CHARLY SAINT-ANGE, MARIE-CATHERINE, dite du Saint-Sacrement, connue en religion, à la congrégation de Notre-Dame, sous le nom de sœur Saint-Ange et, à partir de 1700, sous celui de sœur du Saint-Sacrement, née à Ville-Marie le 3 mai 1666, supérieure générale de la congrégation de Notre-Dame de 1708 à 1711 et de 1717 à 1719, décédée à Ville-Marie en 1719.
Son père, André Charly dit Saint-Ange, venu de la paroisse Saint-Gervais de Paris, arriva à Montréal en 1651 où il acquit et cultiva une terre près du fleuve. Il épousa en 1654 Marie Dumesnil. Quatre de leurs filles entrèrent dans la communauté fondée par sœur Bourgeoys*.
Marie-Catherine entra à 13 ans à la congrégation de Notre-Dame et devint un des membres les plus actifs et les plus influents de cette jeune communauté. Elle n’avait que 27 ans lorsqu’elle fut élue conseillère de la nouvelle supérieure, sœur Marie Barbier. Cinq ans plus tard, on lui confia la charge de maîtresse des novices. En 1698, lorsque chaque sœur de la congrégation de Notre-Dame abandonna son nom de famille pour prendre un nom de religion, sœur Charly choisit celui de sœur Saint-Ange.
Le souvenir de Catherine Charly est pour toujours lié à celui du décès de sœur Bourgeoys, en janvier 1700. Un récit basé sur les lettres des Sœurs de la congrégation de Notre-Dame, reproduites par Glandelet dans sa monographie, nous dit que sœur Bourgeoys, apprenant que sœur Saint-Ange allait mourir, pria Dieu de la prendre à la place de cette jeune sœur ; quelques jours plus tard, alors que sœur Saint-Ange avait recouvré la santé, sœur Bourgeoys mourut. En témoignage de reconnaissance, sœur Saint-Ange se nomma sœur du Saint-Sacrement, nom de religion que sœur Bourgeoys avait pris en 1698.
Élue supérieure générale en 1708, sœur Charly dite du Saint-Sacrement se révéla une femme remarquable de sagesse dans les grandes difficultés qui menacèrent alors la communauté. MM. de Vaudreuil [Rigaud] et Raudot, connaissant et désapprouvant le désir qu’avait Mgr de Saint-Vallier [La Croix] de faire de la congrégation de Notre-Dame une communauté cloîtrée, écrivirent à M. de Pontchartrain, pour obtenir une défense formelle et écrite de ce projet. Mais la réponse du roi dépassa les prévisions du gouverneur et de l’intendant qui, sans le vouloir, compromirent ainsi la stabilité de la congrégation. Le ministre répondit en effet que Sa Majesté ne souffrirait jamais que ses filles fussent cloîtrées ni qu’elles fissent des vœux ; et que, si elles en faisaient, elle voulait absolument qu’il les défendît. Or, le privilège de faire des vœux, qui avait été accordé à la congrégation de Notre-Dame en 1698, assurait à la communauté un prestige et une stabilité favorables au recrutement de ses membres. Les Annales de la congrégation de Notre-Dame ont conservé les lettres écrites par sœur Catherine Charly à M. de Pontchartrain, à Mgr de Saint-Vallier ainsi qu’à la marquise de Maintenon à qui elle demande « d’employer son crédit auprès du Roi ». Elle s’y révèle d’une habileté admirable : sous les formules les plus respectueuses, elle sait exprimer avec clarté son désir de voir Sa Majesté maintenir la défense de les cloîtrer, mais de ne pas leur interdire de faire des vœux. Le roi n’accéda pas à sa requête ; cependant, la supérieure générale fut assez habile pour contourner la difficulté : de concert avec les autorités civiles et ecclésiastiques du pays, elle continua à faire prononcer, mais en secret, des vœux simples. Après la mort du roi et le départ de Pontchartrain, Raudot fut chargé par le ministère de la Marine de régler presque seul toutes ces affaires du Canada, ce qui mit fin à l’intervention du gouvernement de France au sujet des vœux des religieuses.
Sœur Catherine Charly fut réélue supérieure en 1717 et dut faire face pendant cette période à des problèmes pécuniaires. Elle mourut dans l’exercice de cette charge, en janvier 1719.
ACND, Charles Glandelet, Le vray Esprit de Marguerite Bourgeoys et de l’Institut des Sœurs Séculières de la Congrégation de Notre-Dame établie à Ville Marie en l’Isle de Montréal en Canada (1701).— ANDM, Registres des baptêmes, mariages et sépultures.— [Étienne-Michel Faillon], Vie de la Sœur Bourgeoys, fondatrice de la Congrégation de Notre Dame de Villemarie en Canada, suivie de l’Histoire de cet institut jusqu’à ce jour (2 vol., Ville-Marie [Montréal], 1853).— A. Jamet, Marguerite Bourgeoys, 1620–1700 (2 vol., Montréal, 1942).— La famille Charly Saint-Ange, BRH, LI (1945) : 91–105.
Hélène Bernier, « CHARLY SAINT-ANGE, MARIE-CATHERINE, dite du Saint-Sacrement », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/charly_saint_ange_marie_catherine_2F.html.
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Auteur de l'article: | Hélène Bernier |
Titre de l'article: | CHARLY SAINT-ANGE, MARIE-CATHERINE, dite du Saint-Sacrement |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 5 déc. 2024 |