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MacVICAR, DONALD HARVEY, ministre presbytérien, éducateur et auteur, né le 29 novembre 1831 près de Campbeltown, Écosse, septième garçon des 12 enfants de John MacVicar, fermier, et de Janet MacTavish ; le 1er mai 1860, il épousa Eleanor Goulding (pour qui il adopta le nom de Harvey) de Downsview (North York, Ontario), et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 15 décembre 1902 à Montréal.
En 1835, la famille de Donald MacVicar se fixa près de Chatham, dans le Haut-Canada. Enfant, Donald ne parlait que le gaélique. Il fréquenta d’abord une école locale, puis la Toronto Academy, que dirigeait le révérend Alexander Gale*, et enfin la University of Toronto. En 1855, il entra au Knox College, l’école de théologie du synode de l’Église presbytérienne du Canada (Église libre), où il subit l’influence du professeur George Paxton Young*. Pendant la deuxième et la troisième année de ses études, il enseigna les humanités et l’anglais dans une école privée que son frère Malcolm, futur chancelier de la McMaster University, tenait à Toronto. Il passa l’été de 1858 dans une mission à Collingwood, et l’année suivante, après avoir obtenu son diplôme, il fut autorisé à prêcher par le consistoire de Toronto.
Le prédicateur MacVicar attira vite l’attention. Pendant qu’il était attaché au Temperance Hall de la rue Brock, à Toronto, au moins quatre assemblées de fidèles lui demandèrent d’être leur pasteur. Il déclina leur invitation, choisissant plutôt d’être ordonné, le 19 octobre 1859, ministre de l’église Knox de Guelph, où il ne tarda pas à ranimer la ferveur des fidèles. Encouragé par Young, il accepta cependant, l’année suivante, l’invitation de la congrégation de l’église Coté Street, où se trouvait la plus nombreuse assemblée de l’Église libre à Montréal. Il y avait prêché au cours de ses études et y fut installé le 30 janvier 1861.
Grâce à l’énergie de MacVicar, l’église Coté Street vit presque doubler le nombre de ses fidèles en huit ans. D’influents hommes d’affaires tels Peter et John* Redpath ou Joseph Mackay* soutenaient les programmes d’évangélisation de cette communauté, et notamment un plan visant à fonder un collège bilingue de théologie affilié au McGill College, dont le principal mandat serait de former des ministres qui iraient œuvrer auprès des catholiques canadiens-français. En 1865, le collège presbytérien de Montréal obtint sa charte. À compter de 1867, MacVicar, qui plus tôt dans la décennie avait fait partie de plusieurs comités administratifs du Knox College, fut nommé chaque année au conseil de gestion, au conseil universitaire et au bureau des examinateurs du collège montréalais, et de 1868 à sa mort, il en présida le conseil universitaire. En juin 1868, après que Young eut décliné ce poste, il devint professeur de théologie. Le collège avait ouvert ses portes l’année précédente à dix étudiants et logeait au sous-sol de l’église presbytérienne Erskine. Avant que l’édifice du collège ne soit terminé, en 1873, soit l’année où il devint directeur, MacVicar refusa les invitations de plusieurs riches congrégations américaines. En 1874, il réussit, dans le cadre du programme d’évangélisation des Canadiens français, à faire ouvrir un département français de théologie au collège.
En 1861, donc deux ans à peine après l’ordination de MacVicar, l’Église presbytérienne du Canada avait fusionné avec l’Église presbytérienne unie au Canada pour former l’Église presbytérienne du Canada. MacVicar appartint à plusieurs comités du synode de cette nouvelle Église. De 1861 à 1868, il remplit sept mandats dans des comités de missions étrangères et intérieures. En 1867, il fut affecté à un comité d’évangélisation des Canadiens français ; il en fut à nouveau membre à compter de 1872, et président de 1879 à sa mort.
Lorsque, en 1875, les Églises presbytériennes s’unirent pour former l’Église presbytérienne au Canada, MacVicar se déclara prêt à quitter la direction du collège presbytérien advenant le cas où celui-ci fusionnerait avec le Morrin College de Québec [V. John Cook*]. Mais la nouvelle Église conserva tous les collèges de ses composantes. Cette décision leur imposa un tel fardeau financier qu’il fallut constituer des fonds de dotation. Comme le collège presbytérien allait être maintenu, MacVicar réclama en 1880 des locaux plus grands. David Morrice, riche manufacturier de Montréal, fit don d’une grande salle de réunion, d’une bibliothèque, d’un réfectoire et de dortoirs supplémentaires.
Même si MacVicar était un bon pédagogue et donnait un enseignement vivifiant, ses positions théologiques demeuraient conservatrices et son dogmatisme reflétait un calvinisme rigide que bien des jeunes presbytériens trouvaient déjà démodé. À la faveur de la « révolution théologique » qui eut lieu à la fin de l’époque victorienne, l’accent passa du rachat à l’incarnation, mais MacVicar continuait de défendre la primauté de la théologie révélée sur la théologie naturelle. Il s’opposait à la critique historique des Saintes Écritures et à l’introduction de musique instrumentale dans les offices presbytériens. Toutefois, il finit par accepter un recours modéré à la critique des sources dans les études bibliques. Au début, dans le fameux procès que le révérend Daniel James Macdonnell* subit pour « hérésie », il se rangea du côté des accusateurs, mais c’est lui qui apporta la solution grâce à laquelle, finalement, put se régler le conflit sur le droit au jugement personnel en matière doctrinale.
Comme le laissaient entendre ses contemporains, MacVicar semblait à son meilleur lorsqu’il prêchait. À l’occasion, ses longs sermons paraissaient dans le Pulpit Treasury de New York. Il publia sur un large éventail de sujets – dont les missions, l’éducation, la sociologie et le catholicisme – dans le Journal du collège presbytérien (où il fit paraître aussi un « College hymn »), dans le Teacher’s Monthly, périodique de l’Église presbytérienne destiné aux écoles du dimanche et publié à Toronto, et dans la Presbyterian Quarterly Review de Philadelphie. Pour le Westminster de Toronto, il écrivit des articles et de courtes biographies de Young, de sir John William Dawson* et de son ami Charles Chiniquy*, converti au protestantisme. Il rédigea aussi l’introduction de Forty years in the church of Christ, ouvrage de Chiniquy qui parut à Toronto en 1900. Il assista à toutes les assemblées de l’Alliance of Reformed Churches holding the Presbyterian System qui eurent lieu de son vivant : Édimbourg en 1877, Philadelphie en 1880, Belfast en 1884, Londres en 1888, Toronto en 1892, Glasgow en 1896 et Washington en 1899, et il présenta des exposés à Philadelphie, à Toronto et à Glasgow.
MacVicar s’était intéressé à l’éducation et aux missions dès les premiers temps de son pastorat. À Guelph, il avait été administrateur d’école. À Montréal, il fut secrétaire de la Protestant Educational Association et membre du Bureau des commissaires des écoles protestantes (le gouvernement provincial l’y nomma en 1865, l’en retira en 1876 et l’y nomma de nouveau en 1878). Quand il démissionna de la commission, en 1881, il en était président, mais le gouvernement l’y renomma en 1884, et il la présida encore 15 ans. En 1870, il reçut un doctorat honorifique en droit du McGill College, l’année suivante il enseigna la logique dans cet établissement, et par la suite il devint fellow de l’université. Durant sept ans, il fut membre du comité de la McGill Normal School. En 1883, le Knox College lui décerna un doctorat honorifique en théologie. On lui demandait souvent de prononcer des conférences en public, et il rédigea deux manuels d’arithmétique qui servirent dans des écoles du Québec et dans celles de l’Ontario.
MacVicar s’intéressait aux missions de la Chine et à celles qui œuvraient auprès des immigrants juifs du Canada, mais surtout aux missions destinées aux Canadiens français. Il se voua donc aux écoles de la French Canadian Missionary Society à Pointe-aux-Trembles (Montréal) [V. Olympe Hoerner*]. Il fut l’un de ceux qui invitèrent Chiniquy à Montréal, et en 1875, il le défendit au cours des manifestations qui furent dirigées contre lui. Il s’opposa aussi l’un des premiers, dans une communication faite à une conférence de l’Evangelical Alliance à Montréal, au projet de loi sur les biens des jésuites que présenta en 1888 le gouvernement d’Honoré Mercier*. Partisan du mouvement pour les « droits égaux » qui émergea par suite de l’adoption de ce projet de loi, il fut, avec Macdonnell, convocateur d’un comité formé par l’assemblée générale de l’Église presbytérienne au Canada en vue de la défense des droits civils et religieux. Il publia des lettres sur le sujet, ainsi qu’un opuscule, Roman Catholicism in Canada, en 1889, mais ne prit aucune part à l’agitation publique qui entoura l’affaire car il n’aimait pas se mêler de politique.
MacVicar prêta son concours à plusieurs autres comités permanents de l’Église. En 1876, il avait été membre du comité des missions intérieures. De 1889 à 1897, puis de 1899 à sa mort, il s’occupa des missions étrangères (division ouest). De plus, il fut membre, en 1891, du comité d’étude du financement, de 1899 à 1902 du comité sur l’observance du jour du Seigneur et sur les lois relatives à cette question et, en 1901–1902, du comité des écoles du dimanche. En 1881, on l’élut modérateur de l’Assemblée générale. Le 15 décembre 1902, après avoir présidé une réunion du comité d’évangélisation des Canadiens français, il rentra au collège presbytérien. Voyant qu’il ne se présentait pas à un cours, on se mit à sa recherche et on le trouva mort dans son bureau. Le numéro du Journal du collège qui parut après son décès contenait 15 articles et deux éloges poétiques sur les nombreuses activités auxquelles il s’était consacré pendant son ministère.
D. H. MacVicar est l’auteur de : In memoriam, a sermon preached in the Canada Presbyterian Church, Coté Street, Montreal, on sabbath, March 14th, 1869, on the occasion of the death of John Redpath, esq., Terrace Bank (Montréal, 1869) ; Recent aspects of materialism ; being a lecture delivered at the opening of the session of 1871–72, of the Presbyterian College, Montreal (Montréal, 1871) ; A complete arithmetic, oral and written, designed for the use of common and high schools and collegiate institutes (Montréal, 1879) ; A primary arithmetic : including oral, slate, and written exercises (Montréal, 1879 ; réimpr., 1884) ; Hindrances and helps to the spread of Presbyterianism (Toronto, 1879) ; Moral culture : an essential factor in public education, an address delivered before the Ontario Teachers’ Association, Toronto, August 14th, 1879 (s.l., s.d.) ; The teacher in the study and in the classroom, an address delivered before the Quebec Teachers’ Association, at Quebec, Oct. 17, 1879 (Montréal, 1880) ; Questions of the day : lectures delivered in the David Morrice Hall, Montreal, in 1883–84 (Montréal, 1885) ; Roman Catholicism in Canada [...] (Montréal, 1889) ; The teacher reproduced in the pupil : an address delivered before the Provincial Sunday School Convention, Montreal, January 30th, 1890 (Montréal, [1890]) ; The office and work of elders (Montréal, 1894 ; 2e éd., 1895).
AC, Montréal, État civil, Presbytériens, Crescent Street Church (Montréal), 18 déc. 1902.— J. H. MacVicar, Life and work of Donald Harvey MacVicar, D.D., LL.D. (Toronto, 1904).— H. K. Markell, History of the Presbyterian College, Montreal, 1865–1986 (Montréal, 1987).— G. C. Pidgeon, « Principal MacVicar – a leader in French evangelization », Missionary pathfinders : Presbyterian laborers at home and abroad, W. S. MacTavish, édit. (Toronto, 1907).— Presbyterian (Toronto), nouv. sér., 1 (juill.–déc. 1902) : 774–775.— Presbyterian College of Montreal, Journal, 22 (1902–1903) : 169–246.— Presbyterian Record, 28 (1903) : 3.
John S. Moir, « MacVICAR, DONALD HARVEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/macvicar_donald_harvey_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/macvicar_donald_harvey_13F.html |
Auteur de l'article: | John S. Moir |
Titre de l'article: | MacVICAR, DONALD HARVEY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 11 déc. 2024 |