CRESPIEUL, FRANÇOIS DE, prêtre, jésuite, missionnaire chez les Montagnais, né à Arras le 16 mars 1639, fils de Jean de Crespieul, avocat, et de Marguerite Théry, baptisé par son oncle, le chanoine Antoine Théry, décédé en décembre 1702.

François de Crespieul entra au noviciat de Tournai le 27 septembre 1658, puis étudia la philosophie au collège de Douai ; il fit ses humanités au collège de Lille, où, de 1662 à 1666, il enseigna, surtout en classe de rhétorique. Au cours de ses années d’enseignement, François écrivit cinq lettres au général des Jésuites à Rome, le père Jean-Paul Oliva, pour obtenir la faveur d’aller dans les missions, soit aux Indes, soit à la Martinique, soit en Nouvelle-France.

Une fois ordonné prêtre, Crespieul s’embarqua, au printemps de 1670, sur le navire du sieur Denis Guyon avec un autre jeune missionnaire, le père Jacques Robaud, pour les missions du Canada. La traversée de l’Atlantique fut longue et pénible. Une maladie contagieuse se déclara parmi les soldats et fit plusieurs victimes dont Robaud qui mourut en débarquant à Tadoussac le 15 juillet 1670.

Le supérieur du collège des Jésuites de Québec confia au père de Crespieul l’enseignement des langues latine et grecque en classe de rhétorique, tout en l’obligeant à terminer ses études théologiques. En outre, il devait prendre des leçons de langue montagnaise. Il eut comme professeur le père Charles Albanel* qui connaissait très bien. cette langue et ses dialectes.

Le 29 octobre 1671, il arrivait à Tadoussac pour commencer ses rudes travaux apostoliques. Sa paroisse, comprenant tout le territoire montagnais, s’étendait de l’île aux Coudres à Sept-Îles et de Tadoussac au lac Mistassini, en passant par Chicoutimi, Métabetchouan et Nekoubau. Ce missionnaire a parcouru en tous sens cet immense pays de forêts, menant la même vie que ses nomades Montagnais. Il écrivait . « La vie d’un Missionnaire Montagnais est un Long et lent martyre [...] Le Missionnaire préque tout le jour est assis ou à genoux exposé à une fumée quasi continuelle pendant 1 Hÿver [...] Il mange quand il ÿ a de qü oy manger, et quand on luÿ en present [...] La souffrance et la Misere sont les appanages de ces stes. et penibles Missions ». En dépit des conditions de vie très peu favorables, Crespieul demeura 30 ans dans ce pays de mission. Il avait été aidé par le père Bonaventure Fabvre qui, en 1688, avait remplacé le père Antoine Dalmas* chez les Montagnais. Pendant près de Il ans, Fabvre parcourut l’immense mission montagnaise, à une époque où le père de Crespieul, malade, épuisé par les travaux apostoliques et les misères de toutes sortes, se voyait contraint de résider à Chicoutimi. Le père Bonaventure Fabvre mourut à Québec le 6 décembre 1700.

En 1696, François de Crespieul fut honoré du titre de « vicaire apostolique » (?) de la nation montagnaise. À la fin de juillet 1702, il retourna à Québec où le supérieur le nomma consulteur. Il mourut à la fin de décembre de la même année, victime de l’épidémie de petite vérole qui sévissait à Québec : « Il est mort de la fatigue qu’il a prise dans la visite des malades et de compassion de la misère publique où il ne voyait point de remède, toute la ville n’étant plus qu’un hôpital général ».

Le père de Crespieul avait une dévotion particulière à Marie-Catherine de Saint-Augustin [Simon*]. Comme il le note dans son journal, c’est en considération de cette dévotion que « La révérende Mère Saint Ignace [Juchereau], Supérieure des Hospitalières [lui] fit don en 1693 d’une relique notable de la bienheureuse Mère Catherine de St Augustin dans une petite niche de nacre envoyée par Msr Du Linot ».

Lorenzo Angers

AAQ, Manuscrit montagnais.— AHDQ, Annales.— AMUQ, Annales manuscrites, I : 116.— ASQ, mss, 360.— Archives de la Société historique du Saguenay, Documents relatifs à la jeunesse de François de Crespieul, compilés par Pierre de Lattre, s.j.— Règlemens concernant le bon estat de la mission de Tadoussac par François de Crespieul, BRH, VI (1900) : 269–273.— JR (Thwaites), LIX, LX et LXXI, passim.— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F au XVIIe siècle, III : 415–429.

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Lorenzo Angers, « CRESPIEUL, FRANÇOIS DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/crespieul_francois_de_2F.html.

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Titre de l'article:    CRESPIEUL, FRANÇOIS DE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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