ROBB, JAMES ALEXANDER, homme d’affaires et homme politique, né le 10 août 1859 à Huntingdon, Bas-Canada, fils d’Alexander Robb, fermier, et de Jenny (Janet) Smith ; le 11 septembre 1889, il épousa à Salaberry-de-Valleyfield, Québec, Mary Alma Wattie (décédée en 1902), et ils eurent une fille, qui mourut avant son père, puis le 16 août 1919, à Vancouver, Mary Elizabeth Wattie, née Fletcher ; décédé le 11 novembre 1929 à Toronto et inhumé à Salaberry-de-Valleyfield.

James Alexander Robb fréquenta la Huntingdon Academy jusqu’à l’âge de 16 ans, puis commença à travailler pour son oncle à Salaberry-de-Valleyfield comme assistant meunier. À 20 ans, il était déjà associé dans l’entreprise, la McDonald and Robb. Il en devint plus tard président et conserverait ce poste jusqu’à sa mort. La compagnie, qui valait tout au plus entre 2 000 $ et 5 000 $ en 1889, fut évaluée à entre 5 000 $ et 10 000 $ moins de dix ans après et elle continuerait à prospérer. Plus tard dans sa vie, Robb serait également directeur général d’une compagnie montréalaise de vente de farine en gros, la Bruneau, Currie and Company Limited. Il réussit donc en affaires, et joua en outre un rôle actif en politique locale, notamment comme maire de Salaberry-de-Valleyfield de 1906 à 1910 ou 1911. La population avait réclamé par pétition publique qu’il accepte cette fonction pour remettre de l’ordre dans les finances municipales. C’est pendant cette période que Robb entra en politique fédérale, comme libéral. À compter de 1908, il obtint six mandats consécutifs. Sa circonscription de Huntingdon, qui devint Châteauguay-Huntingdon en 1914, n’était pas acquise aux libéraux. Bien sûr, la popularité de son parti dans la province de Québec lui donnait de meilleures chances de se faire élire, mais sa circonscription avait été conquise par un conservateur tout juste avant son élection, et le serait de nouveau peu de temps après sa mort. Bien connu et apprécié dans son comté, Robb assuma des responsabilités de plus en plus grandes à Ottawa : il fut nommé whip en chef du Parti libéral en 1917 et, après le décès de sir Wilfrid Laurier* en 1919, leader du gouvernement en Chambre.

En décembre 1921, les libéraux reprirent le pouvoir à Ottawa. Sous William Lyon Mackenzie King*, ils remportèrent les 65 sièges dans la province de Québec. Parmi les députés québécois, cependant, une intense rivalité opposait un groupe de Montréal – dirigé par l’ancien premier ministre sir Lomer Gouin et défendant les intérêts de la grande entreprise – et un groupe plus populiste de la ville de Québec, dirigé par Ernest Lapointe*. Bien qu’identifié clairement au groupe de Gouin parce qu’il était un homme d’affaires et habitait près de Montréal, Robb était un des rares libéraux québécois à avoir la confiance et l’amitié des deux factions, et il entra au cabinet comme ministre du Commerce le 29 décembre. Sa plus notable réalisation pendant l’année et demie où il détint ce portefeuille fut la négociation d’une entente commerciale avec l’Australie. Du 17 août 1923 au 4 septembre 1925, Robb fut ministre de l’Immigration et de la Colonisation et se contenta de maintenir les politiques qui, à cette époque, encourageaient l’établissement de colons blancs et britanniques au Canada. Pendant la plus grande partie de cette période, sa fonction de ministre des Finances, qu’il remplit par intérim pendant la maladie de William Stevens Fielding, retint davantage son attention que celle de ministre de l’Immigration et de la Colonisation. Ses budgets de 1924 et de 1925 annonçaient l’austérité économique et les préoccupations politiques des quatre budgets qu’il présenterait après avoir officiellement remplacé Fielding.

Robb fut ministre des Finances du 5 septembre 1925 au 28 juin 1926, date à laquelle il démissionna avec King et son cabinet au moment de l’affaire King-Byng [V. William Lyon Mackenzie King ; Julian Hedworth George Byng*]. Peu après, soit le 2 juillet, le gouvernement conservateur d’Arthur Meighen* fut défait à la Chambre sur une motion contestable en droit mais politiquement astucieuse que King avait demandé à Robb de déposer au sujet de la validité du gouvernement Meighen. Les libéraux retournèrent au pouvoir et, le 25 septembre 1926, Robb retrouva son poste de ministre des Finances, qu’il conserverait jusqu’à sa mort en 1929. Les budgets qu’il présenta pendant cette période d’expansion commerciale où l’État tirait des recettes toujours accrues de droits de douane modérés visaient à réduire tout à la fois la dette, les impôts et l’ensemble des dépenses gouvernementales. Bien des gens voyaient dans ces budgets dits de la prospérité une preuve de sagesse, et seuls quelques inquiets rappelaient que la croissance économique était illusoire et que bien des Canadiens avaient souffert du refus du gouvernement de financer les programmes sociaux. Présentés dans le style simple et direct de Robb, ces budgets ne contenaient à peu près rien de nouveau ni d’original et se bornaient à appliquer le programme de frugalité préconisé par King. Le commentaire de Robb à King en 1928, selon lequel « la bonne marche des affaires et l’intérêt national exige[aient] que chaque ministère pratique l’économie », résume bien le contenu de nombreuses lettres entre les deux hommes.

Tout en étant impressionné par les mesures d’austérité avancées par Robb, King soupçonnait souvent son ministre des Finances de trop grande sympathie avec les conservateurs en matière économique : « Robb est, d’instinct et par association, trop tory et trop protectionniste », avait-il écrit dans son journal le 7 mars 1925. Robb n’avait perdu ni la réputation ni les liens établis en tant que membre de l’aile libérale qui, avec Gouin, prônait une augmentation des tarifs au début des années 1920. Dès qu’il obtint le portefeuille des Finances, toutefois, il se soucia tout autant que King de l’avenir du Parti libéral et chercha à y gagner ceux qui étaient en faveur de réductions tarifaires. Bien qu’il n’ait jamais été intéressé par les détails de l’organisation politique, il réussit, par sa politique tarifaire modérée et d’autres mesures, non seulement à satisfaire ceux qu’il appelait ses « amis manufacturiers », mais aussi à attirer un nombre important de progressistes qui revendiquaient de bas tarifs. S’il n’eut pas plus d’influence au cabinet, c’est peut-être non pas à cause de son penchant conservateur et de son association avec Gouin et Fielding, mais parce qu’il avait la réputation de trop s’en remettre aux fonctionnaires de son ministère. Son sous-ministre, George Finley O’Halloran, fit remarquer que Robb était « porté à jeter un coup d’œil sur les longues notes de service, au lieu de les lire ». Néanmoins, sa présence au cabinet était appréciée par le premier ministre, qui l’admirait pour sa compétence en matière financière et sa loyauté envers le parti.

À l’automne de 1929, peu après l’alarmante nouvelle de l’effondrement des cours en Bourse, James Alexander Robb tomba gravement malade ; atteint de pleurésie, il fut emporté par une attaque d’apoplexie en novembre. À ses funérailles, bien des gens vantèrent les qualités de ce député populaire qui s’était gagné le respect de tous les partis. Son secrétaire, Robert Watson Sellar*, écrirait des années plus tard dans ses mémoires que Robb « n’avait pas la parole facile, mais il disait des choses sensées (en termes simples, en anglais et en français) ; cet homme politique astucieux, [en qui l’on avait] confiance, était à son meilleur lorsqu’il réglait des différends ».

John MacFarlane

ANQ-M, CE607-S35, 3 nov. 1859 ; S72, 11 sept. 1889.— BAC, MG 26, G ; I ; J (particulièrement J13) ; MG 27, III, B10 ; MG 31, E5.— BCA, GR-2962.— Annuaire, Montréal, 1929–1930.— Canada, Chambre des communes, Débats, 1908–1929.— CPG, 1908–1929.— R. MacG. Dawson et H. B. Neatby, William Lyon Mackenzie King : a political biography (3 vol., Toronto, 1958–1976).— F. W. Gibson, « The cabinet of 1921 », dans Cabinet formation and bicultural relations : seven case studies, F. W. Gibson, édit. (Ottawa, 1970), 63–104.— J. E. Rea, T. A. Crerar : a political life (Montréal, 1997).— S. P. Regenstreif, « A threat to leadership : C. A. Dunning and Mackenzie King », Dalhousie Rev. (Halifax), 44 (1964–1965) : 272–289.

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John MacFarlane, « ROBB, JAMES ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/robb_james_alexander_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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