Titre original :  Sketch of Proposed Houses St-Patrick Street for the Estate E.J. Price. Collection du Musée national des beaux-arts du Québec. Aquarelle et mine de plomb sur papier, entre 1900 et 1925. 
Artiste: Staveley, Harry.

Provenance : Lien

STAVELEY, HARRY, architecte, né le 21 mai 1848 à Québec, fils d’Edward Staveley, architecte, et de Mary Ann White ; le 18 octobre 1876, il épousa à Québec Barbara Black, et ils eurent trois fils et une fille ; décédé le 24 juillet 1925 à Québec.

Second membre d’une dynastie familiale active en architecture à Québec de 1845 à 1960, Harry Staveley est le petit-fils de Christopher Staveley, architecte, ingénieur et arpenteur de Leicester, en Angleterre ; son père a quitté ce pays en 1833 et, après avoir travaillé comme ingénieur sur des chantiers de canaux et de chemins de fer à Baltimore, au Maryland, s’est établi à Québec en 1844, où il s’est associé l’année suivante à Frederick Hacker, influent architecte britannique formé dans l’atelier londonien de John Nash. La société Hacker and Staveley a été dissoute en 1846, au moment du décès de Hacker. Edward Staveley a ensuite travaillé seul avant de le faire en association, de 1851 à 1858, avec Gerald George Dunlevie, arpenteur et architecte (né vers 1809 aux Antilles et décédé après 1883), sous la raison sociale Staveley and Dunlevie. Ainsi, alors que la plupart des architectes irlandais, britanniques et étasuniens qui ont immigré à Québec à cette époque (les George Browne*, Richard John Cooper et John Cliff, par exemple) se sont aussitôt déplacés vers les importants chantiers de Montréal, Toronto et Kingston, Edward Staveley a choisi de s’imposer à Québec, auprès de la bourgeoisie anglophone qui lui a commandé maisons, villas, magasins, écoles et églises ; son fils Harry, qui sera son prochain associé, saura tirer profit de cette décision.

Harry Staveley étudie avec le professeur Frederick East, à Québec, et acquiert sa formation en architecture dans l’entreprise paternelle ; en 1863, il devient l’associé de son père, dont la firme prend alors le nom d’Edward Staveley and Son. Au décès d’Edward, neuf ans plus tard, Harry a déjà amorcé une riche carrière, qui fera de lui l’architecte « victorien » par excellence de Québec. D’abord marqué par l’influence de son père - qui a adopté un néoclassicisme tardif mâtiné de Renaissance italienne, dont la figure, diffusée dans les livres de modèles de l’étasunien Minard Lafever et particulièrement prisée à Montréal et plus à l’ouest, confortait l’élite financière de la vieille capitale -, l’œuvre de Harry s’ouvre plus généreusement sur le répertoire formel historiciste. Les nombreuses maisons qu’il réalise - cottages, villas ou maisons en rangée - arborent l’influence pittoresque des américains Calvert Vaux et Samuel Sloan. L’architecte de la bourgeoisie anglophone emprunte aussi au répertoire Second Empire, en se cantonnant toutefois - à la différence des Joseph-Ferdinand Peachy*, Eugène-Étienne Taché*, Georges-Émile Tanguay et François-Xavier Berlinguet*, qui y puisent des éléments au nom de la « refrancisation » du paysage construit - dans une interprétation fantaisiste, inspirée plutôt par les livres de modèles de la côte est des États-Unis que par les classiques français. Les maisons que conçoit Harry Staveley colorent ainsi le paysage austère et symétrique, inspiré par la tradition française, de la Grande Allée et de ce que l’on nommera le Vieux-Québec. La carrière individuelle de l’architecte compte aussi la conception de plusieurs édifices religieux intéressants, les seuls qui, dans la région de Québec, portent la trace du mouvement ecclesiologist, lancé en Grande-Bretagne par Augustus Welby Northmore Pugin [V. Henry Langley*].

Parmi les quatre enfants issus du mariage de Harry Staveley et de Barbara Black, Harry Lorn et Edward Black épousent eux aussi l’architecture ; tandis que le premier travaille dans l’entreprise montréalaise de William Tutin Thomas, le second s’établit en 1900 aux côtés de son père, geste qui aura pour conséquence de consacrer le nom des Staveley à Québec. En effet, la carrière de Harry, fort productive de 1872 à 1900 (période où il a travaillé sans associé), connaît alors un second souffle. Diplômé de la McGill University et très au fait des tendances de l’architecture britannique, Edward Black met son talent de composition au profit de la firme Staveley and Staveley qui, dans un milieu sclérosé par le système d’apprentissage en atelier, peut ainsi s’affranchir des livres de modèles et limiter l’emprise grandissante des architectes montréalais, torontois et étasuniens sur la scène québécoise. Sur le chemin Saint-Louis, dans le prolongement de la Grande Allée, mais aussi sur le chemin Sainte-Foy, dans l’avenue des Érables et l’avenue du Parc, le nouveau quartier Montcalm devient l’écrin de ces maisons confortables dont Edward Black tient le secret. La renommée des Staveley outrepasse alors les frontières de la ville, ce qui leur donne l’occasion de construire de véritables châteaux. La Cascade House, propriété de sir William Price à Kénogami (Jonquière), le manoir de Colin Cathcart Breakey à Breakeyville et l’hôtel Roberval (à l’endroit du même nom), que possèdent Benjamin Alexander Scott et Horace Jansen Beemer*, en sont des exemples probants. Plus encore, la firme Staveley and Staveley conquiert le marché public - commandes pour des postes de pompiers, des écoles, des hôpitaux - qui lui avait jusque-là échappé.

La firme Staveley and Staveley s’étiole après le décès de Harry Staveley, en 1925. Contraint à une pratique « d’architecte de maisons » par un contexte économique difficile, par l’émigration de la bourgeoisie d’affaires anglophone puis par la stagnation de son langage formel, Edward Black préservera le nom de l’entreprise familiale jusqu’en 1936. Il se retirera en 1960 et léguera quelques années plus tard, aux Archives nationales du Québec, le fonds de la famille Staveley, qui compte 1 447 dessins ; il s’agit de l’une des plus intéressantes collections de dessins d’architecture des xixe et xxe siècles au Canada.

Luc Noppen

ANQ-Q, CE301-S62, 9 févr. 1862 ; CE301-S66, 18 oct. 1876 ; Index BMS, dist. judiciaire de Québec, Metropolitan Church (Québec), 27 juill. 1925 ; P541.— Gazette (Montréal), 19 sept. 1969.— Quebec Chronicle-Telegraph, 17 sept. 1969.— Luc Noppen et Marc Grignon, l’Art de l’architecte : trois siècles de dessin d’architecture à Québec (Québec, 1983).— S. F. Poulin, « l’Architecture résidentielle des Staveley, 1846-1954 » (mémoire de m.a., univ. Laval, 1995).— A. J. H. Richardson et al., Quebec City : architects, artisans and builders (Ottawa, 1984), 507-517.— The storied province of Quebec ; past and present, W. [C. H.] Wood et al., édit. (5 vol., Toronto, 1931-1932), 3 : 52.— Who’s who and why, 1912.

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Luc Noppen, « STAVELEY, HARRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/staveley_harry_15F.html.

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Auteur de l'article:    Luc Noppen
Titre de l'article:    STAVELEY, HARRY
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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