CLARKE, WILLIAM FLETCHER, ministre congrégationaliste, fonctionnaire, journaliste et éditeur, né le 31 mars 1824 à Coventry, Angleterre, fils du révérend William Clarke et de Mary Ann Fletcher ; en 1844, il épousa Mary Ann Lyle, et ils eurent trois fils et quatre filles ; décédé le 25 septembre 1902 à Guelph, Ontario.

En 1837, la Colonial Missionary Society de l’Église congrégationaliste d’Angleterre affecta le père de William Fletcher Clarke à London, dans le Haut-Canada. Il fonda une église dans le village et acheta, non loin de là, 40 acres de forêt qu’il défricha et se mit à cultiver avec l’aide de ses fils. William Fletcher Clarke fit ses études à la Congregational Academy de Toronto. Ordonné en 1844, il fut durant deux ans ministre de Burford et Norwich. Ensuite, il accepta un poste à London et l’occupa jusqu’en 1853. Pendant cette période, il fut surintendant des écoles de la ville et secrétaire du bureau d’Éducation du comté ; en outre, il participa à la mise sur pied de la société locale de lutte contre l’esclavage. En 1854, il fonda le Canadian Independent ; c’était l’organe de l’Église congrégationaliste du Canada, et il en fut rédacteur en chef durant deux ans, soit jusqu’à ce qu’on doive mettre fin à cette publication pour des raisons financières. En 1855–1856, il fut président de la Congregational Union of Canada.

Affecté en 1857 à Waukesha, dans le Wisconsin, Clarke accepta deux ans plus tard d’être missionnaire à Victoria, dans l’île de Vancouver. Non seulement y construisit-il une église, mais il aida à organiser une branche de la Young Men’s Christian Association, une société de réforme du suffrage et un groupe de tempérance, la Dashaway Society. À la tête d’un mouvement local de protestation, il réussit à empêcher le gouverneur James Douglas* de faire de l’Église d’Angleterre l’Église officielle de la colonie. Peu après son arrivée, on lui avait adjoint le révérend Matthew Macfie, avec qui il ne tarda pas à avoir un différend au sujet des Noirs de la congrégation. Macfie voulait leur assigner des places à l’écart des autres dans l’église ; Clarke, lui, croyait qu’on devait les intégrer. Macfie établit une deuxième église et une grande partie des fidèles, en désaccord avec Clarke, le suivirent. En outre, il fit circuler une pétition, à la suite de laquelle la Colonial Missionary Society remercia Clarke de ses services. Cependant, Clarke avait l’appui de la Congregational Union of Canada, qui recueillit des fonds pour l’aider à payer son église et tint un vote de blâme contre la société missionnaire.

De retour dans le Haut-Canada en 1860, Clarke accepta un poste à Guelph. Il y exercerait le ministère durant 13 ans et s’y signalerait surtout en construisant une église. Pendant cette période, il fut rédacteur en chef du Sunday School Dial, petit mensuel religieux pour enfants, et se mit à écrire beaucoup sur l’agriculture. En outre, le Patriot de Londres le prit comme correspondant au Canada.

En 1863, Clarke commença à tenir régulièrement une chronique d’agriculture dans le Montreal Witness ; il la signait « Lindenbank », du nom de la ferme qu’il possédait en bordure de Guelph. L’année suivante, George Brown*, du Globe de Toronto, le nomma rédacteur en chef du Canada Farmer. L’équipe de rédaction était talentueuse et comptait bon nombre des agronomes les plus éminents de la province, dont Delos White Beadle et Andrew Smith. Pourtant, le journal était très critiqué. Une lettre parue dans ses pages en 1864 et signée « Harry Homespun, back in the bush » rend bien compte du mécontentement des lecteurs ; on y disait que le journal « préconis[ait] un type d’agriculture trop avancé et trop faste ». Le Canada Farmer prônait l’exploitation scientifique des fermes en mettant l’accent sur la diversification et la rotation des cultures, et affirmait avec conviction que tenir une ferme était une profession qui s’apprenait. C’est pendant cette période que Clarke conçut une passion pour l’apiculture et qu’on lui demanda d’écrire à ce sujet dans le Canada Farmer. En 1869, il quitta le journal pour fonder sa propre publication, l’Ontario Farmer, mais sa parution dut cesser au bout de deux ans.

La fondation d’un collège d’agriculture en Ontario était l’un des sujets de prédilection des éditoriaux de Clarke. C’est pourquoi, en 1869, John Carling*, commissaire de l’Agriculture dans le gouvernement provincial de John Sandfield Macdonald*, lui demanda de procéder à une étude sur les collèges d’agriculture des États-Unis et de lui soumettre un projet. L’année suivante, dans son rapport, Clarke recommanda de choisir une « municipalité rurale de taille suffisante pour offrir des installations communautaires et commerciales, et [située] au centre d’une riche région agricole ». Il recommanda aussi de suivre l’exemple des collèges américains, particulièrement le Michigan State Agricultural College, où les étudiants devaient non seulement suivre des cours, mais aussi faire des travaux manuels. D’abord, la province acquit un terrain près de Mimico (Toronto) en 1871. Clarke trouvait que cet emplacement ne convenait pas, mais rien n’indique qu’il fut pour quelque chose dans le choix de Guelph, près d’où on établit en 1874 l’Ontario School of Agriculture and Experimental Farm. Clarke semblait le candidat tout indiqué pour la fonction de directeur du collège, mais elle alla à Henry McCandless. Cependant, Clarke fut nommé rector en avril 1874. Les deux hommes ne s’entendaient pas du tout. Dès le 2 juin, Clarke démissionna en se plaignant de la « tyrannie et [de l’]incompétence » de McCandless. Celui-ci, de son côté, accusa Clarke de miner son autorité, de vendre des racines de rhubarbe au collège à un « prix exorbitant » et de jouer aux cartes avec les étudiants. À la suite d’une enquête, on blanchit Clarke de ces accusations et l’on demanda la démission de McCandless. On retrouve régulièrement ce genre d’affrontement dans la vie de Clarke ; étant porté « à cogner dur et à parler sans détour, il était souvent dans l’eau chaude », dirait une notice nécrologique.

Après sa démission, Clarke réintégra ses fonctions de ministre : jusqu’en 1888, il les exerça à Speedside, Listowel et St Thomas. En outre, il publia à nouveau des articles sur l’agriculture en s’associant au Rural Canadian and Grange Record (Toronto) ; cette revue parut de 1885 à 1898, mais on ne sait pas exactement pendant lesquelles de ces années Clarke y collabora. Toujours passionné d’apiculture, il écrivit A bird’s-eye view of bee-keeping, paru à Beeton, en Ontario, en 1886, donna des conférences sur le sujet à l’Ontario School of Agriculture, dirigea l’American Bee Journal (Philadelphie, etc.) et fut président de la Bee-Keepers’ Association of Ontario, constituée juridiquement en 1886. Il figura aussi parmi les membres et les administrateurs de bon nombre d’autres organismes, dont la Dairymen’s Association of Western Ontario, fondée en 1877, et la Poultry Association of Ontario, formée deux ans plus tard. Réputé pour ses conférences sur l’agriculture, il prenait la parole devant des organismes locaux et provinciaux. Ses conférences ressemblaient à ses écrits : elles étaient spirituelles, intelligentes, truffées d’allusions à la religion, au monde littéraire et à la musique ; dans l’ensemble, Clarke adoptait un style direct.

À compter de 1888, William Fletcher Clarke vécut à Guelph, où il avait des propriétés. Jusqu’à sa mort, qui survint dans cette ville en 1902, il continua de prêcher en tant que ministre suppléant, participa aux affaires publiques, dirigea une foire locale et aida à aménager des parcs.

S. Lynn Campbell

Les publications de William Fletcher Clarke comprennent les ouvrages suivants : Baptism : who are the subjects ; and what is the mode ? being the substance of two discourses preached in the Congregational Chapel, London, C.W., Dec. 9th, 1849 (London, [Ontario], 1849) ; A mother in Israel ; or some memorials of the late Mrs. M. ALyle, by her sons-in-law (Toronto, 1862), avec R. L. Tucker ; « The history of nonconformity in England in 1662 », Canadian bicentenary papers (Toronto, 1862) (document no 1) ; « In memoriam » ; the late Rev. John Roaf, Toronto, MDCCCLXIII (Toronto, [1863 ?]) ; Review of a discourse preached by the Rev. T S. Ellerby in Zion Church, Toronto, Oct. 30, 1864 [...] ([Toronto ?, 1864 ?]) ; et In memoriam : a discourse occasioned by the death of the late A. W. Lillie, esq., and delivered in the Congregational Church, Guelph, on sabbath evening, October 18th, 1868 [...] ([Guelph, Ontario, 1869]). Clarke a aussi rédigé, avec Edward Hartley Dewart, Lord Tennyson’s pessimism : poems on « Locksley Hall, sixty years after » (St Thomas, Ontario, 1892).

Une liste des textes de Clarke sur l’agriculture figure dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald) ; on trouve aussi de nombreux articles en ce domaine dans le Canadian Bee Journal (Beeton, Ontario), ainsi que des textes rédigés pour l’Annual report (Toronto) de la Bee-Keepers’ Assoc. of Ontario et pour le Canadian Horticulturist (Toronto). De plus, un manuscrit de Clarke daté de 1891 et intitulé « A history of the Ontario Agricultural College » est conservé à la Univ. of Guelph Library, Arch. and Special Coll.

AN, RG 31, C1, 1871, Guelph.— EUC, British Columbia Conference Arch. (Vancouver), F. E. Runnalls, « Two pioneer ministers in Victoria » (photocopie, s.d. ; un exemplaire est déposé dans les dossiers du DBC).—Warwickshire County Record Office (Warwick, Eng.), Vicar Lane Congregational Church (Coventry), RBMS, 6 janv. 1823, 31 mars 1824.— Evening Mercury (Guelph), 25 sept. 1902.— C. A. Burrows, The annals of the town of Guelph, 1827–1877 (Guelph, 1877).— Canadian album (Cochrane et Hopkins).— The Canadian Congregational year book (Toronto), 1903–1904 : 11.— The chronicle of a century, 1829–1929 : the record of one hundred years of progress in the publishing concerns of the Methodist, Presbyterian, and Congregational churches in Canada, L. [A.] Pierce, édit. (Toronto, 1929).— « The Congregational churches of Canada : a statistical and historical summary », Douglas Walkington, compil. (texte polycopié, [Toronto], 1979 ; un exemplaire est déposé aux EUC-C).— Église presbytérienne du Canada, affiliée à l’Église d’Écosse, Ecclesiastical and Missionary Record (Toronto), 16 (1859–1860).— Dairymen’s Assoc. of Ontario, Annual report (Toronto), 1870–1876 ; par la suite, Dairymen’s Assoc. of Western Ontario, Annual convention (Toronto), 1878–1885 ; par la suite, Ontario, Dept. of Agriculture, Annual report (Toronto), 1886–1900.— History of the county of Middlesex [...] (Toronto et London, 1889 ; réimpr., introd. de D. [J.] Brock, Belleville, Ontario, 1972).— L. A. Johnson, History of Guelph, 1827–1927 (Guelph, 1977).— G. H. Knighton, « A brief history of the Guelph Congregational Church », G. M. Shutt, édit., OH, 54 (1962) : 203.— A. J. Madill, History of agricultural education in Ontario (Toronto, 1930).— « Ministers of the Presbyterian Church in Canada, 1875–1925 : ministerial summary from Acts and proceedings of the General Assembly », Douglas Walkington, compil. (texte polycopié, [Toronto], 1987 ; exemplaire déposé aux EUC-C).— Morgan, Bibliotheca canadensis.— Ontario, Legislature, Sessional papers, 1874, no 23.— A. M. Ross, The college on the hill : a history of the Ontario Agricultural College, 1874–1974 (Vancouver, 1974).

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S. Lynn Campbell, « CLARKE, WILLIAM FLETCHER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/clarke_william_fletcher_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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