GEDDIE, CHARLOTTE ANNE (Harrington), militante de l’Église presbytérienne et rédactrice en chef, née vers 1840 à l’Île-du-Prince-Édouard, fille de John Geddie* et de Charlotte Lenora Harrington MacDonald ; le 21 septembre 1865, elle épousa à Pictou, Nouvelle-Écosse, William Harris Harrington, et ils eurent trois filles et un fils ; décédée le 7 mars 1906 à Halifax.
L’enfance rurale que connaissait Charlotte Anne Geddie à Cavendish, dans l’Île-du-Prince-Edouard, allait être bouleversée, en 1846, par la décision de ses parents de devenir missionnaires aux Nouvelles-Hébrides. La famille s’arrêta en chemin à Samoa où, au grand regret de Charlotte, ses parents la laissèrent, en 1848, afin qu’elle aille étudier en Angleterre. Les lettres de sa mère montrent que la fillette trouva cette séparation très pénible. Cependant, ses parents ne voulaient pas qu’elle grandisse dans « l’atmosphère polluée » des Nouvelles-Hébrides. Elle fut placée dans un pensionnat pour les filles de missionnaires, la Walthamstow Institution, dans l’Essex.
En 1856, Charlotte Geddie quitta l’Angleterre et rejoignit ses parents à Aneityum (Anatom, Nouvelles-Hébrides), l’année suivante, impatiente d’entreprendre elle aussi du travail missionnaire. Après huit ans de séparation, elle ne reconnut pas ses parents, et elle voyait son frère John pour la première fois. Son père aménagea une petite classe où elle donnait des leçons à son frère et à sa sœur. En outre, elle aidait probablement sa mère à enseigner aux femmes autochtones. En 1859, elle dut accompagner son frère et sa sœur en Nouvelle-Écosse, où ils allaient étudier. Leurs parents, en congé, les rejoignirent en 1864. La famille se trouvait au complet pour la première fois.
L’année suivante, Charlotte Geddie épousa un marchand de Halifax, William Harris Harrington. Elle n’accompagna donc pas ses parents lorsqu’ils repartirent pour les missions en 1866. Sa décision de se fixer reflétait sans doute un désir de compenser les déchirements de sa jeunesse. Elle mena avec son mari une existence confortable dans la partie sud de Halifax. Lorsqu’il mourut, en 1902, elle s’installa dans une maison du secteur nord, où elle vécut avec ses filles Emily et Lucy jusqu’à son décès.
Comme le faisaient bon nombre de bourgeoises du xixe siècle qui avaient des moments de loisir, Mme Harrington s’engagea dans l’Église et dans des organisations de bénévoles. Membre certifiée de la congrégation presbytérienne Poplar Grove en 1867, elle passa à celle de Fort Massey quatre ans plus tard. En 1887, elle fut secrétaire de la Mayflower Mission Band, et en 1893, elle en devint présidente. Elle occupa la vice-présidence de la section Fort Massey de la Woman’s Foreign Missionary Society en 1889–1890. Elle avait fait partie du comité fondateur de la société missionnaire à Halifax en 1876, et elle en serait nommée membre à vie en 1902. En 1895, elle passa à la rédaction du mensuel de la société, le Message. Sous sa direction, il connut une expansion notable quant au volume et à la diffusion, si bien qu’elle finit par toucher chaque mois une modeste rémunération.
Au lieu de considérer ces activités extra-domestiques comme une menace pour la vie familiale, Mme Harrington faisait valoir que celle-ci allait s’améliorer si l’on s’attachait à « gagner des âmes au Christ » ; si « l’on fait du bien dans la vie de famille, est-ce qu’il n’aura pas une influence qui grandira et fleurira en dehors du foyer ? » Travailler à la société missionnaire permettait aux femmes comme elle non seulement d’acquérir des compétences en matière d’administration et d’organisation, mais aussi d’éprouver un sentiment d’accomplissement et d’appartenance qui venait de ce qu’elles se sacrifiaient à une grande cause. Comme si elle avait voulu se justifier de ne pas retourner en territoire de mission, elle dit un jour : « Nous ne pouvons pas tous être des phares ; mais ceux qui n’en sont pas peuvent être des vigiles. Et en étant des vigiles, ils servent tout autant, aux yeux du Christ, que ceux qui accomplissent la belle part du travail. »
Un témoignage datant d’après sa mort, survenue en 1906, dit : « On respectait et on estimait Mme [Charlotte Geddie] Harrington pour ses qualités propres – son intelligence, son zèle dans la poursuite du bien, l’ardeur avec laquelle elle se vouait à la promotion de l’œuvre missionnaire de l’Église ». Dans le Canada du xixe siècle, la tendance était à un élargissement du rôle des femmes, et Charlotte Harrington y participa. Peut-être sa plus grande réussite personnelle consista-t-elle à marier sphère publique et sphère privée : elle put à la fois faire du travail missionnaire et mener une vie familiale sans rupture, ce qui avait été impossible pour ses parents missionnaires.
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Bonnie Huskins, « GEDDIE, CHARLOTTE ANNE (Harrington) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/geddie_charlotte_anne_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/geddie_charlotte_anne_13F.html |
Auteur de l'article: | Bonnie Huskins |
Titre de l'article: | GEDDIE, CHARLOTTE ANNE (Harrington) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 9 déc. 2024 |