Titre original :  From a cabinet portrait of Joseph McCausland. Undated. Source: Marika I. Pirie (great great grand-daughter). From: https://www.findagrave.com/memorial/180389567/joseph-mccausland

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McCAUSLAND, JOSEPH, peintre, décorateur, verrier et fabricant de vitraux, né le 10 février 1828 dans le comté d’Armagh (Irlande du Nord), fils de Robert McCausland, manœuvre, et de Mary Jackson ; en 1850, il épousa à Toronto Elizabeth Key (décédée en 1876), puis le 23 avril 1878, dans le canton de Raleigh, Ontario, Martha Heas, veuve du révérend James Boyse ; il eut huit filles et quatre fils ; décédé à Toronto le 3 mai 1905.

Joseph McCausland immigra dans le Haut-Canada avec sa famille à l’âge de sept ans. Il alla à l’école et fit son apprentissage à Toronto. Dès l’âge de 11 ans, il pratiquait son art : en 1839, il délivra un reçu de 41,40 $ pour des travaux de peinture, « veinage, marbrure et vernissage » et pour avoir « givré du verre pour imiter du verre dépoli ». En 1846, il ouvrit sa propre entreprise de peinture, qui fut située dans la rue Temperance de 1850 à 1856. Plus tard, tout en restant à la même adresse, il s’associa un moment à William Bullock sous le nom de « McCausland et Bullock, verriers ». À compter de 1862, l’entreprise porta le nom de Canada Stained Glass Works.

Étant donné le nombre surprenant d’églises aux dimensions parfois imposantes qui se bâtissaient dans les colonies au milieu du siècle, McCausland devait avoir confiance que son entreprise connaîtrait le succès. Toutefois, on comptait encore beaucoup sur le savoir-faire des Britanniques. Lorsque les architectes Frederic William Cumberland* et Thomas Ridout avaient travaillé à la cathédrale St James de Toronto, de 1850 à 1852, ils avaient tenu compte des suggestions de divers vitriers anglais à propos des verres colorés et des vitraux. Dans les mêmes années, quand on acheva à Fredericton la cathédrale commencée par Frank Wills*, elle arborait des vitraux qui venaient presque tous de Grande-Bretagne. Dans pareil contexte, c’est un fait digne de mention que l’une des fenêtres des écoles paroissiales attenantes à l’église Holy Trinity construites en 1856 par William Hay* ait été attribuée à Bullock – de même qu’à McCausland, présume-t-on. Le vitrail en question est d’un style qui s’harmonise avec l’ensemble néo-gothique ; il rappelle une tapisserie et présente des motifs religieux. Dans le chœur de l’église se trouve un vitrail représentant les quatre évangélistes ; exécuté à la même époque par James Ballantine, d’Édimbourg, d’après des cartons de Hay, il contraste vivement avec les vitraux faits à Toronto par son caractère architectural, son extrême simplicité et sa vaste gamme de couleurs vives.

En 1858, donc dans les débuts de leur collaboration, McCausland et Bullock reçurent une commande particulièrement impressionnante de la part de clients laïques. Cumberland et William George Storm* leur demandèrent en effet des dizaines de vitres de couleur et de vitraux pour le University College de la University of Toronto. Une seule de toutes ces pièces subsiste. On y voit des couronnes dorées (éléments des armoiries du collège et de l’université) sur des panneaux en forme de diamant entourés d’une bande verte ; en bordure de la bande alternent des hiboux sur fond de carrés rubis (couleur du collège) et des rectangles bleu roi (couleur de l’université). Peut-être est-ce pour une œuvre réalisée dans le cadre de cette commande que McCausland remporta cette année-là le prix du « meilleur vitrail » à l’exposition provinciale. Quoi qu’il en soit, réaliser des travaux d’une telle envergure pour un client aussi important que le University College dut donner un bon coup de pouce à la jeune entreprise.

De 1862 à 1897, McCausland développa toutes les composantes de son entreprise. En 1866, toujours pour le University College, il fit une fenêtre armoriée à la mémoire de trois étudiants tués au cours de l’engagement contre les féniens à Ridgeway [V. Alfred Booker*] ; on parla de lourde perte quand un incendie détruisit cette belle pièce en 1890. McCausland fabriqua aussi des vitraux pour d’autres édifices publics : la résidence du lieutenant-gouverneur à Toronto, le Parlement d’Ottawa et la Chambre d’assemblée de Victoria. À la faveur de l’essor que prenait la décoration intérieure, il exécuta des travaux dans des maisons de diverses régions de l’Ontario et de la province de Québec. Dans les années 1880, son catalogue présentait non seulement du papier peint dernier cri venu d’Angleterre, de France, d’Allemagne et des États-Unis, mais aussi des fresques assorties, soit en plâtre, soit en papier mâché. Cependant, le plus gros de sa production était destiné à des églises de toutes confessions, de St John’s, à Terre-Neuve, jusqu’à l’île de Vancouver, et particulièrement à celles de Toronto. Il exécuta toutefois une bonne quantité de fenêtres pour des bâtiments un peu partout en Ontario et dans les Maritimes. La production de McCausland était exceptionnellement variée : personnages, fleurs, fruits, armoiries et lettrage sur verre ; verre de diverses formes ; plombage et émaillage pour l’ornementation des églises.

En 1881, McCausland prit comme associé son fils aîné, Robert. La Joseph McCausland and Son occupait quatre immeubles dans la rue King West et avait de 70 à 100 employés. Les locaux où l’on taillait et peignait le verre étaient interdits aux visiteurs. Avant 1879, McCausland avait engagé une série d’artisans formés en Grande-Bretagne. Dans les années 1880, sa production présentait encore une grande richesse de coloris. Quand elle comportait des personnages, la recherche de l’originalité était évidente ; on le constate même dans des fragments tels le roi David, saint Pierre et les deux anges que l’on peut voir à la chapelle du Trinity College de Toronto et qui proviennent de cinq vitraux des années 1880. L’influence des maîtres anglais s’y discerne : tout en étant robustes à la manière des travaux de Henry Holiday, ces vitraux ont quelque chose de la délicatesse des œuvres exécutées par Edward Coley Burne-Jones pour William Morris.

McCausland orna aussi des immeubles commerciaux : par exemple, il fit la riche verrière qui surmonte encore l’ancien édifice de la Banque de Montréal, à l’angle des rues Yonge et Front à Toronto. Une description de cet ouvrage, rédigée en 1886, reflète la richesse et le caractère allégorique d’une bonne partie de ses travaux : « Des cornes d’abondance déversent en masse des pièces d’or et d’argent, symboles de l’activité du banquier depuis des siècles. Des dragons et des personnages mythiques drapés dans du bleu et du cramoisi montent la garde auprès de ces trésors et défient « les gorgones et affreuses chimères » qui, des autres parties du dôme, voudraient bien les ravir. Le panneau extérieur présente des festons de fruits et de fleurs ; le centre est orné de huit cercles portant les emblèmes des huit provinces du dominion. »

En 1897, Robert McCausland prit la section des vitraux et en fit une compagnie indépendante, même si son père doutait de ses qualités d’homme d’affaires et avait songé à abandonner cette section. Les travaux généraux de peinture et de décoration passèrent à un frère de Robert, Frank Herbert, qui serait président de l’entreprise de 1901 à 1940. L’œuvre la plus connue des McCausland est certainement la grande fenêtre de l’escalier qui fait face à l’entrée du troisième hôtel de ville de Toronto, conçu par l’architecte Edward James Lennox*. En fait, ce fut la première commande que Robert reçut expressément, en 1897. Bien que, avant cette date, il soit difficile de distinguer les œuvres du père et du fils, on ne peut douter que le premier ait été un personnage des plus importants à son époque. Les médailles remportées aux expositions provinciales à compter de 1858, à la Colonial and Indian Exhibition de Londres en 1886 et à l’Exposition universelle de Chicago en 1893 suggèrent que les travaux réalisés par l’entreprise de Joseph McCausland furent jugés favorablement durant plus de 30 ans.

Les parents de Joseph McCausland avaient appartenu à l’Église d’Irlande, mais il devint méthodiste avant l’âge de 15 ans. Il fut affilié successivement à plusieurs églises de Toronto : l’église Bay Street, l’église Alice Street et l’église Carlton Street, où il fut administrateur et chef d’un groupe de fidèles durant 30 ans. Par ailleurs, il était libéral. Il mourut en 1905 chez lui, au 18 de la rue Wood.

Alice Hamilton et Douglas Richardson

AN, RG 31, C1, 1842, Toronto, St George’s Ward.— AO, RG 22, Ser. 305, no 17893 ; RG 80-5, no 1878-004577.— Arch. privées, Famille McCausland (Toronto), McCausland letter-books, 18951897, 1900–1901 ; McCausland scrapbooks, I–II.— CTA, RG 5, F, St Andrew’s Ward, 1853–55.— Toronto Necropolis and Crematorium, Burial records and tombstone inscriptions, lots O-91–98.— Globe, 18 oct., 17 nov. 1866, 4 mai 1905, 23 juill. 1923.— Toronto Daily Star, 4 mai 1905.— World (Toronto), 4 mai 1905.— Annuaires, Canada, Prov. du, 1857–1858 ; Toronto, 18431877.— Canadian Architect, 12 (1899) : 177 et photographie en regard de la page 190.— William Dendy et al., Toronto observed : its architecture, patrons and history (Toronto, 1986).— Alice Hamilton et Corey Keeble, « McCausland stained glass » (texte dactylographié, 1985 ; exemplaires en possession de Kenneth Hamilton, de Winnipeg, et de Corey Keeble, de Toronto) ; « Saints and angels, kings and prophets : stained glass in Trinity College, University of Toronto », Canadian Collector (Toronto), 16 (1981), no 6 : 47–52.— Alice Hamilton et al., Manitoban stained glass ([Winnipeg], 1970).— H.-C., Board of Agriculture and Agricultural Assoc., Trans. (Toronto), 3 (1858–1859) : 198.— Douglas Richardson et al., A not unsightly building : University College and its history (Toronto et Oakville, Ontario, 1990).— Studio (New York), 1887–1888.— [G. P. Ure], The hand-book of Toronto [...] by a member of the press (Toronto, 1858), 257–259, 269.

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Alice Hamilton et Douglas Richardson, « McCAUSLAND, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mccausland_joseph_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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