BOURDON, MARGUERITE, dite de Saint-Jean-Baptiste, hospitalière augustine de l’Hôtel-Dieu de Québec, une des fondatrices de l’Hôpital Général, née à Québec le 12 octobre 1642 de Jean Bourdon*, procureur général de la Nouvelle-France, et de Jacqueline Potel, décédée le 11 octobre 1706.
Marguerite, une des quatre filles issues du premier mariage de Jean Bourdon, fut élevée chez les religieuses, à l’instar de ses sœurs, Geneviève, Anne et Marie. Elle demeura jusqu’à l’âge de 14 ans chez les Ursulines. Bien que celles-ci eussent « fort souhaité l’avoir », elle retourna chez ses parents qui la trouvaient trop jeune pour décider de son avenir. Aimée et recherchée dans la société qu’elle fréquentait – Jean de Lauson*, le fils du gouverneur, demanda même sa main –, elle n’en choisit pas moins d’entrer chez les Hospitalières de l’Hôtel-Dieu. Elle y fut reçue le 23 janvier 1657 et fit profession le 15 octobre 1658 sous le nom de Saint-Jean-Baptiste.
À l’Hôtel-Dieu, Marguerite joue un rôle de plus en plus important. Son zèle pour le service des pauvres la fait désigner souvent au poste de seconde puis de première hospitalière. Elle est nommée sacristine à cause de sa piété. Enfin, son sens de l’ordre et de l’exactitude favorise, par deux fois, son élection comme assistante.
La fondation de l’Hôpital Général vient bouleverser un peu cette existence paisible. Dès son arrivée en Nouvelle-France en 1688, Mgr de Saint-Vallier [La Croix], voulant fonder un hôpital pour les invalides, achète une maison dans la haute ville de Québec et la confie à la Congrégation de Notre-Dame. En 1692, l’hospice est déménagé au couvent de Notre-Dame-des-Anges [V. Filiastre] sur les bords de la rivière Saint-Charles et les Hospitalières de l’Hôtel-Dieu sont demandées pour diriger ce nouvel hôpital. Elles veulent d’abord refuser et proposent d’ériger plutôt une annexe à leur monastère où seraient soignés les infirmes ; Mgr de Saint-Vallier n’accepte pas et insiste auprès des religieuses qui doivent finalement se rendre aux désirs de l’évêque. En 1693, elles signent donc le contrat de fondation et désignent quatre religieuses. Marguerite Bourdon est une de ces élues avec deux autres religieuses de chœur, mères Louise Soumande de Saint-Augustin et Geneviève Gosselin de Sainte-Madeleine, et une converse, sœur Madeleine Bâcon de la Résurrection. Elles s’installent dans leur nouveau couvent le 1er avril 1693 ; mère Saint-Jean-Baptiste, sans être désignée comme supérieur mais à titre d’ancienne, y est chargée de guider ses compagnes sous l’autorité de la supérieure de l’Hôtel-Dieu, mère Juchereau de Saint-Ignace [Juchereau de La Ferté]. C’est d’ailleurs Louise Soumande de Saint-Augustin qui est élue supérieure aux premières élections de 1694.
Dans cet hospice où le travail ne manque pas, mère Saint-Jean-Baptiste se dépense sans compter. En 1699, elle est prise d’un crachement de sang et d’une dangereuse maladie de poitrine. Comme la maladie se prolonge, on la transporte à l’Hôtel-Dieu pour mieux la soigner. Elle n’en revient qu’après six semaines, un peu mieux mais non parfaitement guérie, et elle doit demeurer un certain temps sans travailler, ce qui ne l’empêche pas d’être élue assistante en avril 1699.
Ces élections étaient d’autant plus importantes qu’une ordonnance de Mgr de Saint-Vallier venait de séparer les deux communautés de l’Hôtel-Dieu et de l’Hôpital Général, mesure qui faillit entraîner la disparition de cette dernière institution. En effet, les religieuses de l’Hôtel-Dieu ayant présenté un mémoire au comte de Pontchartrain [Phélypeaux] pour faire préciser certains points, le ministre ordonna la dissolution de la communauté de l’Hôpital Général et le transfert de toutes les religieuses à l’Hôtel-Dieu. Mais les autorités de la colonie cherchèrent un moyen d’atténuer l’ordre et décidèrent de ne renvoyer à la maison mère que la supérieure, mère Gabrielle Denis de l’Annonciation, et les novices. Mgr de Saint-Vallier passa lui-même en France et réussit à sauver son œuvre et la jeune communauté ; les religieuses retournèrent à l’Hôpital Général.
Marguerite Bourdon mourut le 11 octobre 1706. La mère Saint-Augustin lui rendit cet ultime hommage : « Comme j’ai toujours été chargée des affaires temporelles, ce m’était un grand soulagement d’avoir en elle un soutien pour maintenir au-dedans la régularité par son exemple. [...] [Elle a] donné aux jeunes sœurs de grands exemples de ferveur, de régularité et de mortification. Nous avons la consolation, au milieu de nos douleurs, de la voir mourir comme elle avait vécu, portant le précieux caractère de la prédestination ».
Juchereau, Annales (Jamet).— Casgrain, Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec.— Monseigneur de Saint-Vallier et l’Hôpital Général de Québec.
Nive Voisine, « BOURDON, MARGUERITE, dite de Saint-Jean-Baptiste », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bourdon_marguerite_2F.html.
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Auteur de l'article: | Nive Voisine |
Titre de l'article: | BOURDON, MARGUERITE, dite de Saint-Jean-Baptiste |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |