ROY, JOSEPH-EDMOND, rédacteur en chef, notaire, homme politique, historien, directeur de revue et fonctionnaire, né le 7 décembre 1858 à Pointe-Lévy (Lévis, Québec), fils de Léon Roy et de Marguerite Lavoie ; le 26 mai 1885, il épousa à Lévis Lucienne Carrier, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 8 mai 1913 au même endroit.
L’ancêtre paternel de Joseph-Edmond Roy, Nicolas Le Roy, s’établit à L’Ange-Gardien, près de Québec, en 1663 puis gagna la seigneurie de La Durantaye, sur la Côte-du-Sud, où la plupart de ses descendants se fixèrent. En 1852, le père de Joseph-Edmond, qui était notaire, s’établit à Pointe-Lévy. On sait très peu de chose de l’enfance de Joseph-Edmond. Deuxième de 13 enfants, il a laissé un journal qui contient des anecdotes, des notes de lectures et des observations sur les gens et les mœurs de son époque, mais on apprend peu sur lui. Il commença ses études au collège de Lévis, les poursuivit au petit séminaire de Québec, de 1871 à 1877, puis à la faculté de droit de l’université Laval, où il obtint un baccalauréat en droit en 1880. Avant même la fin de ses études, il avait accepté le poste de rédacteur en chef du journal le Quotidien, de Lévis, dont le premier numéro parut le 7 juillet 1879. Il était aussi secrétaire d’administration adjoint de la Société Saint-Jean-Baptiste de Lévis depuis le 6 février 1880 et président du Cercle de Lauzon-Charny, un cercle littéraire, depuis le 5 avril.
Admis au notariat en mai 1880, Roy exerça d’abord en société avec son père à Lévis, puis seul après la mort de ce dernier en 1886. En novembre 1883, à l’occasion d’une élection partielle provinciale dans Lévis, il décida de s’aventurer en politique, à titre de candidat conservateur, mais il fut défait par François-Xavier Lemieux*. Parce qu’il désirait consacrer plus de temps à des recherches historiques, Roy démissionna du journal le Quotidien en mars 1885. Dès lors, il allia pratique notariale et étude de l’histoire régionale. Il fut aussi secrétaire de divers organismes lévisiens comme le comité d’érection du monument consacré à Mgr Joseph-David Déziel* (1885), la commission scolaire de Lévis (1886–1895) et la Société de construction permanente de Lévis. Aux élections provinciales de 1886, Roy tenta encore sa chance dans Lévis, mais il fut battu à nouveau par Lemieux. En 1891, il devint membre de la Société royale du Canada et fut secrétaire (1893–1896), vice-président (1896–1897, 1904–1905) et président (1897–1898, 1905–1906) de sa section française ; il serait président de la société en 1908–1909.
Désireux de faire avancer sa profession, Roy n’avait pas tardé à s’engager dans l’organisme qui en défendait les intérêts, la Chambre des notaires de la province de Québec. Membre de la chambre à compter de juin 1888, il fit partie de sa commission de législation de 1891 à 1913. En 1895, au moment où la commission chargée de refondre le Code de procédure civile de la province de Québec tenta d’enlever aux notaires le droit de faire des procédures non contentieuses, Roy joua un rôle-clé dans la rédaction du mémoire de la commission de législation, qui s’opposait à cette tentative ; finalement, aucune modification ne fut apportée.
Aux élections fédérales de juin 1896, Roy se porta à nouveau candidat conservateur, cette fois dans Bellechasse contre Onésiphore-Ernest Talbot, mais il connut encore la défaite. Malchanceux en politique provinciale et en politique fédérale, Roy avait eu plus de succès sur la scène municipale. Conseiller du quartier Saint-Laurent, à Lévis, de 1896 à 1903, il avait été élu maire le 3 février 1896 et devait conserver ce poste jusqu’en 1900. Il avait reçu du gouvernement français en juillet 1896 le diplôme d’officier d’académie.
Roy, qui consacrait ses loisirs à l’histoire régionale depuis plus de dix ans, publia à Lévis, entre 1897 et 1904, sa grande Histoire de la seigneurie de Lauzon en cinq volumes. Cet ouvrage lui valut de nombreux éloges. Il collabora également au Bulletin des recherches historiques (Lévis), créé en 1895 et dirigé par son frère Pierre-Georges Roy*. L’intérêt qu’il portait à sa profession l’amena à accepter de diriger et d’éditer la Revue du notariat (Lévis) de 1898 à sa mort. L’idée remontait à 1885, mais ce n’est qu’après de longues discussions de la Chambre des notaires qu’elle vit le jour. Dès le départ, on chercha à informer les notaires de la province de Québec de ce qui se passait dans leur profession, surtout de la jurisprudence. À partir de 1899 et jusqu’en 1902, Roy publia à Lévis son imposante Histoire du notariat au Canada depuis la fondation de la colonie jusqu’à nos jours, en quatre volumes, étude détaillée et bien documentée des événements et des hommes qui avaient marqué la profession.
Récipiendaire en 1899 d’un doctorat ès lettres de l’université Laval, Roy fut nommé en 1907 professeur titulaire de la faculté des arts et chargé d’enseigner la géographie du Canada. Il eut sans doute peu de temps à consacrer à cette nouvelle tâche, puisqu’il accepta en 1908 d’être chef de la nouvelle division des manuscrits à la Direction fédérale des archives d’Ottawa. À l’été de 1909, il fut chargé de se rendre à Londres et à Paris afin d’étudier l’organisation des dépôts d’archives et le mode de classement de leurs manuscrits, et de faire l’inventaire des documents concernant le Canada. Il y passa presque six mois et publia en 1911 à Ottawa son imposant Rapport sur les archives de France relatives à l’histoire du Canada.
Joseph-Edmond Roy a contribué à la connaissance des archives relatives au Canada outre-Atlantique, et a joué un rôle important dans le développement de la profession de notaire par sa participation durant 25 ans aux travaux de la Chambre des notaires, dont il fut président de 1909 à 1912, et la publication de la Revue du notariat. Il a aussi laissé une trentaine d’ouvrages qui témoignent de l’intérêt qu’il portait à l’histoire du Canada. Il est décédé à 54 ans à l’Hôtel-Dieu de Lévis.
Pour une liste détaillée des ouvrages et articles dont Joseph Edmond Roy est l’auteur, on consultera : Gérard Martin, Bio-bibliographie de Joseph-Edmond Roy (Lévis, Québec, 1984), et Madeleine Verret, « Bibliographie de Joseph Edmond Roy : précédée d’une notice biographique » (mémoire, école de bibliothéconomie, univ. Laval, 1947).
ANQ-M, P-225.— ANQ-Q, CE1-100, 8 déc. 1858, 26 mai 1885 ; P-237 ; P1000, D1849.— Arch. de l’univ. Laval, P225 (fonds Thomas-Chapais).— Le Centenaire de Notre-Dame de Lévis ([Lévis, 1950]).— [Thomas Chapais], « Joseph-Edmond Roy », SRC, Mémoires, 3e sér., 7 (1913), proc. : xxi–xxviii.— DOLQ, 1.— Placide Gaudet, les Données erronées de monsieur J. Edmond Roy sur les notaires de l’Acadie (Shédiac, N.-B., 1911).— J. Hamelin et al., la Presse québécoise, 2.— Yvan Lamonde, Je me souviens ; la littérature personnelle au Québec (1860–1980) (Québec, 1983).— « Monsieur J.-E. Roy », la Rev. du notariat (Lévis), 15 (1912–1913) : 321–352.— Emery Roy, Centenaire de Lévis, 1861 : album-souvenir ([Lévis], 1961).— P.-G. Roy, Dates lévisiennes (12 vol., Lévis, 1932–1940).— Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, 4.— Roméo Samson, « Joseph-Edmond Roy, historien » (mémoire de m.a., univ. de Montréal, 1955).— Joseph Sirois, « Monsieur Joseph Edmond Roy », la Rev. du notariat, 15 : 289s.— Bernard Weilbrenner, « les Archives provinciales du Québec et leurs relations avec les archives fédérales, 1867–1920 », Archives (Montréal), 18 (1986–1987), no 4 : 14s.
Yves Hébert, « ROY, JOSEPH-EDMOND », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/roy_joseph_edmond_14F.html.
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Auteur de l'article: | Yves Hébert |
Titre de l'article: | ROY, JOSEPH-EDMOND |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 4 nov. 2024 |