Titre original :  William Roper Hull. Image courtesy of Glenbow Museum, Calgary, Alberta.

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HULL, WILLIAM CHARLES JAMES ROPER, éleveur, producteur de viande, homme d’affaires et philanthrope, né le 20 décembre 1856 à Childhay Farm, Broadwindsor, Angleterre, fils d’Arthur Hull et de Honora James Berry ; le 29 octobre 1903, il épousa à Davisburg (Alberta) Emmeline Mary Ellis, née Banister (décédée le 11 mars 1953), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 4 avril 1925 à Calgary.

Fils d’un éleveur de « bétail de première qualité », William Charles James Roper Hull fréquenta l’école à Dorchester et à Bridport dans le Dorset. En 1873, avec son frère John Roper, il quitta l’Angleterre pour l’intérieur de la Colombie-Britannique, où son oncle William James Roper élevait du bétail près de Kamloops. Après avoir voyagé par vapeur jusqu’à Victoria par la route de Panama, ils remontèrent le fleuve Fraser en bateau et atteignirent Kamloops à la marche. Ne possédant guère plus que leurs effets personnels, les deux frères se mirent à l’élevage près des lacs Edith et Hull et, dès 1880, ils faisaient paître du bétail et des chevaux. Trois ans plus tard, lorsqu’ils se retrouvèrent avec un surplus de chevaux, ils en menèrent 1 200 à Calgary par la passe du Nid-du-Corbeau et ils les vendirent à la Police à cheval du Nord-Ouest et à la North-West Cattle Company [V. Frederick Smith Stimson*]. En 1886, les frères Hull et un associé, Walter Pound Trounce, mirent sur pied une boucherie et un commerce de bétail sous le nom de Hull, Trounce and Company. William Charles James Roper et Trounce s’installèrent à Calgary pour prendre la direction du bureau principal tandis que John Roper demeura à Kamloops. Ce groupe d’associés fut le premier à combiner l’élevage du bétail, la conserverie de viande et la vente au détail à grande échelle en Alberta. Pendant sa première année d’exploitation, il fit livrer dans le district de l’Alberta le premier contingent de bétail expédié par train en provenance de l’Ouest ; celui-ci arriva à Calgary et fut vendu au McDermott and Ross Ranche. Au cours de l’année 1886, Hull et Trounce commandèrent un total de 500 chevaux et de 3 000 têtes de bétail ; ils en vendirent les deux tiers et utilisèrent le reste pour constituer leur premier ranch, le 25, situé près de Nanton.

L’arrivée de Hull à Calgary coïncida avec l’âge d’or du ranch dans les régions pionnières de l’Ouest canadien. À partir du début des années 1880, la population locale et les troupeaux de bovins s’accrurent considérablement. Hull réussit à acheter des bovins et d’autres bestiaux à des éleveurs et à des fermiers de la région ; il vendit la viande en ville et dans des marchés éloignés. En mai 1887, sa compagnie décrocha le contrat lucratif de fournisseur de bœuf pour la division du Pacifique de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. L’année suivante, elle ouvrit des boucheries à Banff, à Donald, à Revelstoke et à Kamloops et, plus tard, à Anthracite, à Canmore, à Golden et à Field.

Vers 1890, Trounce quitta l’entreprise ; William Charles James Roper et John Roper créèrent la Hull Brothers and Company. Dès 1891, leur boucherie était la plus grande de Calgary. Ils possédaient un abattoir sur la rivière Bow et, à Calgary, un immeuble en pierre abritant une conserverie de viande avec chambres froides réfrigérées ; à cela s’ajoutaient un espace d’entreposage frigorifique ainsi que le Pioneer Meat Market de la compagnie, qui vendait une variété de viandes fraîches, de volailles et de poissons. Dès le début, le bœuf fut leur principal produit. Pour en faire la transformation, ils conçurent un système moderne en partie mécanisé dans lequel la coupe se faisait à la main et le déplacement des pièces de viande par monte-charge et tapis roulant activés à la vapeur. Dans les années 1890, une grande partie de la viande était vendue localement, mais une bonne quantité était expédiée par des wagons réfrigérés de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique dans les boucheries des deux frères situées ailleurs. Ces derniers étaient également les fournisseurs des wagons-restaurants de la compagnie de chemin de fer et des grossistes partout dans le sud de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Comptant sur le fort volume de ses ventes, William Charles James Roper se contentait de petites marges bénéficiaires ; il baissait parfois les prix en dessous du coût pour faire échec à la concurrence.

Hull intégra son Pioneer Meat Market au deuxième ranch de sa compagnie, exploitation de 4 000 acres située au sud de Calgary sur le ruisseau Fish, dans la vallée de la rivière Bow, où près de 1 000 bovins étaient régulièrement menés et nourris au pâturage. Les frères Hull avaient d’abord loué cette terre au sénateur Théodore Robitaille* en 1887 ; il l’achetèrent en 1892. Le Bow Valley Ranche se fit connaître pour les expériences qu’on y menait et qui visaient à découvrir les meilleures techniques de production. Hull entreprit de faire de la culture irriguée à grande échelle. En 1893, il dépensa 2 000 $ pour la construction d’un fossé de drainage alimenté par la rivière Bow pour arroser 500 acres de terres basses le long du ruisseau Fish ; il estima qu’il en récupérerait le coût grâce au rendement supplémentaire de l’avoine et du foin la première année. Quelque trois ans plus tard, il construisit un second fossé pour irriguer 800 acres de plus. Le ranch, souvent désigné sous le nom de Hull’s Irrigation Farm, utilisait des râteleuses et des ramasseuses-ameulonneuses modernes pour récolter le fourrage grossier. Comptant parmi les grandes exploitations agricoles modèles des Territoires du Nord-Ouest, le ranch aida l’industrie à passer de l’élevage en plein air intégral à une agriculture mixte intensive. Il se distinguait également par son aspect visuel. Il semble que Hull ait habité le 25 au début, mais après que la maison en rondins eut brûlé en 1895, il décida de la remplacer par une magnifique maison qui lui servirait de résidence principale. Conçue par James Llewellyn Wilson, de Calgary, le manoir de deux étages bâti l’année suivante – aujourd’hui un restaurant situé dans le Fish Creek Provincial Park – constituait un excellent exemple du style Queen Anne dans un cadre rural. La porte était encadrée de côtes de baleine, des quatuors à cordes jouaient sur la pelouse durant d’extravagantes réceptions en plein air et l’on y voyait souvent des gentlemen anglais de la haute société en visite.

La construction de la résidence de Hull coïncida avec la fin de son association avec son frère. William Charles James Roper conserva la partie albertaine de leur entreprise et John Roper, les propriétés de Kamloops. En 1903, William Charles James Roper vendit le Bow Valley Ranche et son entreprise bovine au roi de l’élevage du bétail Patrick Burns* afin de pouvoir se concentrer sur d’autres intérêts. Avec Alfred Ernest Cross*, William Edward Cochrane et d’autres, il avait fondé la Calgary Brewing and Malting Company en 1892. Il prit aussi part aux activités de la W. Roper Hull Limited, agence qui s’occupait d’élevage, d’agriculture et d’assurances. Il se distingua en tant que courtier immobilier et propriétaire. Il possédait notamment l’Oxley Ranch de 6 000 acres situé près de Claresholm et qu’il acheta en 1903 ainsi que le Walrond Cattle Ranch de 37 500 acres qui se trouvait dans les terres de contreforts au nord du ruisseau Pincher [V. Duncan McNab McEachran], qu’il loua pendant une certaine période à compter de 1909. Il fit construire un certain nombre d’édifices importants à Calgary. Ses cinq immeubles commerciaux comprenaient la Hull Opera House (1893) et le Grain Exchange (1908–1910) ; il fit bâtir des immeubles à bureaux à Edmonton, à Medicine Hat et à Lethbridge. Il gagna sans doute une grande partie de son argent grâce à ses affaires immobilières ; il semble avoir eu un don pour reconnaître les endroits qui allaient prendre de la valeur. Par exemple, à Calgary, il paya 7 500 $ en 1886 pour un terrain situé à l’angle de la 8e avenue et de la rue Centre, où il ouvrit une petite boucherie ; sept ans plus tard, il vendit la propriété pour le double du prix d’achat.

Peut-être plus que quiconque, Hull symbolisait l’aristocratie des hommes d’affaires et des éleveurs qui a contribué à rendre célèbres les régions pionnières des prairies de l’Ouest. Il utilisait constamment sa richesse pour façonner un environnement social et culturel de l’Ancien Monde dans le sud de l’Alberta. L’opéra en est un bon exemple. Dans cette salle de 1 000 places assises, on présentait des spectacles lyriques et des pièces de théâtre montés par des compagnies de tournée réputées, ainsi que des concerts d’école, des productions pour la collecte de fonds, des ventes aux enchères et des bals. Dans les dernières années, il conserva la coutume, instaurée au Bow Valley Ranche, de transformer sa maison en centre d’activités sociales raffinées. Après avoir vendu le Bow Valley Ranche à Burns, il eut besoin d’un logement pour lui-même et sa nouvelle épouse, fille d’Albert Edward Banister, vétérinaire qui avait émigré de Bridport à Davisburg pour devenir agriculteur. Le deuxième manoir de Hull, situé en banlieue de Calgary, était encore plus splendide que celui du ruisseau Fish. Conçu par Hodgson and Bates, les architectes du Grain Exchange, il fut baptisé Langmore d’après la maison familiale des Hull en Angleterre. La construction nécessita deux ans et coûta 12 000 $ ; il fallut 3 000 $ de plus pour les meubles. Le bâtiment avait un aspect européen, mais le cadre était résolument de l’Ouest. « Lorsque je suis venue m’installer ici, se rappela plus tard Mme Hull, la prairie s’étendait devant nous. Il n’y avait pas de clôtures et souvent nous nous asseyions et regardions par les fenêtres les cavaliers [qui] saut[aient] des obstacles et s’entraîn[aient] pour les courses. » Par la suite, le terrain fut aménagé et les réceptions en plein air qui y eurent lieu étaient courues. Ce genre de divertissements laissait transparaître les valeurs et les styles de vie que Hull et bon nombre de ses pairs avaient apportés dans l’Ouest. En 1922, la famille Hull retourna à son ancienne résidence, qui appartenait toujours à Patrick Burns, pour aider à divertir Arthur Neville Chamberlain, député au Parlement britannique et futur premier ministre, alors en visite au Canada.

William Charles James Roper Hull était un homme d’affaires très compétent qui possédait aussi un sens aigu des responsabilités sociales. À sa mort en 1925, il laissa des instructions pour qu’une grande partie du 1,6 million de dollars de sa succession soit mise de côté pour la construction d’un orphelinat. Lorsque Mme Hull mourut en 1953, la valeur avait atteint 5 millions de dollars. Le William Roper Hull Home, dont on espérait la construction avant 1956, n’ouvrit officiellement qu’en 1962. Maintenant connu sous le nom de Hull Child and Family Services, cet organisme administre, en collaboration avec le bureau d’éducation de Calgary, la William Roper Hull School, afin d’offrir des programmes aux élèves qui présentent des problèmes du comportement et des troubles affectifs. Parmi les autres organismes qui ont bénéficié de la succession de Hull, on retrouve le diocèse anglican de Calgary, la Croix-Rouge et divers hôpitaux.

Warren M. Elofson

GA, M 8688/7 ; NA-14-1.—GRO, Reg. of births, Netherbury, 20 déc. 1856.— Univ. of Birmingham Library, Special Coll. (Birmingham, Angleterre), Chamberlain papers, travel journal [d’Arthur Neville Chamberlain], western Canadian trip, sept.-oct., 1922.— Calgary Daily Tribune, 11 oct. 1893.— Calgary Herald, 13 févr. 1889, 3 mars 1891, 13 oct. 1923, 18 nov. 1933, 21 oct. 1996, 18 janv. 1998, 5 févr., 23 sept. 2003.— Calgary News Telegram, 11 janv., 1er nov. 1913.— Globe, 17 oct. 1891.— Pincher Creek Echo (Pincher Creek, Alberta), 23 sept. 1997.— Alberta Geneal. Soc., Edmonton branch, Alberta : index to registration of births, marriages and deaths (1 vol. paru, Edmonton, 1995– ), 1 (1870 to 1905) : 262.— Mary Balf, Kamloops : a history of the district up to 1914 (Kamloops, C. B., 1969).— Canadian who’s who, 1910.— Commercial (Winnipeg), 5 (1886–1887) : 667.— L. V. Kelly, The range men (éd. du 75e anniversaire, High River, Alberta, 1988).— H. C. Klassen, Eye on the future : business people in Calgary and the Bow valley, 1870–1900 (Calgary, 2002).— A. O. MacRae, History of the province of Alberta (2 vol., [Calgary], 1912).— Newspaper reference book.— « Out of our past », Kelly Untinen, compil., Sunday : Calgary Herald Magazine, 3 mars 1991 : 5.

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Warren M. Elofson, « HULL, WILLIAM CHARLES JAMES ROPER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hull_william_charles_james_roper_15F.html.

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Auteur de l'article:    Warren M. Elofson
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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