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HENDERSON, ALEXANDER, marchand et photographe, né en 1831 en Écosse, fils de Thomas Henderson ; le 4 octobre 1855, il épousa à Édimbourg Agnes Elder Robertson, et ils eurent neuf enfants dont cinq atteignirent l’âge adulte ; décédé le 4 avril 1913 à Montréal.
Alexander Henderson était le fils d’un pépiniériste et grainier prospère. Son grand-père, Alexander l’aîné, fondateur de l’entreprise, fut le premier président de la National Bank of Scotland et avait été lord maire d’Édimbourg. Conformément à leur rang social et à leur fortune, les Henderson avaient de grandes propriétés foncières. Outre leur résidence d’Édimbourg, ils possédaient le domaine de Press, ferme de 650 acres située à environ 35 milles au sud-est de la ville. Ils passaient beaucoup de temps à Press Castle, vaste manoir sis à l’extrémité nord de la propriété, et ils louaient les terres agricoles et les autres immeubles à un proche parent. Alexander naquit peut-être sur le domaine et passa certainement une bonne partie de son enfance dans la région, dans la calme vallée d’Ale Water, à la plage près d’Eyemouth ou au bord des cours d’eau poissonneux non loin de là.
Même après son entrée à la Murcheston Academy aux abords d’Édimbourg, Henderson retournait à Press les fins de semaine. Il passa aussi quelques années à la Rugby School en Angleterre. En 1849, il entreprit un apprentissage de trois ans en comptabilité. Bien que la perspective d’une carrière commerciale ne lui ait jamais souri, il continua dans cette voie pour plaire à sa famille. En octobre 1855, peu après son mariage, il immigra au Bas-Canada avec sa femme, Agnes Elder Robertson. Le couple s’installa à Montréal, où Henderson fut marchand commissionnaire de 1859 à 1863.
Henderson s’initia à la photographie à Montréal vers 1857 et ne tarda pas à s’y adonner avec sérieux, quoiqu’en amateur. Ses progrès artistiques et techniques furent rapides. Dès 1865, il publia sa première collection importante de paysages. De tirage limité (seuls sept exemplaires ont été retracés), cette publication porte sur la couverture le titre de Canadian views and studies by an amateur et sur la page titre celui de Photographic views and studies of Canadian scenery. Le contenu varie beaucoup d’un exemplaire à l’autre. Cette publication est très utile pour évaluer les débuts de son œuvre.
En 1866, peut-être encouragé par l’accueil fait à son livre, Henderson abandonna son métier pour ouvrir un studio ; il se présentait comme photographe portraitiste et paysagiste. Vers 1870, il délaissa le portrait pour se spécialiser dans les paysages et autres vues. Ses multiples photographies de la vie urbaine – scènes de rue, immeubles, marchés – sont pleines d’animation. Même si le paysage était son sujet de prédilection, il composait généralement ses scènes autour d’activités humaines : labourage du sol, coupe de la glace sur un cours d’eau, descente d’une rivière en canot dans une forêt. Des scènes de ce type et d’autres liées à l’industrie forestière, ou qui montraient des bateaux à vapeur, des chemins de fer ou des chutes étaient assez en demande pour permettre à un bon photographe de gagner sa vie. Avant la fin des années 1880, la photographie n’était pas un passe-temps très répandu, car elle coûtait cher, nécessitait un équipement encombrant et exigeait de longues opérations. D’ordinaire, lorsqu’on voulait acheter une photographie pour garder un souvenir de voyage, conserver une scène que l’on aimait ou offrir un cadeau, on s’adressait donc à un photographe professionnel. Pour répondre à cette demande, Henderson exposait des photographies qui pouvaient être montées, encadrées ou placées dans des albums. En outre, il publia deux petits recueils de vues de Montréal, l’un montrant la ville en été, l’autre en hiver.
Au cours de ses nombreux voyages dans tout le Québec et l’Ontario, Henderson photographia les grandes villes et principaux centres de villégiature des deux provinces et un grand nombre de villages du Québec. Très attaché à la nature, il parcourut souvent en canot d’écorce les rivières Blanche, Rouge, du Lièvre et d’autres cours d’eau réputés de l’est du pays. Plusieurs fois, il se rendit dans les Maritimes et, en 1872, il longea la Basse-Côte-Nord du Saint-Laurent avec John Thomas Molson et sa famille à bord du yacht de Molson, le Nooya. La même année, pendant qu’il était dans le Bas-Saint-Laurent, il prit quelques clichés de la construction du chemin de fer Intercolonial. Cette initiative amena l’Intercolonial à lui demander en 1875 de photographier les principales structures situées le long de la ligne de Montréal à Halifax, qui était presque terminée. Des commandes d’autres sociétés ferroviaires suivirent. En 1876, Henderson photographia des ponts du chemin de fer de Québec, Montréal, Ottawa et Occidental entre Montréal et Ottawa. De 1882 à 1884, il se consacra aux ponts construits par la Dominion Bridge Company Limited pour la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. En 1885, il prit ce chemin de fer jusqu’au col Rogers, en Colombie-Britannique, où il immortalisa le paysage montagneux et les progrès des travaux.
En 1892, Henderson accepta de mettre sur pied un service de photographie à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique et d’en être directeur à plein temps. Passer chaque année quatre mois sur le terrain faisait partie de ses fonctions. Cet été-là, il fit son deuxième voyage dans l’Ouest et prit de nombreuses photographies le long de la ligne ferroviaire jusqu’à Victoria. Il conserva ce poste jusqu’en 1897, puis abandonna tout à fait la photographie.
Henderson était un grand ami et un collègue du célèbre photographe William Notman*. Leurs enfants avaient à peu près le même âge ; ils devaient jouer ensemble, car Henderson photographia certains d’entre eux en train de faire de la luge à l’extérieur de son studio. Au temps où il était amateur, il achetait souvent son matériel photographique de Notman. Tous deux firent une excursion de photographie aux chutes du Niagara en 1860 et réalisèrent des expériences en 1865 avec une nouvelle source de lumière artificielle, l’éclair de magnésium. Ils appartenaient aux mêmes sociétés et furent parmi les membres fondateurs de l’Association des beaux-arts de Montréal. La première assemblée se tint au studio de Notman le 11 janvier 1860 sous la présidence de Henderson. Par la suite, ils adhérèrent à la Young Men’s Christian Association et participèrent au Montreal Amateur Photographie Club. Pourtant, les deux amis produisaient des vues et des paysages passablement différents. Alors que les vues de Notman étaient réputées pour un audacieux réalisme tendant souvent vers l’abstrait, Henderson produisit pendant ses 20 premières années des images pastorales et romantiques qui révélaient une forte influence de la tradition britannique du paysage.
Henderson exposa souvent à Montréal et à l’étranger – à Londres, à Édimbourg, à Dublin, à Paris, à New York et à Philadelphie – et reçut de nombreuses mentions. En 1877 et en 1878, à New York, il obtint des premiers prix à une exposition organisée par la E. and H. T. Anthony and Company et présentant des paysages réalisés à l’aide du procédé Lambert au charbon. En 1878, il remporta un deuxième prix (une médaille d’argent) à l’Exposition universelle de Paris.
À la mort d’Alexander Henderson, en 1913, on entreposa son immense collection de négatifs en verre au sous-sol de sa maison de Westmount. Une quarantaine d’années plus tard, après le décès de sa fille célibataire, son petit-fils Thomas Greenshields Henderson, unique survivant parmi ses descendants, passa une journée entière à transporter les caisses de négatifs dans la ruelle pour que les éboueurs les ramassent. Aujourd’hui, l’œuvre de Henderson est connue grâce à plusieurs collections de tirages ; les plus riches se trouvent aux Archives nationales du Canada à Ottawa et aux Archives Notman du Musée McCord d’histoire canadienne à Montréal.
Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc. (Salt Lake City, Utah), International geneal. index.— Musée McCord d’histoire canadienne (Montréal), Arch. Notman, Documents de la famille Henderson.— Louise Guay, « Alexander Henderson, photographe de paysages canadiens », l’Archiviste (Ottawa), 14 (1987), no 5 : 6s. ; « Alexander Henderson, photographer », Hist. of Photography (Londres), 13 (1989) : 79–94.— D. [R.] Reid, « Notre patrie le Canada » : mémoires sur les aspirations nationales des principaux paysagistes de Montréal et de Toronto, 1860–1890 (Ottawa, 1979).— S. G. Triggs, « Alexander Henderson : nineteenth-century landscape photographer », Archivaria (Ottawa), no 5 (hiver 1977–1978) : 45–53.
Stanley G. Triggs, « HENDERSON, ALEXANDER (1831-1913) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/henderson_alexander_1831_1913_14F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/henderson_alexander_1831_1913_14F.html |
Auteur de l'article: | Stanley G. Triggs |
Titre de l'article: | HENDERSON, ALEXANDER (1831-1913) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |