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PAPEWES (Papaway, Lucky Man), chef d’une bande de Gens de la Rivière, groupe de Cris des Plaines, né à la fin des années 1830, probablement près du fort Pitt (Fort Pitt, Saskatchewan) ; décédé en 1901 près du fort Assiniboine (Montana).

Dans les années 1870, Lucky Man était l’un des chefs de la bande de Gros Ours [Mistahimaskwa*]. Pendant la première partie de cette décennie, plusieurs Cris des Plaines conclurent des traités avec le gouvernement du Canada, mais non Gros Ours. Il tentait d’obtenir, pour les Cris, un territoire assez vaste pour qu’ils puissent préserver leur autonomie. Lucky Man le soutenait. Cependant, le gouvernement refusait de réviser les traités et, dans l’espoir de soumettre les chefs non signataires, il tira parti du fait qu’on ne trouvait plus de bisons en territoire canadien en 1879 : il refusa donc carrément de distribuer des vivres aux Indiens affamés qui n’avaient pas conclu de traité. Pour miner davantage l’influence des chefs qui voulaient une révision, il promit aussi de reconnaître comme chef tout Cri qui convaincrait 100 personnes de conclure un traité. Cette manœuvre parut réussir, car en 1879, 409 membres de la bande de Gros Ours choisirent Lucky Man pour qu’il signe, en leur nom, le traité n° 6.

Lucky Man et sa bande n’avaient signé ce traité que pour obtenir de la nourriture. Ils ne renièrent pas l’autorité de Gros Ours et demeurèrent avec lui dans les monts Cypress. Quand Gros Ours partit chasser aux États-Unis, Lucky Man l’accompagna. Lorsque l’armée américaine escorta les Cris jusqu’à la frontière du Canada, en 1881, Lucky Man et son peuple faisaient partie du groupe. Plus tard la même année, il assista à la rencontre au cours de laquelle Petit Pin [Minahikosis*], Payipwat et d’autres leaders cris qui appuyaient la révision des traités demandèrent des réserves contiguës dans l’espoir de constituer de facto un territoire indien dans les monts Cypress. Le gouvernement d’Ottawa, devinant leur dessein, refusa d’arpenter des réserves dans cette région. Il recourut plutôt encore une fois à la famine pour les soumettre. En 1882, il leur coupa les vivres en exigeant qu’ils quittent les monts Cypress. En 1883, après une dure année de famine, Lucky Man et sa bande consentirent à se rendre dans le district de Battleford et à y choisir l’emplacement d’une réserve. Mais bientôt, il devint évident qu’une partie du peuple de Gros Ours ne s’était ralliée à cette bande que pour recevoir de l’assistance. À compter du moment où Gros Ours signa finalement un traité, à la fin de 1882, et accepta de monter vers le nord l’année suivante, la bande de Lucky Man diminua de façon dramatique. Alors qu’elle comptait 872 personnes en 1882, elle n’en comptait plus que 85 en 1885. Certains membres s’étaient joints au nouveau leader militant Little Poplar, mais la plupart étaient retournés auprès de Gros Ours. Lucky Man n’était même plus utile au gouvernement ; en 1883, il fut démis de son statut de chef parce qu’il avait tenté de retourner dans les monts Cypress.

Dans la région de Battleford, Lucky Man continua de collaborer étroitement avec Petit Pin, Gros Ours et Faiseur d’Enclos [Pītikwahanapiwīyin*] pour obtenir une révision des traités. Il s’associa à ces chefs cris en 1884 pour demander des réserves contiguës, d’abord au lac du Bœuf (lac Buffalo, au nord-ouest de Stettler, Alberta), puis, cette requête ayant été rejetée, dans les collines de l’aigle (collines Eagle, Saskatchewan). La même année, il aida Gros Ours à organiser une grande danse de la Soif dans la réserve de Faiseur d’Enclos et participa à un conseil de chefs cris au lac aux Canards (lac Duck). Ces deux rassemblements avaient pour but de discuter. de la révision des traités. Lucky Man demeura fidèle à Gros Ours pendant tout l’hiver de 1884–1885, qu’il passa au campement de celui-ci, au lac à la Grenouille (lac Frog, Alberta). Il était sur les lieux lorsque Little Poplar, Āyimisīs (Imasees) et Esprit Errant [Kapapamahchakwew*] prirent la direction de la bande et, le 2 avril, assassinèrent neuf Blancs qui se trouvaient là par hasard. De même, Lucky Man et son fils étaient avec la bande lorsqu’elle s’empara du fort Pitt (Fort Pitt, Saskatchewan), à la mi-avril, et lorsque les troupes du major-général Thomas Bland Strange* lancèrent leurs premières attaques contre elle, en mai. Puis, quand les partisans de Gros Ours se dispersèrent, au début de juin, Lucky Man réussit à passer aux États-Unis avec 26 de ses partisans. Cependant, en cours de route, près de Saskatchewan Landing, un des jeunes gens tua George McIvor, immigrant de fraîche date, en tentant de lui échanger un fusil contre sa barque. À cause de ce meurtre, Lucky Man fut exclu de l’amnistie accordée en 1886 à la plupart des Indiens qui avaient participé aux violences de l’année précédente.

Lucky Man fut l’un des nombreux Cris du lac à la Grenouille qui s’enfuirent aux États-Unis de crainte d’être poursuivis en justice pour les actes commis en 1885. Ces réfugiés étaient dans la misère, et vers 1895, les autorités américaines résolurent de s’en débarrasser. Elles menacèrent de recourir à la force pour les refouler en territoire canadien s’ils ne s’en allaient pas de leur plein gré. Lucky Man retourna au Canada en 1896 mais fut cueilli à la frontière, arrêté et emprisonné pour le meurtre de McIvor. Il fut acquitté et, dès sa libération, en 1897, il retourna aux États-Unis, où il mourut en 1901.

John L. Tobias

Affaires indiennes et du Nord Canada, Centre de référence du programme (Ottawa), Treaty No 6 annuity paylists, 1879–1885.— AN, MG 26, A, 210, 247 ; RG 10, 3152, 3576, 3604, 3668, 3691, 3729–3730, 3739, 3745–3746, 3755, 3774, 3863.— GA, M320, V, file 57.— Edward Ahenakew, Voices of the Plains Cree, R. M. Buck, édit. (Toronto, 1973).— Bob Beal et R. [C.] Macleod, Prairie fire : the North-West rebellion of 1885 (Edmonton, 1984).— Canada, Parl., Doc. de la session, 1883, n° 5 ; 1885, n° 3.— The Cree rebellion of 1884, or sidelights on Indian conditions subsequent to 1876, Campbell Innes et al., édit. (Battleford, Saskatchewan, 1926).— H. A. Dempsey, Big Bear : the end of freedom (Vancouver, 1984).— Robert Jefferson, Fifty years on the Saskatchewan [...] (Battleford, 1929).— W. H. McKay, « Lucky Man’s flight », Canadian Cattlemen (Calgary), 11 (1948–1949) : 132–137, 153.— Morris, Treaties of Canada with the Indians.— Opening up the west : being the official reports to parliament of the activities of the Royal North-West Mounted Police force from 1874–1881 (Toronto, 1973), rapports pour 1879–1880.— Settlers and rebels : being the official reports to parliament of the activities of the Royal North-West Mounted Police force from 1882–1885 (Toronto, 1973), rapports pour 1882–1883.— Norma Sluman, Poundmaker (Toronto, 1967).— Stanley, Birth of western Canada.— J. L. Tobias, « Canada’s subjugation of the Plains Cree, 1879–1885 », CHR, 64 (1983) : 523–526.

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John L. Tobias, « PAPEWES (Papaway) (Lucky Man) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/papewes_13F.html.

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Auteur de l'article:    John L. Tobias
Titre de l'article:    PAPEWES (Papaway) (Lucky Man)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    7 déc. 2024