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SMITH, GEORGE ROBERT, administrateur minier et homme politique, né le 17 février 1860 à Newark, New Jersey, fils de Benjamin Smith et de Mary Ann Codmer ; le 3 mars 1886, il épousa à Buckingham, Québec, Isabella Frances Parker, et ils eurent cinq fils et deux filles ; décédé le 20 février 1922 à Thetford Mines, Québec, et inhumé à Sherbrooke, Québec.
George Robert Smith fait des études commerciales à Newark et émigre au Canada à l’âge de 16 ans. Après son arrivée au pays, il s’intéresse rapidement à l’exploitation minière. Il entame sa carrière dans le domaine en travaillant dans des mines d’argent près de Kingston, en Ontario. Il dirige ensuite des mines de mica, de graphite et de phosphate qui appartiennent à William Anderson Allan, près de Buckingham, de 1881 à 1886. De 1886 à 1892, il est représentant de la Ingersoll Rock Drill Company, compagnie américaine qui a, dans les années 1890, une succursale à Montréal. Grâce à cette fonction, il visite fréquemment les entreprises minières des Cantons-de-l’Est et se fait connaître des différents propriétaires, ce qui, sans doute, pousse le Britannique John Bell à le nommer directeur de sa firme, la Bell’s Asbestos Company, en 1892. C’est à ce moment que Smith s’installe à Kingsville (Thetford Mines) et devient le premier de la longue lignée de la famille Smith à occuper un poste de direction à la Bell’s Asbestos Company. En 1906, à la suite de l’achat de la Bell’s Asbestos par l’entreprise américaine Keasbey and Mattison Company, Smith occupe les postes de vice-président et de directeur des opérations minières, fonctions qu’il exercera jusqu’à sa mort.
Conjugué avec son intérêt marqué pour l’exploitation minière, l’esprit d’initiative de Smith lui permet de créer et de perfectionner un outillage qui contribue grandement à la réputation de ce que l’on nomme communément la mine Bell, considérée comme un chef de file en matière de nouvelles techniques. En 1893, celle-ci devient d’ailleurs la première au monde à posséder une usine de réduction de l’amiante, innovation réalisée grâce aux travaux effectués par John J. Penhale (qui a mis au point la technique d’usinage de l’amiante pour des mines situées à Black Lake), puis améliorés par Smith. Ce dernier développe par ailleurs, en 1893 et 1894, le concept des galeries souterraines afin de faciliter les opérations au cours de l’hiver. En 1894, il invente le ventilateur aspirant, actionné par le moteur d’un treuil à vapeur ; cet appareil aspire la fibre et la classifie ensuite mécaniquement, idée ingénieuse qui améliore la productivité. En 1906, la mine Bell devient une des premières entreprises de ce genre à utiliser une locomotive à vapeur, innovation attribuable une fois de plus au génie créateur de Smith. Pendant les 30 ans qu’il passe à la direction de la mine Bell, Smith s’applique à mécaniser de plus en plus l’industrie minière et à améliorer son rendement. À partir de 1894, la mécanisation permet de faire le traitement de 95 % du minerai à la mine même, ce qui représente environ 500 tonnes de minerai par jour. Sous la direction de Smith, l’entreprise, qui compte entre 450 et 500 employés, jouit d’une situation financière solide et d’une excellente réputation aux quatre coins du monde. La compagnie exporte principalement vers les États-Unis, mais, au début du xxe siècle, la Grande-Bretagne, la Belgique, la France et l’Allemagne deviennent d’importants acheteurs pour la mine Bell.
Smith est également très actif dans certains secteurs liés à l’entreprise minière. Dès 1895, il compte parmi les principaux promoteurs de ce qui deviendra, en 1898, l’Institut canadien des mines. Créé à la suite du succès obtenu par la General Mining Association of the Province of Quebec [V. Benjamin Taylor A. Bell*], celui-ci a pour but de veiller à la protection et à la prospérité des compagnies minières de la province de Québec et du Canada. Smith en est le cofondateur et préside l’Institut canadien des mines de 1906 à 1907. En 1908, il s’installe à Montréal, où il demeure le temps de mettre sur pied, à la demande de ses patrons, une manufacture de produits composés d’amiante (carrelages, textiles, emballages, garnitures de frein tissées). Son frère William Henry le remplace à la mine Bell. C’est ainsi que George Robert devient le vice-président et le directeur général de l’Asbestos Mining and Manufacturing Company, située à Lachine et propriété de la Keasbey and Mattison Company. En 1912, l’agrandissement de l’atelier de traitement à la mine Bell l’oblige à revenir à Thetford Mines pour superviser les travaux.
Smith ne s’adonne pas seulement à des activités professionnelles ; il appartient à différentes associations, notamment au sélect Club de Montréal. Il fait également partie d’un régiment de cavalerie de la milice canadienne à Richmond, le 11th Hussars ; il y détient le grade de major et est à la tête d’un escadron jusqu’en 1908. Pendant ses rares instants de liberté, il fait du jardinage et exploite, dans sa propriété de Thetford Mines, une petite ferme où il élève des animaux domestiques et des chevaux, qu’il affectionne tout particulièrement.
Smith poursuit également une carrière politique. Aux élections provinciales de 1897, il est élu débuté libéral pour la circonscription de Mégantic avec une majorité de 267 voix. Depuis 1878, plusieurs députés de la région, dont George Irvine*, Andrew Stuart Johnson et James King*, ont d’ailleurs joué un rôle important dans le développement des industries minières locales en participant à leur direction et en veillant à leurs intérêts. Smith est réélu sans opposition aux élections provinciales de 1900 et de 1904, puis défait à celles de 1908. Au cours de son dernier mandat, il collabore à la requête visant à ériger la ville de Thetford Mines. Le 5 janvier 1911, il est nommé conseiller législatif pour la division de Victoria, charge qu’il occupe jusqu’à sa mort, survenue le 20 février 1922. Un service funèbre est chanté en son honneur à Thetford Mines. Avant d’être inhumée au cimetière Elmwood à Sherbrooke, sa dépouille parcourt plus d’une soixantaine de milles dans un train bondé de gens venus lui rendre un dernier hommage.
La nomination de George Robert Smith à la vice-présidence et à la direction de la mine Bell a marqué le début d’une longue tradition familiale au sein de cette compagnie. De 1892 à 1972, cette société (qui est devenue en 1936 la Bell Asbestos Mines Limited) a en effet toujours été sous la présidence d’un membre de la famille Smith. L’histoire de cet homme et de ses descendants constitue un exemple du monopole, par les Américains et les Canadiens anglais, du secteur de l’amiante dans la province de Québec avant sa nationalisation en 1978. Elle illustre également tous les efforts qu’ils ont déployés pour développer l’industrie minière.
ANQ-O, ZQ127/25, 3 mars 1886.— Musée minéralogique et minier de Thetford Mines, Québec, G. W. Smith, « la Famille Smith et la Bell Asbestos Co. de 1892 à 1971 » (texte dactylographié, 1972).— Le Devoir, 21 févr. 1922.— Montreal Daily Herald, 4 mars 1905.— La Tribune (Sherbrooke, Québec), 21, 24 févr. 1922.— Romain Dubé et al., Thetford Mines à ciel ouvert : histoire d’une ville minière, 1892–1992 (Thetford Mines, 1994).— [Clément Fortier], Black Lake ; lac d’amiante, 1882–1982 (2 vol., s.l., 1983–1986), 1.— G. W. Smith, Bell Asbestos Mines Ltd., 1878–1967 (s.l., 1968).
Maryse Bilodeau, « SMITH, GEORGE ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/smith_george_robert_15F.html.
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Auteur de l'article: | Maryse Bilodeau |
Titre de l'article: | SMITH, GEORGE ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 6 déc. 2024 |