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BAWLF, NICHOLAS, marchand de céréales, né le 17 juillet 1849 près de Smiths Falls, Haut-Canada, fils de Nicholas Bawlf et de Catharine Kirby ; le 6 février 1877, il épousa à Almonte, Ontario, Catharine Madden (décédée en 1918), et ils eurent six fils et deux filles ; décédé le 26 décembre 1914 à Winnipeg.
Si un homme symbolisa le progrès qui fit de Winnipeg le centre céréalier de l’Ouest canadien, ce fut Nicholas Bawlf. « Sois sûr que tu as raison, puis va de l’avant » : telle était sa devise, et il la suivait à la lettre. Il fit ses études dans des écoles de Smiths Falls et apprit le métier de mouleur dans une manufacture d’outils, la Cossitt Brothers. Il travailla aux ateliers de cette compagnie à Smiths Falls et dans une localité voisine, Almonte, où il rencontra en 1877 sa future femme, Catharine Madden. La même année, comme bon nombre de jeunes de sa génération, il partit pour l’Ouest dans l’espoir d’y trouver de meilleures perspectives d’avenir. Établi à Winnipeg avec sa femme, il ouvrit d’abord un commerce de farine et de nourriture d’animaux dans la rue Main sud, puis, quelques années plus tard, il s’installa dans de plus vastes locaux rue Princess. Il fut l’un des premiers marchands de la ville à manutentionner et traiter du cuir cru.
Les Bawlf habitèrent d’abord une petite maison dans la rue Main nord. Puis, comme l’entreprise prospérait et que la famille s’agrandissait, il leur fallut une maison plus grande. En 1897, Bawlf fit construire une maison très chic au 11 de la rue Kennedy. Lui-même, Catherine et leurs enfants étaient actifs au sein de la communauté catholique de Winnipeg et appartenaient à la paroisse St Mary. Non seulement Bawlf donnait-il généreusement à l’Église, mais, en tant que commissaire d’école, il prit position, au nom des catholiques de la ville, sur des questions controversées tel le Public Schools Act de 1890 [V Thomas Greenway*]. En outre, il exerça des pressions à Ottawa pour la nomination d’un plus grand nombre de sénateurs catholiques.
Bawlf fit sa marque et son argent dans le commerce des céréales. Dans les années 1880, ses activités s’étendaient au delà de Winnipeg. En 1883, avec d’autres, il chercha à établir un marché central ou une bourse où la vente et l’achat de blé pourraient se faire plus efficacement. Cette première tentative échoua parce que le réseau de transport était incomplet, parce que les entrepôts convenables manquaient et parce qu’une gelée, en septembre, avait endommagé la récolte de l’année.
Quatre ans plus tard, comme le chemin de fer canadien du Pacifique était achevé et que les exportations provinciales de blé avaient connu une hausse spectaculaire (de 2 millions de boisseaux en 1883 à 4 millions en 1886), les marchands de Winnipeg s’essayèrent à nouveau. Grâce à l’expansion du chemin de fer, Winnipeg était devenu le centre du réseau de transport de l’Ouest. Un plus fort volume de blé transiterait donc par la ville pour y être inspecté et pourrait donc être négocié sur un marché public. Le 24 novembre 1887, dans les locaux de la Chambre de commerce de Winnipeg, à l’hôtel de ville, 11 importants marchands de céréales, dont Bawlf, créèrent la Winnipeg Grain and Produce Exchange, qui allait avoir une longue vie.
Deux fois président de cet organisme, en 1890 et en 1897, Bawlf appartint aussi au conseil de direction et à divers comités, dont celui des appels. Pendant environ quatre ans, la bourse fut située au sous-sol de l’hôtel de ville. Toutefois, grâce à la générosité de Bawlf, la construction du premier édifice de la bourse des céréales, rue Princess, s’acheva en novembre 1892. Œuvre de l’architecte Charles Arnold Barber, c’était, selon la presse, « l’édifice à bureaux le plus pratique et le plus confortable de la ville ». Six ans plus tard, par suite d’une augmentation de ses membres, la bourse dut s’installer dans des locaux plus grands. Encore une fois, Bawlf joua un rôle important dans l’acquisition de l’édifice, qui fut inauguré officiellement le 11 janvier 1899.
Au cours de cette période, Bawlf avait donné de l’expansion à son entreprise, principalement en construisant des élévateurs à grains. En 1892, la N. Bawlf Company avait des entrepôts dans dix localités de la province, ce qui lui donnait une capacité totale d’entreposage d’environ 118 000 boisseaux. Mais Bawlf et les autres négociants de céréales de Winnipeg comprirent bientôt qu’ils devaient consolider leurs actifs s’ils voulaient concurrencer un jour les deux géants de l’industrie, l’Ogilvie Milling Company [V. William Watson Ogilvie*] et la Lake of the Woods Milling Company, fondée en 1887 par sir George Stephen* et William Cornelius Van Horne, entrepreneurs de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. En septembre 1893, cinq entreprises céréalières fusionnèrent pour former la Northern Elevator Company Limited, dont le capital autorisé était de 250 000 $. Le premier conseil d’administration se composait de Bawlf, de Rodmond Palen Roblin*, d’Arthur Atkinson, de Samuel Peck Clark, de Herbert Crowe et de James A. Mitchell. Dès 1900, la compagnie exploiterait 92 élévateurs ruraux (21 % du total des Prairies) d’une capacité totale de 2,4 millions de boisseaux et réaliserait un bénéfice net de 180 643 $. En 1907, le bénéfice dépasserait les 200 000 $.
Bawlf fut président de la Northern Elevator Company jusqu’à ce qu’il vende sa part à une minoterie américaine, en 1909, et il contribua en 1899 à l’organisation de la Dominion Association. (Rebaptisée North-West Elevator Association en 1901, elle serait constituée juridiquement deux ans plus tard sous le nom de North-West Grain Dealers’ Association.) En fondant cette association, Bawlf et ses collègues négociants espéraient limiter la concurrence superflue dans les stations rurales, mais les fermiers de l’Ouest se plaignirent d’être victimes d’un monopole. Les négociants de céréales durent défendre leurs compagnies et leur association aux audiences de la commission royale d’enquête sur l’expédition et le transport du grain. Entamée en 1899, cette enquête officielle sur l’industrie céréalière serait suivie de beaucoup d’autres.
En 1909, Bawlf s’associa à son deuxième fils, William Richard, pour fonder une nouvelle entreprise céréalière, la N. Bawlf Grain Company. Celle-ci avait au début un capital libéré de 50 000 $ et acquit bientôt un élévateur terminus à Port Arthur (Thunder Bay, Ontario). Trois ans plus tard, Bawlf était président d’un conglomérat, l’Alberta Pacific Grain Company, de Calgary. (William Maxwell Aitken* et Richard Bedford Bennett*, entre autres, lui étaient associés dans cette entreprise.) Homme d’affaires perspicace, Bawlf fut l’un des premiers négociants à expédier des céréales par les ports du Pacifique. Selon l’un de ses anciens associés, Alvin K. Godfrey de la Canadian Elevator Company, il expédiait plus de blé au Japon « que tout autre homme au Canada ». En 1914, l’année de sa mort, le capital autorisé de la N. Bawlf Grain Company s’élevait à 250 000 $, dont 100 500 $ avaient déjà été versés. L’année suivante, le bénéfice total atteignit environ 100 000 $.
Grand et bel homme au regard pénétrant et à la barbe fournie, Bawlf avait l’esprit fin. Selon ses propres termes, il était « l’un des hommes les plus connus de l’Ouest et l’un des plus gros expéditeurs de céréales du dominion ». Aussi le sollicitait-on beaucoup pour qu’il appartienne à des conseils d’administration. Il fut membre du Bureau de commerce de Winnipeg, vice-président de la Royal Canadian Securities, de la Monarch Life Insurance Company et de la Great West Permanent Loan Company, et administrateur de la Banque de Toronto et de la Standard Trusts Company. Échevin du quartier no 4 de Winnipeg en 1883–1884, il contribua toujours généreusement aux diverses œuvres de bienfaisance de la ville. Au moment de sa mort, il appartenait au conseil d’administration de la section manitobaine du Fonds patriotique canadien.
Le 26 décembre 1914, Nicholas Bawlf, qui souffrait d’artériosclérose, rentra chez lui après une visite à la bourse des céréales, dîna avec sa famille et, au moment de se mettre au lit, eut une crise cardiaque. Tout Winnipeg pleura sa disparition. C’était un véritable pionnier de l’Ouest ; comme le disait son grand ami Roblin, sa vie se confondait « pratiquement [avec] l’histoire de la province ». Surtout, il fut l’un de ces quelques hommes d’affaires qui jetèrent les fondations du commerce canadien des céréales et jouèrent, dans la prospérité de ce commerce, un rôle aussi déterminant que les fermiers dans les champs. Cette tâche, il l’accomplit toujours avec honnêteté et intégrité.
AN, MG 26, G : 83072, 97062–97064, 98150, 110632–110633 ; MG 28, III 82, 1.— Manitoba Culture, Heritage and Recreation, Hist. resources branch (Winnipeg), Rob Robson, « Nicholas Bawlf, 1849–1914 » (texte dactylographié, 1979).— PAM, MG 11, C53, 1 ; MG 13, E1, corr. and papers, 6873 ; letter-book, A/301, /361.— Commercial (Winnipeg), 22 juin 1886, 11 févr. 1889, 13 févr. 1893, 5 févr., 7, 20 août 1894, 7 janv., 23 sept. 1895, 14 janv., 11 févr. 1899, 14 août, 9 oct. 1909.— Manitoba Free Press, 28 déc. 1914, 27 nov. 1918, 1er juill. 1919.— Winnipeg Free Press, 18 avril 1940, 13 mai 1952.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1894, no 16 ; 1900, nos 81, 81a.— Lillian Gibbons, « Bawlf House », Manitoba Pageant (Winnipeg), 23 (1977–1978), no 1 : 1s.— A. [G.] Levine, « The Bawlf family : a vanished legend in the Winnipeg grain trade », Manitoba Business (Winnipeg), nov. 1984 : 33–38 ; The exchange : 100 years of trading grain in Winnipeg (Winnipeg, 1987).— C. F. Wilson, A century of Canadian grain government policy to 1951 (Saskatoon, 1978).— Winnipeg Board of Trade, Annual report, 1878–1915.— Winnipeg Grain and Produce Exchange, Annual report, 1887–1915.
Allan Levine, « BAWLF, NICHOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bawlf_nicholas_14F.html.
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Auteur de l'article: | Allan Levine |
Titre de l'article: | BAWLF, NICHOLAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 8 déc. 2024 |