse du même nom et ne limitant aucunement les biens fonciers que celui-ci pourrait posséder. Pour se défendre, il invoqua notamment la solidarité ministérielle, mais c’était une réponse trompeuse ; en fait, il était souvent prêt à voter contre ses collègues ministres.

Le 9 décembre 1871, Boyd démissionna du cabinet en déclarant qu’il fallait que les sang-mêlé anglophones y soient représentés ; John Norquay* le remplaça. En commentant sa démission, le journal progouvernemental Weekly Manitoban ne trouva rien de mieux à dire à son sujet que ceci : « [il était] calme, perspicace, toujours plein de sang-froid » et « modéré dans ses opinions ».

Boyd fut l’un des membres fondateurs du Conseil des Territoires du Nord-Ouest, qui fut institué en décembre 1872. Il assista à sept réunions et y siégea jusqu’à la réorganisation de 1875. En mars 1873, il devint ministre de l’Éducation du Manitoba, fonction qu’il exerça jusqu’en octobre. Il ne se présenta pas aux élections provinciales suivantes.

La fin d’Alfred Boyd fut aussi obscure que ses débuts. On dit qu’il quitta le Manitoba vers 1889 pour vivre en Angleterre. En 1902, il vivait à Pimlico, à Londres, mais possédait de nombreuses propriétés dans le comté d’Essex ; c’était un homme riche. À sa mort, six ans plus tard, Boyd laissait une succession qui valait plus de 83 000 £. En plus des nombreuses propriétés qu’il laissa à sa femme, il lui légua une importante somme en argent ; il versa aussi de généreux dons à la famille et aux serviteurs du couple, ainsi qu’à la Royal National Life-boat Institution. Il plaça le reste de sa succession en fiducie au profit de sa femme.

John L. Finlay

Manitoba, Legislative Library (Winnipeg), Biog. scrapbooks, 8 oct. 1909.— PAM, MG 1, C6(B) ; MG 2, B3-2 ; C22 ; MG 3, B6.— Somerset House (Londres), Will and codicil of Alfred Boyd, probated 20 oct. 1908.— Manitoba Liberal (Winnipeg), 19, 26 juill., 17 nov. 1871, 26 janv. 1872.— Manitoba News-Letter (Winnipeg), 8 oct. 1870, 19 avril, 10 mai 1871.— New Nation (Winnipeg), 7 janv. 1870.— Times (Londres), 23 oct., 14 nov. 1908.— Weekly Manitoban and Herald of Rupert’s Land and North-Western Territory (Winnipeg), 22, 29 avril, 18 nov., 16 déc. 1871.— The Canadian north-west, its early development and legislative records [...], E. H. Oliver, édit. (2 vol., Ottawa, 1914–1915).— CPG.— J. J. Hargrave, RedRiver (Montréal, 1871 ; réimpr., Altona, Manitoba, 1977).— Louis Riel, les Écrits complets de Louis Riel, G. F. G. Stanley, édit. (5 vol., Edmonton, 1985).

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John L. Finlay, « BOYD, ALFRED », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/boyd_alfred_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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