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WHITTY, GERALD JOSEPH, officier de l’armée et représentant des vétérans, né le 25 août 1896 à St John’s, fils de John Whitty et de Catherine Dwyer ; décédé célibataire le 15 septembre 1924 à Donovans près de St John’s.
Les Whitty, d’ascendance irlandaise, vécurent la vie typique de la majorité des catholiques de St John’s de l’époque. Gerald (Jerry) Joseph Whitty travailla pour la Reid Newfoundland Company d’août 1908 au 24 décembre 1914, moment où il s’enrôla dans le Newfoundland Regiment. Il suivit une formation de signaleur et, en septembre 1915, fut envoyé à Gallipoli (Gelibolu, Turquie). Il y contracta la fièvre typhoïde et souffrit d’une tension à l’aine. Évacué dans un premier temps vers Malte, il fut plus tard envoyé en Angleterre, où il fut promu lieutenant en second le 1er novembre 1916. Son enrôlement et sa montée dans les rangs met en lumière la mobilité sociale dont la guerre permit à beaucoup de jeunes Terre-Neuviens de profiter et la mobilisation de catholiques dans une cause commune avec les protestants. Par la suite, la guerre produisit des divisions sociales et politiques profondes à Terre-Neuve, mais elle estompa également des barrières confessionnelles et créa de nouvelles institutions faisant largement appel au peuple. La vie de Whitty illustre bien ces éléments.
En juin 1917, Whitty alla en France. Projeté par une explosion dans le canal de l’Yser, dans les Flandres, le 25 juillet, il fut blessé aux yeux et au nez, mais demeura au front. À la bataille de Cambrai, il dirigea une attaque le 20 novembre 1917. Il reçut une balle à l’épaule et, pour son héroïsme, fut décoré de la Croix militaire. En juillet 1918, il fut nommé capitaine par intérim (il avait déjà appris à piloter un avion) et, le 3 juin 1919, il devint officier de l’Ordre de l’Empire britannique (division militaire).
Whitty revint à St John’s le 1er juillet 1919 et fut démobilisé le 29 du même mois. Tout comme beaucoup d’ex-militaires, il vécut une transition difficile. Après des incursions décevantes à New York et à Montréal, il revint à St John’s où il travailla temporairement pour la Reid Newfoundland Company. Le 18 février 1920, il devint membre du Civil Re-establishment Committee, mis sur pied par le gouvernement de Terre-Neuve le 25 juin 1918 pour aider les vétérans à trouver leur voie dans la vie civile. Ultérieurement, à la fin de l’été de 1920, il trouva un emploi à long terme comme secrétaire-trésorier (plus tard secrétaire du dominion) de la Great War Veterans’ Association of Newfoundland. Cette dernière était issue de la Soldiers and Rejected Volunteers Association, formée à St John’s le 11 avril 1918. Le 20 août 1918, cette association se restructura sur le modèle de la Great War Veterans’ Association of Canada, fondée en 1917. À Terre-Neuve comme au Canada, cette association était dynamique et sa raison d’être était inscrite dans le sang. À titre de secrétaire-trésorier, Whitty remplissait de multiples tâches, qui s’ajoutaient à son travail visant la réinsertion dans la vie civile. Il aida à mener la Campagne du coquelicot, commencée en 1921, et édita le Veteran Magazine pour la première fois en décembre 1920. En 1923, il représenta l’association à Londres pour le premier congrès biennal de la British Empire Service League.
Deux questions dominaient les affaires de la Great War Veteran’s Association of Newfoundland au début des années 1920 : l’amélioration des pensions et le projet de mémorial national pour honorer la mémoire des Terre-Neuviens morts à la guerre. Whitty joua un rôle important dans les deux cas. Les régimes de retraite des vétérans et de leurs dépendants avaient été approuvés par le gouvernement en 1917 et prévoyaient des ajustements annuels des prestations. Lorsque ces engagements ne furent pas honorés, l’association fit de fortes pressions pour redresser la situation et remporta des gains importants. Elle connut autant de succès avec le projet de mémorial de guerre. Sous la direction de l’ancien aumônier militaire du Newfoundland Regiment, le père Thomas F. Nangle, et de Whitty, l’association organisa une campagne publique pour recueillir des fonds pour le monument, qui serait situé à King’s Beach, à St John’s. Whitty organisa la cérémonie du 1er juillet 1924, au cours de laquelle le comte Douglas Haig, maréchal britannique, dévoila le mémorial.
Deux mois plus tard, Terre-Neuve fut visitée par le Special Service Squadron de la marine royale. St John’s célébra la visite de façon appropriée. Le soir du 15 septembre, pendant que les fêtes se déroulaient, Whitty et 13 compagnons se retrouvèrent dans un restaurant de Donovans pour souligner le départ d’un ami pour l’Angleterre. À onze heures du soir, Whitty, William King, un autre vétéran important de Terre-Neuve, et le premier maître de 1re classe Robert Lovett du hms Constance se tenaient près de l’autobus qui devait ramener le groupe à St John’s. Soudainement, une voiture qui roulait à vive allure apparut et frappa les trois hommes. Whitty et King furent tués sur le coup, comme le furent quatre occupants de la voiture, dont deux autres officiers du Constance. Le conducteur, Leonard Reid, était le fils de sir William Duff Reid. En novembre, il serait accusé d’homicide involontaire, reconnu coupable et condamné à un an de prison.
L’accident assombrit beaucoup les célébrations entourant le dévoilement du National War Memorial et l’arrivée du Special Service Squadron. Le 18 septembre, St John’s devint une « ville de deuil ». Dans l’après-midi, après l’enterrement de King au cimetière General Protestant, le cortège funéraire continua jusqu’à la maison de Gerald Joseph Whitty. À partir de là, une garde d’honneur du Catholic Cadet Corps escorta le cercueil du capitaine vers l’est le long de la rue Water. Au mémorial de guerre, on fit une courte halte pour placer des couronnes. Whitty fut enterré au cimetière Belvedere, parmi les catholiques irlandais importants de St John’s, dont il avait pu joindre les rangs grâce à ses états de service pendant et après la guerre. À l’enterrement, le père Nangle fit remarquer que les vétérans avaient perdu « leur meilleur ami et défenseur ».
Nous remercions M. Gerald Penney, de St John’s, d’avoir mis à notre disposition sa collection du Veteran Magazine (St John’s) pour la période 1920–1924. [m. b. et p. n.]
AN, RG 38, A-2-e, 489 : 0-188.— Arch. of the Royal Canadian Legion, Newfoundland and Labrador Command, Branch 56 (St John’s), Minute-book of the Soldiers and Rejected Volunteers Assoc., 1918–1920.— PANL, GN 2/39/A, 1921, St John’s West (mfm au Centre for Newfoundland Studies, Memorial Univ. of Nfld, St John’s) ; GN 8/2 ; MG 592 ; MG 632.— Daily News (St John’s), 1914–1924.— Evening Advocate (St John’s), 1916–1924.— Evening Telegram (St John’s), 1914–1924.— St. John’s Daily Star, 1918–1920.— Desmond Morton et Glenn Wright, Winning the second battle : Canadian veterans and the return to civilian life, 1915–1930 (Toronto, 1987).— P. [F.] Neary, « Democracy in Newfoundland : a comment », Rev. d’études canadiennes (Peterborough, Ontario), 4 (1969), nº 1 : 37–45 ; « How Newfoundland veterans became Canadian veterans : a study in bureaucracy and benefit », dans Twentieth-century Newfoundland : explorations, J. [K.] Hiller et P. [F.] Neary, édit. (St John’s, 1994), 195–237.— Newfoundland Quarterly (St John’s), 1914–1924.— G. W. L. Nicholson, The fighting Newfoundlander : a history of the Royal Newfoundland Regiment (St John’s, [1964]).— P. R. O’Brien, « The Newfoundland Patriotic Association : the administration of the war effort, 1914–1918 » (thèse de m.a., Memorial Univ. of Nfld, St John’s, 1981).— T.-N., Acts, 1916–1924 ; House of Assembly, Journal, 1919, app. « Report of the Civil Re-establishment Committee up to avril 26th, 1919 ».
Melvin Baker et Peter Neary, « WHITTY, GERALD JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/whitty_gerald_joseph_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/whitty_gerald_joseph_15F.html |
Auteur de l'article: | Melvin Baker et Peter Neary |
Titre de l'article: | WHITTY, GERALD JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 6 déc. 2024 |