Titre original :  Image of the portrait of Charles Frederick Fraser courtesy of the Hall of Fame for Leaders and Legends of the Blindness Field, American Printing House for the Blind, Louisville, Kentucky.

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FRASER, sir CHARLES FREDERICK, éducateur, rédacteur en chef d’un journal et homme d’affaires, né le 4 janvier 1850 à Windsor, Nouvelle-Écosse, fils de Benjamin DeWolf Fraser et d’Elizabeth Allison, petit-fils de James Fraser* ; le 28 septembre 1891, il épousa à Fredericton Ella Jane Hunter (décédée en 1909), puis le 15 juin 1910, à Brooklyn, comté de Hants, Nouvelle-Écosse, Jane Catherine Roxby Stevens, et ils eurent un fils ; décédé le 5 juillet 1925 à Halifax.

À l’âge de sept ans, Charles Frederick Fraser se blessa à l’œil en taillant une petite branche avec un canif. Ni son père, qui était médecin, ni le spécialiste consulté à Boston ne purent réparer le dommage. Fraser fréquenta l’école primaire de Windsor, mais sa vue se détériora constamment, et celle de son autre œil aussi. À 13 ans, après l’échec d’une intervention chirurgicale visant à créer une pupille artificielle, il s’inscrivit à la première et plus célèbre école pour aveugles des États-Unis, le Perkins Institution and Massachusetts Asylum for the Blind de Boston. Quand il quitta cet établissement en 1872, il était complètement aveugle.

L’année suivante, renonçant à faire carrière dans le commerce, Fraser devint surintendant du nouvel Asylum for the Blind de Halifax. L’établissement, installé dans un petit immeuble, ne comptait alors qu’une demi-douzaine d’élèves. Sous la direction de Fraser, qui prendrait sa retraite en 1923, il connaîtrait une expansion considérable : dans les années 1920, il accueillerait bon an mal an environ 120 élèves des trois provinces Maritimes et de Terre-Neuve.

Le programme que Fraser mit au point pour cette école était presque identique à celui du Perkins Institution and Massachusetts Asylum for the Blind. Il accordait une grande importance à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture ainsi qu’à l’acquisition des compétences nécessaires à l’indépendance économique et sociale. Il comprenait une maternelle, suivie de quatre années de grammar school et de six années d’enseignement secondaire. Fervent partisan de l’éducation physique et de l’entraînement favorisant l’agilité, Fraser introduisit la gymnastique, les clubs de marche et le patinage sur glace, que l’on pratiquait sur l’étang de l’école ; en 1915, le Halifax Local Council of Women fit don du matériel nécessaire à l’aménagement de la cour de récréation. La musique était une matière centrale du programme d’études, et c’est là que bien des élèves, dont Arthur M. Chisholm*, se préparèrent à leur carrière de professeur de musique, accordeur de pianos ou organiste d’église. Durant des années, Fraser lui-même enseigna la musique, ainsi que certaines matières théoriques et le cannage de chaises. La formation technique comportait également la confection de balais et de paniers et d’autres types de production artisanale. En 1891, on ajouta la dactylographie puis, au cours des décennies suivantes, le massage, le shampooing et la tenue de livres.

Infatigable lobbyiste, Fraser parcourait régulièrement les Maritimes avec un groupe de professeurs et d’élèves, multipliant les conférences et les concerts pour faire connaître l’école et amasser des fonds. Il fit pression auprès du gouvernement provincial pour que celui-ci adopte une loi sur l’instruction gratuite pour les aveugles, ce qui fut fait en 1882. Deux ans plus tard, l’Asylum for the Blind prenait le nom de Halifax School for the Blind, mettant ainsi l’accent sur sa vocation éducative. En 1881, Fraser fonda une bibliothèque provinciale de prêt de livres en braille et, en 1898, il réussit à persuader les Postes canadiennes de livrer gratuitement les livres en braille.

Fraser se souciait aussi du sort des aveugles en dehors de l’école. Dans les années 1880, il ajouta un programme d’enseignement à domicile, non seulement pour préparer les enfants à fréquenter l’école, mais aussi pour instruire les adultes à la maison ; cet enseignement serait plus tard officiellement assuré par la Home Teaching Society for the Blind of the Maritime Provinces and Newfoundland, créée en 1893. Dès le début du xxe siècle, Fraser prôna la prévention de la cécité, notamment par le diagnostic précoce et le traitement de l’ophtalmie purulente chez les nouveaux-nés, qui deviendrait en 1911 en Nouvelle-Écosse une maladie à déclaration obligatoire par les médecins et infirmières. Des années durant, il préconisa la création d’ateliers spéciaux, affirmant qu’ils étaient nécessaires à l’autonomie des ouvriers aveugles, alors défavorisés par rapport à leurs collègues voyants. En 1909, il appuya la formation de la Maritime Association for the Blind, groupe d’entraide qui s’occupait surtout de trouver des emplois. En 1916, il créa l’Endowment Fund for the Blind afin d’obtenir des revenus supplémentaires pour l’école, l’enseignement à domicile, la Maritime Association for the Blind et la Canadian Printing House for the Blind (fondée à l’école en 1901) ; ce fonds devait également servir à augmenter l’aide financière offerte depuis 1883 aux finissants désireux d’entreprendre une carrière ou de poursuivre leurs études. Fraser appuya aussi le Canadian National Institute for the Blind, fondé en 1918. Cette année-là, il agit en qualité de consultant auprès de la Massachusetts Commission for the Blind et du gouvernement de l’Ontario, et présenta un certain nombre de communications à des rencontres nationales et internationales.

La Première Guerre mondiale et l’explosion de Halifax avaient marqué l’histoire de l’école de Fraser. En 1915, ce dernier avait pressé le gouvernement canadien de suivre l’exemple de la Grande-Bretagne et d’offrir une formation aux soldats devenus aveugles au cours de la guerre. En 1917, l’école accueillait un petit groupe de soldats canadiens. Elle dut toutefois mettre ses activités en suspens pendant les mois qui suivirent l’explosion de la ville cette année-là. Non seulement l’immeuble avait-il subi de lourds dégâts, mais bien des parents retiraient leur enfant de l’école, aggravant ainsi ses problèmes financiers. En outre, la formation donnée aux soldats aveugles cessa graduellement au cours des mois qui suivirent l’explosion. Deux cents personnes étaient devenues aveugles à cause de l’explosion et l’école en prit un soin particulier, avec l’aide du Perkins Institution and Massachusetts Asylum for the Blind et de l’American National Red Cross. On s’occupa de formation, on ouvrit une clinique d’ophtalmologie et l’on offrit des cours publics de cuisine et de couture.

Tout en menant sa carrière d’éducateur, Fraser dirigea un hebdomadaire littéraire et commercial, le Critic, de 1884 jusqu’à sa fusion avec le Canadian Colliery Guardian de Halifax en 1894. Membre de longue date et élu président en 1885 de la North British Society, il fut aussi le premier président du Canadian Club de Halifax et vice-président du Halifax Archaeological Institute. En 1908, il aida à la fondation de la Nova Scotia League for the Care and Protection of Feeble-minded Persons. Il œuvra au sein de l’Electoral Reform League et de la British Empire League. Toujours intéressé par les affaires, il fut président de la Nova Scotia Telephone Company et de la Trinidad Consolidated Telephone Company, ainsi qu’administrateur d’un certain nombre d’entreprises, dont l’Eastern Trust Company et l’Empire Trust Company.

L’immense contribution de Charles Frederick Fraser au bien-être des aveugles lui valut bien des hommages, notamment des diplômes honorifiques du King’s College de Windsor ainsi que de la Dalhousie University de Halifax et, en 1913, une reconnaissance spéciale du Parlement provincial. En 1915, Fraser fut créé chevalier sur la recommandation de son vieil ami, sir Robert Laird Borden*. S’il reçut plus d’honneurs que beaucoup de ses contemporains, Fraser n’en demeurait pas moins, à bien des égards, le type même du directeur d’organisme caritatif du xixe siècle. Il avait lui-même fait des études spécialisées, travaillait dans un établissement spécialisé dont la survie était assurée par des philanthropes et par l’État et qui mettait l’accent sur l’autonomie et l’aptitude au travail ; il s’intéressait en outre à diverses réformes. Cependant, il se distinguait sous deux aspects : d’abord parce qu’il était lui-même handicapé, et ensuite parce que, contrairement à la plupart de ses collègues, qui étaient issus de la petite bourgeoisie, il faisait partie de l’élite sociale et économique de la province. À sa mort, il laissa non seulement de quoi assurer la sécurité financière de sa veuve et de son fils, mais aussi une importante succession avec deux maisons, sa demeure dans la partie sud de Halifax, une résidence d’été en banlieue à Bedford, ainsi qu’une rente substantielle à cinq de ses parents et amis.

Janet Guildford

Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, 17 : 104 (mfm aux NSARM).— Critic (Halifax), 7 (1890) ; 8 (1891).— Evening Echo (Halifax), 6 juill. 1925.— Evening Mail (Halifax), 6 juill. 1925.— Halifax Herald, 6 juill. 1925.— Morning Chronicle (Halifax), 6 juill. 1925.— Annals, North British Society, Halifax, Nova Scotia, with portraits and biographical notes, 1768–1903, J. S. Macdonald, compil. ([3e éd.], Halifax, 1905).— M. R. Chandler, A century of challenge : the history of the Ontario School for the Blind (Belleville, Ontario, 1980).— A genealogical and heraldic history of the peerage and baronetage [...], A. P. Burke, édit. (80e éd., Londres, 1921).— Halifax Asylum for the Blind, Report of the board of managers, 1872–1878.— Halifax Institution for the Blind, Report of the board of managers, 1879–1884.— Halifax School for the Blind, Annual report of the board of managers, 1884–1925.— M. A. E. A. McNeil, The blind knight of Nova Scotia : Sir Frederick Fraser, 1850–1925 (Washington, 1939).— Nova Scotia newspapers : a directory and union list, 1752–1988, Lynn Murphy et al., compil. (Halifax, 1990).— Harold Schwartz, Samuel Gridley Howe, social reformer, 1801–1876 (Cambridge, Mass., 1956).— A survey and listing of Nova Scotia newspapers, 1752–1957, with particular reference to the period before 1867, G. E. N. Tratt, compil. (Halifax, 1979)

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Janet Guildford, « FRASER, sir CHARLES FREDERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fraser_charles_frederick_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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