COGSWELL, ALFRED CHIPMAN, dentiste, né le 17 juillet 1834 à Upper Dyke Village, Nouvelle-Écosse, fils aîné de Winckworth Allan Cogswell et de Caroline Elizabeth Barnaby, petit-neveu de Henry Hezekiah Cogswell* et petit-cousin d’Isabella Binney Cogswell* ; le 8 octobre 1858, il épousa Sarah A. Parker, de Bangor, Maine, et ils eurent deux fils ; décédé le 10 juillet 1904 à Wolfville, Nouvelle-Écosse.

Alfred Chipman Cogswell s’inscrivit à l’Acadia College de Wolfville en 1849, mais, deux ans plus tard, pour des raisons de santé, il s’installa à la ferme de ses parents près de Portland, dans le Maine. En 1852, il devint apprenti chez le dentiste Edwin Parsons, de Portland. Une fois ses quatre ans d’apprentissage terminés, il ouvrit un cabinet, d’abord à Portland, puis à Wakefield, dans le Massachusetts. De retour en Nouvelle-Écosse en 1858, il exerça à Halifax durant trois ans avec un associé du nom de Lawrence Edward Van Buskirk. Il travailla ensuite seul, puis s’associa en 1867 à John L. MacKay. En 1869, il étudia au Philadelphia Dental College, où il obtint la même année un doctorat en chirurgie dentaire. Il retourna exercer à Halifax et réussit assez bien. Par la suite, il eut pour associé son fils Arthur Wellesley. Conseiller presbytéral à l’église presbytérienne St Matthew, membre de l’Association for Improving the Condition of the Poor, il fut à un moment donné conseiller municipal de Dartmouth et eut des intérêts dans plusieurs entreprises, notamment la Forbes Manufacturing Company Limited et la Dartmouth Electric Light Company. Il voyageait fréquemment pour des raisons de santé. On a de bonnes raisons de croire qu’il souffrait de tuberculose. Son état s’aggrava dans les trois ou quatre dernières années de sa vie.

Cogswell est important parce qu’il fit campagne pour que la dentisterie acquière le statut de profession autonome – objectif qui fut atteint assez tard en Nouvelle-Écosse. En 1869, lui-même et des collègues adressèrent une pétition à la Chambre d’assemblée pour qu’elle adopte un projet de loi qui les habiliterait à réglementer la pratique de l’art dentaire. Leur requête faisait valoir que le dentiste n’exerçait plus simplement un art mécanique, et qu’il devait faire des diagnostics et soigner par la chirurgie et la pharmacothérapie, ce qui exigeait de solides connaissances médicales, la maîtrise de l’antisepsie et la capacité de pratiquer l’anesthésie générale. L’Assemblée adopta un projet de loi en 1870, mais le Conseil législatif le rejeta.

D’autres tentatives, en 1871 et en 1883, échouèrent aussi. Le Medical Act de 1872 vint reconnaître l’autonomie professionnelle des médecins, mais les dentistes, eux, n’étaient pas encore considérés comme des experts. Certains hommes politiques résistaient à leurs arguments, et l’attitude du dentiste Louis De Chevry ne faisait que les y encourager. Depuis 1869, De Chevry annonçait des rabais dans les journaux. En plus, il s’en prenait aux dentistes soucieux de réforme dans des discours qui influençaient sûrement bien des législateurs et leurs mandants. En 1871, certains députés trouvaient que le projet de loi avait l’air « dirigé contre un seul individu » que les réformateurs voulaient empêcher d’exercer afin de pouvoir hausser leurs honoraires. Depuis que De Chevry exerçait, notaient-ils, le prix des soins dentaires avait « baissé de moitié ».

D’autres facteurs, non moins importants, nuisaient à l’organisation de la profession. Pour étudier l’art dentaire dans un établissement d’enseignement, il fallait sortir de la Nouvelle-Écosse ; la plupart des aspirants étaient apprentis chez des dentistes de la province. Le mouvement de réforme avait à sa tête un petit groupe de diplômés dont l’objectif, relever les critères de la profession, supposait la division des praticiens selon le type de formation reçue. Les dentistes sans diplôme répugnaient à les appuyer. Cogswell concédait que, si la requête de 1883 avait échoué, c’était en partie faute d’avoir obtenu assez de « cette assistance désirable de la part des gens de la profession ».

En 1891, cependant, l’équilibre des forces n’était plus le même : la moitié de ceux qui s’inscrivaient pour exercer étaient des diplômés. Cette année-là, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse adopta un projet de loi qui constituait juridiquement une association provinciale de dentistes et l’autorisait à former un conseil qui fixerait des normes minimales en matière de formation, ferait passer des examens aux candidats et délivrerait les permis. Alfred Chipman Cogswell fut le premier président de ce conseil. Il fut aussi à l’occasion corédacteur en chef du Dominion Dental Journal, de Toronto, dans lequel il publia des articles sur l’art dentaire en Nouvelle-Écosse et sur l’éthique, de même que des souvenirs personnels.

Sheila M. Penney

Plusieurs articles publiés par Alfred Chipman Cogswell ont paru dans le Dominion Dental Journal (Toronto) : « Dentistry in the province of Nova Scotia – past and present », 1 (1889) : 55–57 ; « Professional advice », 3 (1891) : 49s. ; « Ethics : a paper read before the Nova Scotia Dental Association, at their annual meeting, at Halifax, September 30th, 1891 », 4 (1892) : 3–5 ; et « Dentistry : past, present and future », 5 (1893) : 169–176.

         Morning Chronicle (Halifax), 20 janv. 1869.— Annuaire, Halifax, 1869–1870.— Biographical review [...] of leading citizens of the province of Nova Scotia, Harry Piers, édit. (Boston, 1900).— « Dr. A. C. Cogswell », Dominion Dental Journal, 4 : 1s. (gravure du sujet en regard de la page 1).— Eaton, Hist. of Kings County.— D. W. Gullett, A history of dentistry in Canada (Toronto, 1971).— E. O. Jameson, The Cogswells in America (Boston, 1884).— « Legislation in Nova Scotia », Dominion Dental Journal, 3 : 117–119.— K. M. Ludmerer, Learning to heal : the development of American medical education (New York, 1985).— N.-É., House of Assembly, Debates and proc., 15 mars 1871.— « Nova Scotia Dental Association » (rapport de la première assemblée annuelle par Frank Woodbury), Dominion Dental Journal, 4 : 15–18.— S. M. Penney, « Marked for slaughter » : the Halifax Medical College and the wrong kind of reform, 1868–1910 », Acadiensis (Fredericton), 19 (1989–1990), no 1 : 27–51.

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Sheila M. Penney, « COGSWELL, ALFRED CHIPMAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cogswell_alfred_chipman_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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