Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3216820
HINGSTON, sir WILLIAM HALES, médecin, chirurgien, professeur, auteur et homme politique, né le 29 juin 1829 dans le canton de Hinchinbrook, Bas-Canada, fils du lieutenant-colonel Samuel James Hingston et d’Eleanor McGrath ; le 16 septembre 1875, il épousa à Toronto Margaret Josephine Macdonald, fille de Donald Alexander Macdonald* (Sandfield), lieutenant-gouverneur de l’Ontario, et ils eurent cinq enfants ; décédé le 19 février 1907, à Montréal, et inhumé le 21 suivant au cimetière de Notre-Dame-des-Neiges.
D’origine irlandaise catholique, William Hales Hingston fait des études classiques sous la direction des sulpiciens au petit séminaire de Montréal de 1843 à 1844. Il travaille ensuite comme apprenti pharmacien, entre 1844 et 1847, mais, en 1848, il décide d’entreprendre des études médicales à la faculté de médecine du McGill College. Il obtient son diplôme de médecine en 1851, puis s’inscrit l’année suivante au Royal College of Surgeons of Edinburgh, où il entend parfaire ses connaissances. Il demeure en Europe après avoir reçu son diplôme de chirurgien et séjourne successivement à Londres, Dublin, Paris, Berlin, Heidelberg et Vienne.
De retour à Montréal en 1854, Hingston dessert une clientèle médicale privée tout en étant chirurgien à l’Hôtel-Dieu ; il y deviendra chirurgien en chef en 1882. Il se révèle, selon les chroniqueurs de l’époque, un chirurgien diligent, efficace et d’une « dextérité rare ». Il fait preuve d’audace dans ses interventions, notamment en 1863 quand il pratique l’ablation d’un rein atteint d’une tumeur. Il aurait été le premier au Canada, sinon dans le monde, à réaliser cette opération, comme il sera par ailleurs le premier en Amérique à procéder à l’ablation de la langue et du maxillaire inférieur en 1872.
Professeur de clinique chirurgicale à l’Hôtel-Dieu à partir de 1854, Hingston accorde beaucoup d’importance à l’examen minutieux des cas présentés aux étudiants et encourage, chose assez rare à l’époque, une présence active de ces derniers. Il démissionne de l’Hôtel-Dieu en 1871 pour participer à la fondation de la faculté de médecine du Bishop’s College, dont les locaux se trouvaient à Montréal [V. Francis Wayland Campbell]. On l’y nomme doyen et professeur de chirurgie, postes qu’il abandonne cependant la même année. Il reprend ses activités d’enseignement en 1875 au moment de sa nomination comme professeur de chirurgie à l’école de médecine et de chirurgie de Montréal. Il demeure en place au moment de la fusion de celle-ci avec la faculté de médecine de la succursale de l’université Laval à Montréal, en 1891, et reste en poste jusqu’à son décès. Il occupe aussi, au sein de l’école de médecine et de chirurgie de Montréal, les postes de président, en 1883, et de doyen, en 1887.
L’apport de Hingston à la documentation médicale est loin d’être aussi important en quantité et en originalité que l’ont prétendu certains auteurs. Outre sa contribution à la revue International Clinics, publiée à Philadelphie, on peut compter quelques articles sur la chirurgie et, plus spécifiquement, sur la lithotomie, entre 1872 et 1880, pour l’Union médicale du Canada, dont il est l’un des fondateurs, et en 1892 pour le Montreal Medical Journal, notamment un article intitulé « Address in surgery ». Hingston publie aussi un ouvrage à Montréal, en 1884, sous le titre de The climate of Canada and its relation to life and health, qualifié par un contemporain de « livre élégant et rempli d’observations intéressantes ». Il est aussi coauteur d’un ouvrage collectif publié à New York en 1889 : A reference handbook of the medical sciences.
Très actif au sein de la profession médicale et soucieux d’accroître la collaboration entre les médecins, Hingston prend part à la mise sur pied de nombreux organismes médicaux. Membre fondateur de la Montreal Medico-Chirurgical Society en 1865 et de la Canadian Medical Association en 1867, il y remplit respectivement les fonctions de président et de secrétaire. En 1886, on l’élit président du Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec, charge qu’il conserve jusqu’en 1889. Promoteur du développement hospitalier, il s’intéresse de très près à la constitution juridique du Women’s Hospital of Montreal en 1870 et du Samaritan Hospital for Women en 1895. Il s’engage fortement dans la mise en œuvre d’une politique d’hygiène visant à corriger les lacunes importantes en matière de salubrité publique à Montréal. Ainsi, en 1875, il joue un rôle décisif dans la création de la Citizens’ Public Health Association sous l’égide de laquelle sera publiée de 1875 à 1878 le Public Health Magazine and Literary Review. Cette association, dont font partie plusieurs notables de la ville, va servir de mouvement-appui à la politique sanitaire que Hingston va promouvoir en tant qu’homme public.
Hingston prend, en effet, aussi une part active à la vie municipale. Maire de Montréal de 1875 à 1877, il profite de son mandat pour proposer des mesures visant à améliorer l’état sanitaire de la ville. En 1876, il fait adopter une loi-cadre qui entraîne la réorganisation du bureau de santé municipal en en faisant un organisme permanent. Cette loi renforce la présence médicale dans l’administration sanitaire. Hingston peut donc effectuer une réforme en profondeur de l’organisation sanitaire de la ville. Ses activités d’hygiéniste se prolongent pendant l’épidémie de variole de 1885. Il est alors nommé avec, entre autres, le docteur Emmanuel-Persillier Lachapelle*, membre du bureau central de santé établi provisoirement par le gouvernement et il fait partie des médecins qui recommandent la vaccination. Aussi voit-il sa maison menacée par les émeutiers qui s’opposent à cette mesure prophylactique. Hingston reprend ses activités politiques en 1895, sur la scène fédérale cette fois, en se présentant comme candidat conservateur à l’élection partielle du 27 décembre dans la circonscription de Montréal-Centre. Il est défait par James McShane* mais, dès le 2 janvier suivant, il est nommé au Sénat.
En dépit de ses nombreuses activités, Hingston avait aussi trouvé le temps de s’intéresser aux affaires. Administrateur de la Banque d’épargne de la cité et du district de Montréal de 1875 à 1907, il en est aussi le président de 1895 à 1907. Il occupe également la présidence de la Compagnie de chemin de fer urbain de Montréal (connu avant 1886 sous la raison sociale de Compagnie de chemin de fer à passagers de la cité de Montréal), et de la Montreal Safe Deposit Company.
Au crépuscule d’une carrière fort remplie, William Hales Hingston se voit attribuer différents titres honorifiques qui témoignent du respect et de l’estime que lui portent les élites politiques et médicales du Canada et de la Grande-Bretagne. Le 15 juillet 1895, la reine Victoria lui décerne le titre de chevalier. Il accède à la vice-présidence de la British Association for the Advancement of Science et à la présidence honoraire de la British Medical Association. Il assume enfin la présidence d’honneur au Congrès international de chirurgie tenu à Paris en 1906.
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Denis Goulet et Othmar Keel, « HINGSTON, sir WILLIAM HALES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hingston_william_hales_13F.html.
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Auteur de l'article: | Denis Goulet et Othmar Keel |
Titre de l'article: | HINGSTON, sir WILLIAM HALES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 8 déc. 2024 |