BISHOP, MINNIE BLANCHE, enseignante et auteure, née le 27 décembre 1864 à Greenwich, Nouvelle-Écosse, fille de Gustavus Edwin Young Bishop et de Clara Louise Davison ; décédée célibataire au même endroit le 16 octobre 1917.

Née dans une famille d’agriculteurs fière de ses ancêtres – des baptistes et des planters qui s’étaient établis en Nouvelle-Écosse –, Minnie Blanche Bishop fréquenta l’école à Greenwich, puis entra en 1879 dans un pensionnat de Wolfville, l’Acadia Seminary, alors dirigé par Mary Elizabeth Graves*. Désireuse d’aller à l’université, elle unit ses efforts à ceux de trois autres femmes pour convaincre la direction de l’Acadia College, réservé aux hommes, de les admettre. Lorsqu’elle obtint son diplôme ès arts, en 1886, elle était la seule femme dans une promotion de 14 hommes. Après avoir passé deux ans chez ses parents à Greenwich, elle alla rejoindre à Berlin – avec Eliza T. Harding, enseignante à l’Acadia Seminary – Mary Elizabeth Graves et une autre enseignante du pensionnat, Helen L. Buttrick, qui y étaient déjà installées. Elle étudia la langue et la littérature allemandes durant près de deux ans (au cours desquels elle poussa une pointe jusqu’en Russie), puis séjourna un moment en France pour parfaire sa prononciation du français. De 1890 à 1895, elle enseigna les langues modernes et l’anglais au Moulton College de Toronto ; une autre diplômée de l’Acadia College, Alice Maud D. Fitch, dirigea ce collège de 1893 à 1895.

Pendant qu’elle enseignait au Moulton College, Mlle Bishop composa la chanson de cet établissement, Per ardua (d’abord, dit-on, sur l’air d’une chanson allemande, le Guet sur le Rhin), aida les élèves à soumettre des textes au McMaster University Monthly de Toronto et, en 1894, obtint une maîtrise ès arts de l’Acadia College et de la McMaster University. Comme elle avait besoin de repos, elle démissionna en 1895, la même année qu’Alice Maud D. Fitch. Dans un hommage aux deux femmes, le chancelier de McMaster, Théodore Harding Rand*, souligna les talents littéraires de Mlle Bishop en disant espérer « que, un jour, elle fera[it] bénéficier la littérature permanente d’un esprit singulièrement doué dont la très haute maîtrise de l’anglais dans l’écriture poétique [était] singulièrement prometteuse ». En parlant des deux femmes, il ajouta : « Acadia a de bonnes raisons d’être fière de ses filles ».

En 1898, après une période à la maison, Minnie Blanche Bishop fut engagée pour enseigner la littérature anglaise, le français et l’allemand au Harding Hall de London, en Ontario. Dès 1899, semble-t-il, elle quitta cette école vouée à la formation de « femmes sérieuses, raffinées [et] équilibrées ». En 1900, elle passa quelques mois dans une maison d’édition de New York tout en explorant les possibilités de faire du journalisme. En 1901, elle accepta d’enseigner les langues modernes à l’Acadia Seminary contre un salaire annuel de 325 $. Convaincue qu’il fallait faire parler à ses élèves les langues qu’elles étudiaient, elle les encourageait à monter, en français et en allemand, des pièces de théâtre dont elle faisait souvent les costumes. Elle dut prendre sa retraite en 1912 pour des raisons de santé et passa ses dernières années chez elle à Greenwich. Elle affronta la mort en 1917 en disant : « C’est un bon moment pour mourir ; tant de gens meurent ces temps-ci. » Dans sa nécrologie, l’Acadia Athenœum de Wolfville loua particulièrement son « dévouement », son « sens de l’humour » et son « bel esprit sympathique ».

Minnie Blanche Bishop avait commencé à publier dès l’époque de ses études. Elle avait fait paraître des poèmes, des récits de voyage et de la fiction dans des périodiques aussi différents que le Messenger and Visitor de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, le Maritime Baptist de Saint-Jean, puis de Halifax, le Family Herald and Weekly Star de Montréal, le Youth’s Companion de Boston, l’Outlook and Independent de New York et le Sunday School Times de Philadelphie, l’Acadian de Wolfville, l’Acadia Athenœum et le McMaster University Monthly. Des récits de voyage envoyés au Messenger and Visitor, au St-John Daily Sun et au Family Herald and Weekly Star de 1888 à 1890, au temps où elle étudiait en Allemagne, révèlent un esprit vif, un franc-parler et un sens du détail visuel. Bien qu’ils soient d’aussi belle tenue que les récits de voyage écrits par deux de ses contemporaines mieux connues, Sara Jeannette Duncan* et Alice Jones*, ni ces récits, ni les histoires, essais et recensions de Mlle Bishop n’ont été réunis dans des recueils. On soulignait souvent la « séduction » de sa personnalité, mais elle était capable aussi de faire des observations acerbes. Ainsi, au sujet du révérend Joseph Wild*, elle nota dans la presse : « [ses] blagues déclenchent chez nous un délicieux rire de pitié justement à cause de leur manque total d’esprit ». Sa poésie, fréquemment consacrée à des paysages ou à des thèmes religieux, tendait à être plus conventionnelle. Son long poème Tidal years fut lu à la réception des anciennes à l’occasion du jubilé de l’Acadia College en 1888, et Théodore Harding Rand inclut trois de ses poèmes dans A treasury of Canadian verse, paru en 1900. En 1918, au lendemain de sa mort, il fut question de perpétuer sa mémoire en publiant un volume de ses poèmes et de textes choisis en prose. Cependant, seuls ses vers parurent dans Poems (1929), dans une édition à caractère privé. De son vivant, elle fut connue également pour une petite publication sur les verbes français imprimée par l’Acadia Seminary et recommandée par un éditeur bien connu, la D. C. Heath and Company.

La carrière de Minnie Blanche Bishop illustre comment des jeunes Canadiennes de la classe moyenne revendiquèrent le droit de poursuivre leurs études dans les années 1880 et 1890 et comment elles profitèrent des nouvelles possibilités qui s’offraient à elles pour voyager au pays ou à l’étranger, pour changer de domaine ou de lieu de travail et pour exprimer librement leurs opinions. Tout en exerçant une influence libératrice sur ses élèves, Mlle Bishop connut un modeste succès comme écrivaine. Son aversion pour les phrases toutes faites, sa fierté devant les réalisations des femmes et son sens du collectif sous-tendaient à la fois ses écrits et son enseignement.

Gwendolyn Davies

Poems, de Minnie Blanche Bishop a paru dans une édition à caractère privé à Wolfville, N.-É., en 1929. Une collection de deux petits albums contenant ses poèmes, textes de fiction, récits de voyage et lettres publiés dans les journaux est conservée aux Acadia Univ. Arch., Wolfville, sous le titre « Memorabilia of Miss Blanche Bishop ».

Acadia Univ. Arch., Board of governors, minutes, 18851908 : 426, 430 ; 19081949 : 84, 101. PANS, MG 1, 134, nos 321323 ; 3185, no 2.— Acadia Athenœum (Wolfville), déc. 1888 : 16, 26 ; mars 1894 : 118 ; juin 1894 : 189 ; déc. 1898 : 26 ; nov. 1917 : 11s.— The Acadia record, 1838–1953, Watson Kirkconnell, compil. (4e éd., Wolfville, 1953). A. W. H. Eaton, The history of Kings County, Nova Scotia [...] (Salem, Mass., 1910 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— The genealogy of the Bishop family of Horton, N.S., W. E. Boggs et B. R. Bishop, compil. (s.l., [1918] ; éd. rév., L. Bishop, édit., s.l., [1982 ?]).— Alfreda Hall, Per ardua : the story of Moulton College, Toronto, 1888–1954 ([Toronto], 1987).— Harding Hall : a collegiate school for girls, 1899–1900 ([London, Ontario, 1900 ?]).— Harding Hall College and Central Conservatory, Term calendar ([London]), 1905–1906 (exemplaire conservé à la Univ. of Western Ontario Library, Regional Coll., London).— McMaster Univ. Monthly (Toronto), 3 (1893–1894) : 379.— A treasury of Canadian verse, with brief biographical notes, T. H. Rand, édit. (Toronto et Londres, 1900 ; réimpr., Freeport, N.Y, 1969).

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Gwendolyn Davies, « BISHOP, MINNIE BLANCHE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bishop_minnie_blanche_14F.html.

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Auteur de l'article:    Gwendolyn Davies
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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