Provenance : Lien
READ, DAVID BREAKENRIDGE, avocat, homme politique, éducateur et auteur, né le 13 juin 1823 dans le canton d’Augusta, Haut-Canada, troisième fils de John Landon Read* et de Jennet Breakenridge ; le 20 septembre 1848, il épousa à Picton, Haut-Canada, Emily Ballard, et ils eurent trois fils et quatre filles ; décédé le 11 mai 1904 à Toronto.
En 1836, après des études à Brockville, David Breakenridge Read entra à l’Upper Canada College de Toronto, où il côtoya les fils de l’élite de la province. En 1840, la Law Society of Upper Canada l’admit comme étudiant. Il commença son stage au cabinet de George Sherwood à Brockville et termina ses études à Belleville chez John Ross*, puis à Toronto chez John Willoughby Crawford*. Après son admission au barreau en 1845, il ouvrit son propre cabinet à Toronto ; par la suite, il prendrait des associés et l’importance de sa clientèle assurerait la prospérité de son bureau.
Read fit ses premières armes en politique dans les années 1840 à titre de scrutateur dans un bureau d’élection. Bien qu’il ait été un fervent tory, il fut toute sa vie l’ami de personnages politiques d’opinions différentes, Oliver Mowat par exemple. Elu en 1858 échevin du quartier St Patrick, il fit partie de plus d’une douzaine de comités du conseil municipal. Le 11 novembre 1858, à l’élection qui suivit la démission de William Henry Boulton*, il devint le quatorzième maire de la ville. Il n’exerça sa fonction que 50 jours, un record de brièveté dans l’histoire de la mairie de Toronto.
Read, semble-t-il, préférait participer aux affaires publiques dans un cadre moins partisan. En 1856, le procureur général John Alexander Macdonald* le nomma à une commission qui devait réviser et refondre les lois du Haut-Canada [V. sir James Robert Gowan]. En tant que commissaire subalterne, c’est à lui qu’incomba la lourde tâche de secrétaire. Sous bien des aspects, la fin des années 1850 marqua l’apogée de sa carrière juridique, et il eut l’honneur, en 1858, d’être nommé conseiller de la reine. En novembre 1855, il avait été élu au conseil de la Law Society of Upper Canada. Jusqu’au moment où il prit sa retraite, en avril 1881, il servit assidûment la société, surtout en s’occupant de formation en droit. Non seulement eut-il pour stagiaires plusieurs gens exceptionnels, dont John Alexander Boyd*, mais, pendant plus d’un quart de siècle, il donna des leçons aux étudiants de droit à l’Osgoode Hall. Ses Lectures on the Judicature Act [...] furent publiées à Toronto en 1881 à la demande de ses confrères.
Aussi exigeantes qu’aient été ses responsabilités professionnelles, Read trouvait le temps de se consacrer à bien d’autres activités. Grand amateur de sport, il était membre du Toronto Cricket Club, du Caer Howell Bowling Club et du Royal Canadian Yacht Club. Il appartenait au Toronto Club et fut officier dans le 5th Battalion of Toronto militia. C’était aussi un fervent anglican : il aida à l’établissement de deux églises à Toronto, St John et St Matthias, et il fut marguillier et représentant auprès du synode. L’avancement de sa profession lui tint toujours à cœur ; c’est pourquoi il participa en 1885 à la fondation de la County of York Law Association, dont il accepta d’être l’historien.
Si le droit était la vocation de Read, l’histoire était sa passion. À compter du moment où il prit sa retraite en 1881, il consacra de plus en plus son temps et ses énergies à l’histoire de l’Ontario, matière dos il connaissait une grande partie grâce à de l’information de première et de seconde main. Il écrivit de articles pour de grandes revues et donna des conférences publiques. Vice-président des York Pioneers, il fit partie du comité de direction de la Pioneer and Historical Association of Ontario (par la suite l’Ontario Historical Society). En outre, il fut membre honoraire de la Women’s Canadian Historical Society of Toronto, à la fondation de laquelle il avait contribué en 1895.
On se souvient de Read surtout à cause de ses écrits en histoire. Lives of the judges of Upper Canada and Ontario [...], paru en 1888, est le plus important d’entre eux. Cet ouvrage, précieux parce que Read avait connu certains des juristes dont il parlait, est devenu un classique de l’historiographie canadienne du droit. Read fut aussi l’un des premiers biographes de deux héros haut-canadiens, John Graves Simcoe* et sir Isaac Brock*. Publiées respectivement en 1890 et en 1894, les études qu’il leur consacra manquent par moments de suite ; écrites dans le climat de nostalgie et de patriotisme qui entoura les célébrations du centenaire de l’Ontario, elles témoignent de la vénération de l’auteur pour « l’ancien régime tory ». Paru en 1896, Canadian Rebellion of 1837 offre une contrepartie conservatrice à l’influente interprétation libérale de John Charles Dent*. Recherches et souvenirs se combinent dans le derniere livre de Read, publié en 1900 : The lieutenant-governors of Upper Canada and Ontario, 1792–1899.
Objet de nombreuses analyses et, dans l’ensemble bien accueillis, les ouvrages de Read ne correspondaient pas toujours aux critères rigoureux que prônait la nouvelle école des historiens professionnels du Canada. Par exemple, la Review of Historical Publications, que dirigeaient George MacKinnon Wrong* et Hugh Hornby Langton*, qualifia Canadian rebellion de simple compilation d’ouvrages connus et n’y trouva pas « le moindre indice de recherche originale ni d’intuition historique ». Read était un historien amateur ; néanmoins, ses livres stimulèrent l’intérêt pour le passé de l’Ontario et sont encore cités par le historiens.
Victime d’une crise d’apoplexie en novembre 1902, David Breakenridge Read passa ses 18 derniers mois alité. Il mourut en mai 1904 et fut inhumé dans l’intimité au St James Cemetery de Toronto, là même où reposent bon nombre des illustres personnages haut-canadiens qu’il avait connus et au sujet desquels il avait écrit.
En plus des travaux cités dans la biographie, les ouvrages de David Breakenridge Read, tous publiés à Toronto, comprennent The life and limes of Gen. John Graves Simcoe [...] (Toronto, 1890) ; Life and times of Major-General Sir Isaac Brock, K.R. (Toronto, 1894) ; et deux articles dans Canadian Institute, Trans. (Toronto) : « Newark in 1792 » et « The Hurons », 1 (1889–1890) : 72–76 et 86–95, respectivement. Il a aussi collaboré à la publication de The consolidated statutes for Upper Canada [...] (Toronto, I 859).
On peut voir un portrait à l’huile de Read, datant des alentours de 1885 et attribué à George Theodore Berthon*, à la Market Gallery située au South St Lawrence Market (CTA, City of Toronto Art Coll., A75–96). On retrouve la photo de Read dans plusieurs publications, notamment dans Russell, Mayors of Toronto, cité ci-dessous.
AN, MG 26, A ; MG 29, D34, particulièrement Read à Jarvis, 23 juill. 1890 ; RG 68, 85 : 123s., 457 : — AO, F 983, Unbound papers, Read à Mrs Strachan, 25 oct. 1889 ; F 1139, MS 249, 1898–1922 : 2–26, 32–54, 88 ; MS 259, 1898 juin 1900 ; RG 22, Ser. 305, n° 16993.— Arch. du barreau du Haut-Canada (Toronto), 1-1 (procès-verbal de réunion), 2 : 585 ; 3 : 482, 571 ; 5 : 582 ; 6 : 663.— CTA, RG 1, A, 1858 ; B, D. B. Read, Final report of mayor of Toronto, 30 déc. 1858 (mfm aux AO).— Daily Mail and Empire, 12 mai 1904.— Globe, 27 sept. 1848, 10 déc. 1881, 12 mai 1904.— Donald Jones, « 7-week mayor was a lawyer and historian », Toronto Star, 23 oct. 1982 : H7.— World (Toronto), 12 mai 1904.— M. A. Banks, « An annotated bibliography of statutes and related publications : Upper Canada, the Province of Canada, and Ontario, 1792–1980 », Essays in Canadian law (Flaherty et al.), 1 : 378.— Carl Berger, The sense of power ; studies in the ideas of Canadian imperialism, 1867–1914 (Toronto et Buffalo, N. Y., 1970), 89–108.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Chadwick, Ontarian families, 2.— Commemorative biog. record, county York.— Hist. of Toronto, 2 : 133s.— J. D. Honsberger, The County of York Law Association : a history of the first hundred years, 1885–1985 (Toronto, 1989), 9s., 17, 50, 53.— J. A. Macdonald, The letters of Sir John A. Macdonald [...], J. K. Johnson et C. B. Stelmack, édit. (2 vol., Ottawa, 1968–1969).— Ella Reed Wright, Reed-Read lineage ; Captain John Reed of Providence, R.I., and Norwalk, Conn., and his descendants through his sons, John and Thomas, 1660–1909 (Waterbury, Conn., 1909), 127.— Rev. of Hist. Pubs. Relating to Canada (Toronto), 3 (1898) : 85 ; 5 (1900) : 117s.— V. L. Russell, Mayors of Toronto (1 vol. paru, Erin, Ontario, 1982- ).— Donald Swainson, « The North-West Transportation Company : personnel and attitudes », Manitoba, Hist. and Scientific Soc., Papers (Winnipeg), 3e sér., n° 26 (1969–1970) : 59–77.
John D. Blackwell, « READ, DAVID BREAKENRIDGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/read_david_breakenridge_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/read_david_breakenridge_13F.html |
Auteur de l'article: | John D. Blackwell |
Titre de l'article: | READ, DAVID BREAKENRIDGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |