GEORGEMÉ, SÉRAPHIN, prêtre, récollet, missionnaire, commissaire provincial du Canada, né vers 1659, décédé à Paris en 1705.
Il entre chez les Récollets de Paris en 1679. Ordonné prêtre en 1684, il est lecteur de théologie jusqu’en 1686. L’année suivante, le chapitre provincial de Paris le nomme gardien du couvent de Notre-Dame-des-Anges de Québec et commissaire provincial du Canada. Il arrive au pays en 1688. C’est en ses qualités de gardien et commissaire qu’il aura à se mesurer avec l’évêque de Québec à propos de l’inhumation d’un de ses religieux. En effet, le 11 décembre 1688, Mgr de Saint-Vallier [La Croix] lui défend de faire enterrer dans le cimetière de l’hospice Notre-Dame-des-Anges le père Nicolas Cadart, récemment décédé, car selon l’évêque il appartenait au curé de la paroisse de présider aux sépultures. Le lendemain, le père Georgemé lui répond afin de faire valoir les droits séculaires de son ordre, établis sur des concessions apostoliques et approuvés par Mgr de Laval. Dans une lettre qu’il lui adresse le 13 décembre, l’évêque lui renouvelle sa défense, tout en lui suggérant de chanter le service à la cathédrale ou de le faire à huis clos dans son couvent. Le 14, le récollet lui répond et, sous des excuses apparemment sincères, n’en reste pas moins sur ses positions. De plus, le 17, il adresse à l’évêque une sorte de remontrance au nom des Récollets au sujet de son refus de permettre une sépulture solennelle au père Nicolas ; parmi les signataires, l’on remarque les noms des pères Xiste Le Tac et Ambroise Pélerin. Il semble bien que le service solennel a lieu quand même, suivi de l’inhumation dans le cimetière de la communauté, puisque le 18 décembre Mgr de Saint-Vallier écrit au père Georgemé pour faire connaître aux Récollets son ressentiment à la suite de leur désobéissance.
Cette correspondance, longue et précipitée, échangée entre les deux ecclésiastiques, montre bien la personnalité du supérieur des Récollets : homme éclairé, plutôt pondéré, mais courageux et ferme au besoin. C’est cette fermeté que Mgr de Saint-Vallier aura l’occasion de louanger en parlant de lui dans une lettre écrite le 3 mars 1693 et adressée au père Joseph Denys : « J’espère que Dieu récompensera la fermeté du père Séraphin [Georgemé] votre confrère ». L’évêque soutenait alors la même position que le père Georgemé dans le conflit qui les opposait aux officiers qui gardaient pour eux une partie de la paye des soldats Mgr de Saint-Vallier demandait aux curés de leur refuser l’absolution. Cette recommandation causait des problèmes aux confesseurs. Cependant, quelques années plus tard, les théologiens de la Sorbonne donneront raison à l’évêque et au père Georgemé.
En 1691, le père Georgemé fait du ministère à la seigneurie de la Durantaye et y inscrit presque tous les actes du registre. Le 13 septembre 1692, il signe l’acte de vente du couvent de Notre-Dame-des-Anges à Mgt de Saint-Vallier [V. Luc Filiastre]. À cette époque, il est toujours lecteur de théologie à Québec.
Il repasse en France en 1694 et, l’année suivante, il est à Paris comme l’écrit l’abbé Tronson à Dollier de Casson : « Le père Séraphin qui m’est venu voir à Ivry par deux fois m’a parlé de tout avec modération [...] ». Peut-être fait-il allusion aux relations de ce père avec Mgr de Saint-Vallier dont nous avons parlé précédemment.
Le 27 février 1698, le père Georgemé est de retour au Canada, puisqu’il participe au troisième synode de Québec. À cette assemblée, il ne joue pas un rôle prépondérant, pas plus d’ailleurs que les 33 prêtres séculiers et réguliers qui y prennent part. Mgr de Saint-Vallier, seul législateur, se réservait ce rôle.
Il retourne en France à l’automne de 1700. Il est élu conseiller provincial lors du chapitre tenu à Paris en 1701. Il meurt à Paris le 27 août 1705, âgé de 46 ans, après 26 ans de vie religieuse.
AAQ, Registres d’insinuations A, ff.236, 237, 240, 244, 248, 250, 419, 481 ; Registres d’insinuations B, f.47.—Archives des Franciscains de Québec, Dossier Séraphin Georgemé.— Caron, Inventaire de documents, RAPQ, 1939–40 : 289.— Mandements des évêques de Québec (Têtu et Gagnon), I : 195, 367.— Gosselin, L’Église du Canada, IV : 206.— Jouve, Les Franciscains et le Canada : aux Trois-Rivières, 73.— Hugolin [Stanislas Lemay], L’Établissement des Récollets à Montréal, 1692 (Montréal, 1911), 49.— J.-E. Roy Histoire de la seigneurie de Lauzon (5 vol., Lévis : 1897–1904), I : LXXX.— Marie-Antoine [Roy], Saint-Michel de la Durantaye, notes et souvenirs : 1678–1929 (Québec, 1929), 32, 79.— H. Têtu, Histoire du palais épiscopal de Québec (Québec, 1896), 36.
Gabriel-M.-Réal Dumas, « GEORGEMÉ, SÉRAPHIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/georgeme_seraphin_2F.html.
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Auteur de l'article: | Gabriel-M.-Réal Dumas |
Titre de l'article: | GEORGEMÉ, SÉRAPHIN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 5 déc. 2024 |