Titre original :  John Irvine Davidson. From the Regimental Collection courtesy of the 48th Highlanders Trusts, Toronto, Ontario.

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DAVIDSON, JOHN IRVINE, homme d’affaires, fonctionnaire et officier de milice, né le 17 novembre 1854 à Wartle, Aberdeenshire, Écosse, sixième fils de Samuel Davidson, médecin, et de Margaret Watson ; le 20 novembre 1878, il épousa à Toronto Mary Hay, et ils eurent deux filles et un fils ; décédé dans cette ville le 28 avril 1910.

John Irvine Davidson fit ses études à l’école paroissiale de Wartle et à Aberdeen. Sa formation pratique commença à Londres, où il s’initia au commerce du thé et des vins. Indépendant d’esprit mais non de fortune, il immigra au Canada vers 1872. Peu après, la George Michie and Company, entreprise d’épicerie en gros de Toronto, le prit comme vendeur. Puis il travailla quelque temps à Montréal chez un autre grossiste, la James Jack and Company, mais son mariage en 1878 avec Mary Hay, fille du fabricant de meubles et député fédéral torontois Robert Hay*, resserrèrent ses attaches avec Toronto.

Davidson se fixa dans cette ville au plus tard en 1880. À ce moment-là, il était encore voyageur de commerce, mais il ne tarda pas à devenir directeur de l’épicerie en gros de John Charles Fitch, rue Yonge, et s’associa à Fitch dès 1881. Lorsque celui-ci prit sa retraite, moins de sept ans plus tard, Davidson acheta sa part. Il s’associa alors à son beau-frère, John Dunlop Hay. Quelques années leur suffirent pour se hisser au rang des principaux épiciers grossistes du pays. Davidson se lança aussi dans le courtage en gros du bois et des produits d’épicerie, mais avec moins de bonheur.

Tandis que la Davidson and Hay réussissait à survivre aux changements de la conjoncture économique (l’entreprise serait constituée juridiquement en société en 1896), son président se faisait de plus en plus remarquer dans le milieu des affaires. Davidson fit partie du groupe de marchands qui, à compter des années 1880, dans l’espoir d’avoir un meilleur service ferroviaire et un tarif concurrentiel de transport pour leurs marchandises, soutinrent la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique dans sa lutte contre le Grand Tronc pour s’assurer une place de choix sur l’Esplanade de Toronto. Probablement pour des motifs semblables, Davidson décida en 1895 de promouvoir la Toronto and Montreal Steamboat Company. Son élection en 1904 à la vice-présidence, pour l’Ontario, de la Dominion Wholesale Grocers’ Guild témoigne de son importance parmi les épiciers. Il travailla également dans le secteur financier. Membre du conseil d’administration de la Banque canadienne de commerce à compter de 1886, il en devint vice-président en 1890. Il fut aussi administrateur de la Home Bank of Canada et vice-président de la Union Trust Company. Cette société de fiducie avait été formée en 1900 par l’Independent Order of Foresters, association d’entraide très active dans le domaine de l’assurance-vie [V. Oronhyatekha]. En 1906, la commission royale sur l’assurance-vie s’intéressa aux relations entre l’ordre et la société de fiducie, et notamment à leurs méthodes d’investissement discutables. Davidson témoigna devant elle.

Le profil de carrière de Davidson s’enrichit de sa participation au Bureau de commerce de Toronto à compter de 1883. Son mandat de deux ans à la présidence (1890–1891) fut marqué par l’achèvement du nouvel édifice du bureau. Un scandale avait entouré la construction de ce bâtiment imposant, mais dans ses rapports annuels, Davidson semblait préoccupé par des problèmes hors de la région. À propos du commerce impérial, il insistait sur la nécessité de conclure avec la Grande-Bretagne un traité qui donnerait aux produits canadiens la préférence sur les produits américains. Il défendrait cette position à Londres en 1892 au deuxième congrès des chambres de commerce de l’Empire. (Cinq ans plus tard, les membres du Bureau de commerce de Toronto exulteraient en apprenant la réduction du tarif sur les produits d’importation d’origine britannique.) En Ontario, où une commission royale avait souligné l’abondance des richesses minières du nord de la province, Davidson annonçait que Toronto, en tant que centre financier et industriel, jouerait un rôle dans leur mise en valeur. La Canadian Copper Company invita des représentants du bureau à visiter ses mines de Sudbury en décembre 1890 [V. Samuel J. Ritchie], ce qui permit à Davidson de constater la situation sur place. Peu après son retour, il rapporta au bureau : « Je trouve difficile de rester dans les limites de la modération quand je songe au potentiel de ces gisements de nickel que nous avons dans le nord. » Apparemment, son intérêt se porta vers des métaux plus précieux avant la fin de la décennie, moment où il devint président de la Cobalt Silver-Queen Limited et de la St Paul Gold Mining Company.

Davidson ne négligeait pas sa ville pour autant. Dans le rapport de 1891 qu’il signa à titre de président du Bureau de commerce, il préconisait de construire des fonderies, des usines et des entrepôts sur les terrains que l’on gagnerait en remplissant les marais pollués de la baie Ashbridges, à l’extrémité est du port de Toronto. La question n’était pas de savoir s’il fallait exécuter ces travaux, mais qui les ferait : un syndicat privé ou la municipalité. Citant en exemple l’aménagement réussi de la baie Back de Boston par le Massachusetts, Davidson exposait une série de justifications dont le Bureau de commerce allait se servir abondamment dans sa campagne pour revitaliser l’administration locale du port, campagne qui déboucherait sur la formation de la Toronto Harbour Commissioners en 1911, puis sur le lancement des travaux en 1914.

Davidson reconnaissait non seulement que la municipalité se devait d’offrir l’infrastructure nécessaire à une population et à une économie en pleine croissance, mais aussi que cette infrastructure devait être administrée par des gens qualifiés. Pour lui, cela excluait les conseillers municipaux et surtout « les politiciens de quartier, les ligueurs et les représentants des sociétés qui [tenaient la ville] sous leur coupe ». Il était irrité de voir que, en 1890, administrer Toronto avait coûté plus cher que gouverner la province. Dans l’espoir de faire avancer la cause de la réforme municipale, il soutint la candidature d’Edmund Boyd Osler* à la mairie pour les années 1891–1892, ce qui lui attira énormément de critiques, surtout de la part du News de Toronto. « Nous n’avons pas une opinion publique éclairée, répliqua-t-il, [et] nous ne pouvons pas espérer en avoir une tant que les contribuables ne considéreront pas les affaires municipales comme leurs propres affaires. C’est pourquoi j’insiste pour que le Bureau de commerce examine les questions municipales. » Les remarques de ce genre montrent que les membres du bureau avaient l’habitude de penser que les intérêts de Toronto devaient être associés étroitement aux intérêts des marchands torontois.

Ceux qui tentèrent à plusieurs reprises de convaincre Davidson de se présenter à la mairie ou encore de briguer un siège aux Communes ou à l’Assemblée législative sous la bannière libérale-conservatrice partageaient ce point de vue. Davidson refusa de se présenter à la fois à cause de ses affaires et de son aversion pour la notoriété, mais à l’occasion, il s’aventura sur la scène publique. Pendant la campagne électorale municipale de décembre 1894 –janvier 1895, il fut président du Citizens’ Civic Reform Committee. En outre, le 3 avril 1905, le gouvernement provincial de James Pliny Whitney* le nomma commissaire aux permis d’alcool, avec Joseph Wesley Flavelle* et John Alexander Murray. Chargés de superviser la délivrance et le renouvellement des permis ainsi que l’application des lois sur l’alcool, ils produisirent de sombres rapports sur l’ivresse et la fraude, et ils annoncèrent leur intention d’appliquer sévèrement les lois. Cependant, ils n’eurent pas le temps d’améliorer la situation. Dès le 28 novembre 1905, les trois commissaires démissionnèrent parce que leurs inspecteurs, tous des libéraux nommés, venaient d’être remplacés par des partisans conservateurs. Il s’ensuivit un débat sur le favoritisme (un des pires moments de la première année du gouvernement Whitney), débat que la renommée locale de Davidson et de ses collègues contribua à alimenter.

Bien que Davidson ait fui les feux de la rampe, il se sentait à l’aise dans l’armée. Il y mena une longue et prestigieuse carrière. Il avait commencé son entraînement en Grande-Bretagne par deux années dans le 7th Aberdeenshire Rifle Corps, après quoi il était passé au 15th Middlesex Rifle Volunteer Corps (London Scottish), puis à l’« Uxbridge Yeomanry » (probablement la Middlesex Yeomanry Cavalry). À son arrivée au Canada, il s’enrôla dans le 10th Battalion of Infantry (Royal Regiment of Toronto Volunteers), où il resta six ans et accéda au grade de capitaine. À l’été de 1891, des représentants de sociétés écossaises de Toronto se rencontrèrent en vue de former un bataillon de Highlanders semblable au 5th Battalion of Infantry (Royal Scots of Canada), un bataillon de Montréal. Cet événement marqua un tournant dans sa carrière. Tandis que le comité organisateur continuait d’exercer des pressions sur le gouvernement fédéral pour qu’il approuve la formation de cette unité, Alexander Fraser*, secrétaire de la Gaelic Society of Toronto, proposa de confier le commandement à Davidson. Celui-ci accepta cette offre conditionnelle en juillet et s’intégra au comité qui devait choisir le nom et les uniformes de l’unité, qui n’était toujours pas sanctionnée. Le département de la Milice et de la Défense refusa le nom qu’il proposait, « Queen’s Highlanders », et offrit plutôt à l’unité un numéro vacant dans l’annuaire de l’infanterie. La formation du 48th Battalion of Infantry (Highlanders) fut annoncée officiellement le 16 octobre ; le 20 novembre, Davidson fut nommé à titre provisoire lieutenant-colonel commandant, et sa nomination fut confirmée le 25 mars 1892. Suivant la suggestion de Fraser, l’unité rendit hommage à Davidson en choisissant, pour ses kilts, le tartan de Davidson.

Davidson fit progresser le régiment. Le 16 mars 1898, parvenu au terme de son service, il abandonna le commandement et accepta le poste de lieutenant-colonel honoraire. En 1905, il prit la tête de la 16th Infantry Brigade de Toronto. En 1907, sir Henry Mill Pellatt* fut promu au grade de colonel commandant du 2nd Regiment (Queen’s Own Rifles of Canada) de préférence à 140 officiers supérieurs inscrits dans l’annuaire de l’armée active. Cette promotion suscita un débat houleux et fut, dit-on, l’une des raisons pour lesquelles Davidson démissionna de l’infanterie cette année-là.

Au début du xxe siècle, John Irvine Davidson était un homme très influent et éminemment respecté. La presse sollicitait son avis sur des questions très diverses, par exemple l’augmentation des salaires des députés fédéraux et des juges en 1905, la défense navale de l’Empire en 1909. Il fut président de la St Andrew’s Society et des Sons of Scotland ; pendant plusieurs années, il occupa aussi le poste de président du conseil d’administration de l’église presbytérienne St Andrew. En outre, il fut trésorier de la Toronto Humane Society et vice-président de l’Association ambulancière Saint-Jean. Cependant, au moment même où l’on faisait de plus en plus appel à lui en dehors de ses cercles professionnels, il apprit qu’il était atteint du cancer. Il mourut en avril 1910, moins d’un an après le diagnostic. Les funérailles eurent lieu en l’église St Andrew en présence du lieutenant-gouverneur John Morison Gibson*, de fonctionnaires de la ville et d’officiers de toutes les unités de la garnison de Toronto. La foule se massa dans les rues pour voir le défilé militaire qui conduisait la dépouille au Mount Pleasant Cemetery. Tandis que passait la garde des Highlanders, les curieux aperçurent une longue suite de kilts Davidson. Encore aujourd’hui, les Highlanders portent ces uniformes qui perpétuent la mémoire de John Irvine Davidson.

Michael B. Moir

St Andrew’s Church (Presbyterian) (Toronto), Reg. of marriages, no 745 (mfm aux AO).— Evening Telegram (Toronto), 30 avril 1910.— News (Toronto), 1891–1892.— Toronto Daily Star, 29 avril 1910.— Annuaire, Toronto, 1875–1911.— Armstrong et Nelles, Revenge of the Methodist bicycle company.— Michael Bliss, A Canadian millionaire : the life and business times of Sir Joseph Flavelle, bart., 1858–1939 (Toronto, 1978).— Canada Gazette, juill.–déc. 1891 : 978 ; janv.–juin 1892 : 2001.— Canadian annual rev. (Hopkins), 1901–1910.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Alexander Fraser, The 48th Highlanders of Toronto, Canadian militia ; the origin and history of this regiment and a short account of the Highland regiments from time to time stationed in Canada (Toronto, 1900).— Hist. of Toronto.— Frances Nordlinger Mellen, « The development of the Toronto waterfront during the railway expansion era, 1850–1912 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1974).— S. C. Parker, The book of St. Andrew’s : a short history of St. Andrew’s Presbyterian Church, Toronto (Toronto, 1930).— G. H. Stanford, To serve the community : the story of Toronto’s Board of Trade (Toronto, 1974).— Toronto, Board of Trade, Annual report, 1883–1910 ; cette collection se trouve à la MTRL et, sur microfilm, aux AN MG 28, III 56 (papiers du Toronto Board of Trade) ; Journal, 13 (1923), no 4, supplément spécial ; « Souvenir ».

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Michael B. Moir, « DAVIDSON, JOHN IRVINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/davidson_john_irvine_13F.html.

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Auteur de l'article:    Michael B. Moir
Titre de l'article:    DAVIDSON, JOHN IRVINE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    13 déc. 2024