Titre original :  Photograph Dr. George Stewart, Montreal, QC, 1891 Wm. Notman & Son 1891, 19th century Silver salts on paper mounted on paper 13.6 x 9.8 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. II-95288.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

Provenance : Lien

STEWART, GEORGE, rédacteur en chef, éditeur, pharmacien et auteur, né le 26 novembre 1848 à New York, unique enfant de George Stewart et d’Elizabeth Dubuc ; le 28 avril 1875, il épousa à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, Maggie M. Jewett, fille adoptive d’un entrepreneur forestier et constructeur de navires de cette province ; décédé le 27 février 1906 à Québec.

En 1851, les Stewart quittèrent New York pour London, dans le Haut-Canada, où George Stewart père dirigea un commerce de fourrures et de cuir pour son beau-père, Pascal Dubuc. Puis, en 1859, la famille s’installa à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Stewart père ouvrit un magasin de meubles ; il était aussi commissaire-priseur. En 1863, après avoir fréquenté la Saint John Grammar School durant trois ans, George Stewart fils devint apprenti chez le pharmacien William O. Smith. En juin 1865, pour faire connaître son commerce de timbres, il lança le Stamp Collector’s Monthly Gazette. Il n’avait alors que 16 ans. D’abord, il mêla avec éclectisme philatélie, commentaires politiques, littérature de fiction d’origine locale et poésie. Peu à peu, Stewart en modifia le contenu pour intéresser le grand public. Ce périodique montre que, déjà, la diffusion de la littérature canadienne lui tenait à cœur.

Stewart cessa de faire paraître le Stamp Collector’s Monthly Gazette au bout de deux ans et fonda le Stewart’s Literary Quarterly Magazine, qui célébrait la Confédération et ne publiait que des auteurs canadiens. Soutenu presque exclusivement par lui, le Quarterly lui assura une renommée durable dans le milieu canadien des lettres, ce qui atteste aussi bien sa foi dans le pays que son rôle primordial dans le façonnement de l’identité culturelle canadienne. Stewart publia dans son magazine bon nombre des personnages qui dominaient la vie culturelle du Canada et de Terre-Neuve dans la dernière partie du xixe siècle, par exemple Thomas D’Arcy McGee*, James MacPherson Le Moine*, John George Bourinot, Charles Sangster*, Alexander McLachlan*, Evan MacColl*, William Lyall*, Moses Harvey et Daniel Clark* – les trois derniers étant des adeptes presbytériens de la philosophie écossaise du sens commun. Pour faire contrepoids à ces auteurs qui étaient canadiens-anglais jusqu’au bout des ongles, il fit paraître dans ses pages des recensions de livres canadiens-français – par exemple l’Histoire du Canada [...] de François-Xavier Garneau* (traduite en anglais en 1860), qu’il déclara d’une qualité exceptionnelle – et la notice biographique de Le Moine sur Garneau, qui contenait une longue citation de l’Histoire sur l’importance de préserver l’esprit national des Canadiens français.

À la fermeture du Quarterly en 1872, Stewart se consacra à la pharmacie qu’il avait ouverte l’année précédente. Pour faire la réclame de ce prospère commerce, il publiait, dans les journaux locaux, de spirituelles parodies en vers d’annonces bien connues. Il faisait aussi du journalisme à temps partiel. De 1871 à 1875, il fut chef des faits divers au Saint John Daily News ; de 1875 à 1877, il publia dans le Watchman de Saint-Jean des critiques de littérature et de théâtre qui se distinguaient par leur style direct. Au début de 1877, il composa un essai sur Thomas Carlyle et les écrivains de la Nouvelle-Angleterre, Evenings in the library : bits of gossip about books and those who write them, publié par la Belford Brothers de Toronto [V. Charles Belford*]. Après le terrible incendie qui ravagea Saint-Jean cette année-là, il fit paraître chez le même éditeur The story of the great fire in St. John, N.B., June 20th, 1877. Ce livre se vendit à 10 000 exemplaires, dit-on, et aida Stewart à se remettre de la perte de sa maison et de sa pharmacie.

En mai 1878, Stewart s’installa à Toronto pour diriger un périodique publié conjointement par les frères Belford et par George Maclean Rose*, le Rose-Belford’s Canadian Monthly and National Review. Toutefois, sa collaboration avec les frères Belford se termina abruptement. Comme ils lui refusaient des droits d’auteur sur un recueil des discours de lord Dufferin [Blackwood] compilé par lui et paru cette année-là sous le titre Canada under the administration of the Earl of Dufferin, il leur intenta un procès. Il perdit parce qu’il avait composé le livre en tant que rédacteur en chef du magazine.

En 1879, comme ses charges familiales étaient de plus en plus lourdes, Stewart accepta le poste de rédacteur en chef du Morning Chronicle de Québec et s’installa dans cette ville, où il allait demeurer jusqu’en 1896. Il continua de publier des études et des conférences, et de rendre compte de l’évolution de la littérature canadienne d’expression anglaise et française, notamment en en faisant connaître les écrivains dans des périodiques américains, britanniques et canadiens. Dans les années 1880, il collabora aussi à divers ouvrages de référence. Ainsi, il rédigea des biographies de Canadiens éminents pour la Canadian portrait gallery de John Charles Dent*, qui parut à Toronto en 1880–1881, et pour l’Appletons’ cyclopædia of American biography, publiée à New York de 1887 à 1924. Les articles sur la province de Québec et les Maritimes dans la neuvième édition de l’Encyclopædia Britannica sont également de lui. Nommé membre fondateur de la Société royale du Canada en 1882, il y fut secrétaire de la section de littérature anglaise durant près de 20 ans. De 1885 à 1891, il fut président de la Société littéraire et historique de Québec. À l’automne de 1884, il entreprit un pèlerinage littéraire aux îles Britanniques en compagnie de sa femme, Maggie Jewett. Nommé membre honoraire de l’Atheneaeum Club de Londres grâce à l’écrivain britannique Matthew Arnold (qui avait été son hôte au cours d’une tournée de conférences au Canada l’hiver précédent) et armé de lettres de recommandation signées par des amis qui faisaient partie des cercles littéraires américains et canadiens, Stewart rencontra la plupart des célébrités littéraires de l’époque. Son prestige d’homme de lettres s’en trouva accru au Canada. En 1885, il devint le premier écrivain anglo-canadien à recevoir un diplôme honorifique pour services rendus aux lettres canadiennes – en l’occurrence un doctorat en droit civil du King’s College de Windsor, en Nouvelle-Écosse. En 1888, l’université Laval et le Bishop’s College lui décernèrent aussi un diplôme honorifique ; la McGill University fit de même en 1889.

Au xixe siècle, le journalisme était une profession précaire au Canada. George Stewart quitta le Morning Chronicle quand ce journal changea de main et il acheta en 1898 le Quebec Daily Mercury. Dès lors, il ne fit plus guère de journalisme à la pige et consacra le plus gros de ses énergies au Mercury ; toutefois, le Chronicle, restructuré et modernisé, se révéla un concurrent trop puissant. Le Mercury était au bord de la faillite lorsque, en 1902, il le vendit au propriétaire de la Patrie, la L.-J. Tarte et Frère de Montréal. Il demeura rédacteur en chef du Mercury jusqu’à la disparition du journal en 1903, puis retourna au Morning Chronicle à titre de rédacteur en chef de nuit. Il travailla au Chronicle jusqu’à sa mort, qui survint deux mois après celle de sa femme, emportée par une pneumonie le jour de Noël 1905. Selon le rapport d’un coroner, il mourut d’une hémorragie cérébrale, mais deux nécrologies parues dans les journaux de Québec suggèrent que ce fut peut-être le chagrin qui le tua. On vendit ses lettres, ses timbres et ses livres pour payer ses créanciers. Il avait aspiré à vivre de et pour la bonne littérature ; la société, plus préoccupée de commerce que de culture, avait eu raison de son rêve.

Carol W. Fullerton

Notre article intitulé « George Stewart, Jr., a nineteenth-century Canadian man of letters », SBC Cahiers, 25 (1986) : 82–108, contient une liste détaillée des publications (livres, articles et nouvelles) de Stewart, des conférences qu’il a prononcées, des périodiques qu’il a publiés et des journaux auxquels il a collaboré à divers titres ; on y trouve aussi la liste des dépôts d’archives où est conservée sa correspondance.  [c. w. f.]

Mount Allison Univ. Library (Sackville, N.-B.), Special Coll., Winthrop Pickard Bell Coll. of Acadiana, George Stewart scrapbooks, 1–10.— MTRL, George Stewart papers.— Daily Telegraph (Québec), 26 févr. 1906.— Moncton Times (Moncton, N.-B.), 30 avril 1878.— Montreal Daily Herald, 27 févr. 1906.— Quebec Chronicle, 27 févr. 1906.— Annuaire, London, 1856.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Vital statistics from N.B. newspapers, 1875 (Johnson), nos 689–690.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Carol W. Fullerton, « STEWART, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stewart_george_13F.html.

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Auteur de l'article:    Carol W. Fullerton
Titre de l'article:    STEWART, GEORGE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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