Titre original :  William Edward Cochrane. Image courtesy of Glenbow Museum, Calgary, Alberta.

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COCHRANE, WILLIAM EDWARD, éleveur de bétail, né le 8 septembre 1858 à Packington, près de Lichfield, Angleterre, fils de Basil Edward Arthur Cochrane et de Sally Caroline Fitzgerald ; le 19 février 1887, il épousa à Londres Evelyn Constance Clementina Lamb (décédée le 28 mai 1908), et ils eurent un fils ; décédé le 7 mars 1929 à Ballycarney (république d’Irlande).

William Edward Cochrane, dit Billy, était le petit-neveu du fameux marin Thomas Cochrane, 10e comte de Dundonald. Il était apparenté aussi à sir Thomas John Cochrane*, qui avait été gouverneur de Terre-Neuve, et à Douglas Mackinnon Baillie Hamilton Cochrane*, qui à titre de 12e comte de Dundonald commanderait la milice canadienne. À l’instar d’un certain nombre d’autres jeunes Britanniques de bonne famille en quête d’aventure, William Edward Cochrane vint sur les contreforts albertains des Rocheuses dans les années 1880. Il y resta et prit une part importante au développement socio-économique de la région. Bien que, dans l’historiographie des prairies canadiennes, il soit surtout question du rôle de quatre ou cinq grandes compagnies d’élevage [V. Matthew Henry Cochrane* ; Frederick Smith Stimson*], des recherches récentes semblent indiquer que beaucoup d’entreprises familiales de moindres dimensions ont financé elles aussi l’industrie bovine et contribué de manière considérable, par des innovations et des adaptations, à l’élevage dans les ranchs. La vie de Cochrane en Alberta résume l’apport de ce groupe.

En 1884, William Edward Cochrane, son cousin Thomas Belhaven Henry Cochrane, Hugh Graham ainsi que les frères Ted et Frank Jenkins formèrent la Little Bow Cattle Company, connue sous le nom de CC Ranch à cause de la marque qu’elle apposait sur son bétail. En septembre de la même année, les associés importèrent du Montana les 359 bovins qui serviraient à l’établissement de leur troupeau, plus 12 chevaux de selle. Ils bâtirent une maison de ranch dans un coin bien abrité au bord du ruisseau Mosquito, à quelques milles à l’ouest de Cayley. Bientôt, l’entreprise subit des revers, ce qui poussa les compagnons de William Edward à se lancer dans d’autres affaires ; ce dernier se retrouva seul et unique patron du CC Ranch. Un petit troupeau de pure race faisait sa fierté et sa joie. Ces bovins Galloway produisaient des taurillons que Cochrane élevait pour vendre à des propriétaires de ranchs voisins et qui étaient estimés pour leur résistance et leur aptitude à trouver leur nourriture. Cochrane avait aussi un troupeau ordinaire d’environ 400 vaches qui donnait de 220 à 275 veaux par an. En 1890, le ranch rapporta avoir en tout 800 têtes de bétail et 40 chevaux.

En prenant de la maturité, Cochrane devint un éleveur consciencieux. Il était toujours à la recherche de moyens pour améliorer ses bêtes et rationaliser la production. Non seulement élevait-il un troupeau de race pure qui paissait dans des enclos, mais il commença tôt à engranger du foin pour les veaux et pour les animaux faibles. Par la suite, il convainquit l’association des éleveurs de garder les taureaux à l’écart des vaches jusqu’au milieu de l’été pour éviter les vêlages d’hiver. En somme, il appliquait des pratiques issues de la tradition pastorale de la Grande-Bretagne. Le géographe Terry G. Jordan a expliqué que la fusion de ces pratiques avec des méthodes venues du Centre-Ouest américain avait fait en sorte que l’élevage, sur les contreforts canadiens des Rocheuses, différait beaucoup de ce qu’il était dans le « complexe anglo-texan des ranchs », où on laissait le bétail pâturer sur des étendues immenses. L’influence de Cochrane s’étendait bien au delà des limites de sa propriété. Pendant plusieurs années, il organisa l’équipe de cow-boys qui chevauchait pour le Mosquito Creek Wagon au moment du rassemblement du bétail. En plus, quand un accident força son voisin Alfred Ernest Cross* à garder le lit, il administra le A7 Ranche à sa place. Il prit des initiatives importantes dans la lutte contre les prédateurs et, en 1904, il construisit l’immense cuve dans laquelle tout le bétail du district fut traité pour la gale.

Avec des amis, Cochrane finançait une entreprise de Cross, la Calgary Brewing and Malting Company. Il acheta 1 000 $ d’actions en 1892 et versa par la suite une contribution de 500 $. Mieux encore peut-être, il manifesta à Cross une amitié indéfectible. À la fin des années 1890, celui-ci était malade et en butte à des difficultés. Cochrane lui écrivit alors : « Ce serait dommage que tu doives lâcher maintenant, après avoir assumé tous les frais et les problèmes et la très grosse dépréciation […] Je veux bien continuer à soutenir la brasserie tant que tu le feras et tant que l’administration restera entre tes mains. » Cochrane tirerait un modeste revenu de l’entreprise jusqu’à sa mort.

La personnalité de Billy Cochrane présentait un autre aspect. Un de ses amis disait qu’il avait « sur la joue un baiser du diable ». Il aimait les durs travaux – nombreux dans un ranch isolé –, et ses hommes le respectaient parce qu’il était prêt à participer à n’importe quelle corvée, mais il entendait aussi s’amuser ferme. Au cours de ses premières années en Alberta, il fut l’un des membres les plus actifs du Wolves’ Den, « club de gentlemen » pas du tout respectable qui se réunissait à Calgary dans un vieux wagon couvert abandonné à côté des rails. Cochrane connaissait la famille Grant, productrice du whisky écossais Glen Grant, et il veillait à ce que lui-même et ses camarades aient toujours à portée de la main un tonnelet de whisky de dix ans pour s’humecter le gosier pendant qu’ils se racontaient des histoires et jouaient au poker. Quand Cochrane et sa femme, Evelyn Constance Clementina Lamb, étaient à leur ranch, ils chassaient le coyote à dos de cheval, assistaient à des matchs de polo ou en jouaient, s’adonnaient au tir, allaient à la pêche et recevaient beaucoup. Dès qu’il eut un régisseur digne de confiance, Cochrane prit l’habitude de passer l’hiver en Grande-Bretagne. Il aimait aller chasser – soit le renard à partir de la maison familiale, située dans le Leicestershire, soit le tétras en Écosse ou le faisan dans le Dorset. Avec sa femme, il séjournait aussi à Londres ; ils logeaient au British Hotel, dînaient au Café Royal et assistaient aux pièces de théâtre en vogue. En 1909, après la mort d’Evelyn, Cochrane vendit son ranch et se retira en Écosse. Il continua à chasser et à pêcher ; il voyagea beaucoup et fit de fréquentes visites en Alberta. Pendant la Première Guerre mondiale, il falsifia son âge pour s’enrôler dans le 1st Sportsman’s Battalion des Royal Fusiliers (City of London Regiment), mais il ne prit part à aucun combat. Au moment de son décès, sa résidence principale était le château de Ravenstone, près de Whithorn, en Écosse. Le règlement de sa succession, évaluée à 1 250 000 $, prit quelques années.

William Edward Cochrane présentait bien des caractéristiques d’un personnage décrié : le fils à papa. Il avait un côté excessif qu’il ne tenta nullement de réprimer même une fois qu’il fut parvenu à la maturité et eut une femme et un enfant. Il manifestait son appui à la Calgary Brewing and Malting Company en goûtant de copieux échantillons de bière, quel qu’ait été l’endroit où il se trouvait, et en envoyant des avis à Cross. En outre, il faisait tout son possible pour convaincre son ami, homme consciencieux à l’excès, de l’accompagner pour une nuit ou deux en ville. Cochrane était une créature de son temps, un produit de cette époque où l’argent masquait bon nombre des réalités de la vie à la classe des propriétaires terriens. Son histoire est intéressante parce qu’elle montre que, malgré le bagage culturel que les Britanniques aisés apportèrent en Alberta – des mœurs bizarres et ridicules aux yeux d’autrui –, ces immigrants privilégiés contribuèrent fortement à la colonisation de ce que Cochrane appelait souvent la prairie « chauve ».

Simon M. Evans

GA, M 289 ; M 6552.— GRO, Reg. of births, Lichfield, 8 sept. 1858 ; Newcastle upon Tyne, 8 janv. 1858 ; Reg. of marriages, St George Hanover Square (Middlesex), 19 févr. 1887.— D. H. Breen, The Canadian prairie west and the ranching frontier, 1874–1924 (Toronto, 1983).— Burkes genealogical and heraldic history of the peerage, baronetage and knightage, Peter Townend, édit. (105e éd., Londres, 1970).— Cayley Women’s Institute, Under the chinook arch : a history of Cayley and surrounding areas ([Cayley, Alberta,1967 ?]).— S. M. Evans et al., Cowboys, ranchers and the cattle business : cross-border perspectives on ranching history (Calgary, 2000).— High River Pioneers’ and Old Timers’ Assoc., Leaves from the Medicine Tree [...] ([Lethbridge, Alberta], 1960).— T. G. Jordan, North American cattle ranching frontiers : origins, diffusion, and differentiation (Albuquerque, N. Mex., 1993).— Sherrill MacLaren, Braehead : three founding families in nineteenth century Canada (Toronto, 1986).— Nanton and District Hist. Soc., Mosquito Creek roundup : Nanton-Parkland (Nanton, Alberta, 1975).

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Simon M. Evans, « COCHRANE, WILLIAM EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cochrane_william_edward_15F.html.

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Auteur de l'article:    Simon M. Evans
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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