Titre original :  The Red Indians of the Plains, by John Hines

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HINES, JOHN, ministre de l’Église d’Angleterre, missionnaire et auteur, né le 20 février 1850 à Leverington, Angleterre ; le 22 juin 1876, il épousa à Winnipeg Emma Marriannie Moore (décédée en 1930), et ils eurent une fille ; décédé le 25 février 1931 à Saint-Boniface (Winnipeg).

John Hines naquit à Honey Hill Farm, dans les basses terres du Cambridgeshire. Sa mère mourut lorsqu’il était âgé de huit ans ; elle laissait aussi un fils plus jeune. Deux ans plus tard, leur père épousa une veuve, mère de huit enfants. Par nécessité, John prit part aux travaux de la ferme, ce qui lui laissa peu de temps pour l’école. L’installation de sa famille dans la paroisse voisine de Wisbech St Mary fut un moment décisif dans la vie de Hines : le pasteur de l’endroit, Philip Carlyon, lui fit connaître l’Église d’Angleterre et nourrit son intérêt pour elle. En 1873, après s’être rattrapé dans ses études, Hines fut admis à la Church Missionary Society’s Training Institution de Reading, où il demeura dix mois. Il devait d’abord être envoyé à Zanzibar, en Afrique, mais des nouvelles apportées par William Carpenter Bompas* firent en sorte que la Church Missionary Society modifia les projets qu’elle avait pour lui. De passage en Angleterre pour y être sacré évêque d’Athabasca, Bompas informa la société de la perte catastrophique des bisons dans les plaines de l’ouest du Canada et lui recommanda fortement d’y envoyer tout étudiant qui possédait de l’expérience en agriculture afin d’implanter des missions et des fermes parmi les Amérindiens.

Le 12 mai 1874, Hines s’embarqua à Liverpool pour aller établir, selon les mots de la société, « une nouvelle mission pour les Amérindiens cris de la grande prairie ». Pendant le voyage, il fit la connaissance de celle qui deviendrait sa femme, Emma Marriannie Moore, dont le frère William était ministre dans le vaste diocèse de la terre de Rupert [V. Robert Machray*], dans l’ouest du Canada. Accompagné de David Stranger, un Cri des Marécages de la mission St Peter du Manitoba, Hines constata que l’endroit où ils devaient s’installer, au lac Green, au nord-ouest de Prince Albert (Saskatchewan), était impropre à la culture en raison de son sol sablonneux et broussailleux. Par conséquent, ils se déplacèrent bientôt vers le sud et s’établirent au lac White Fish (lac Little Whitefish).

Les années 1870 et 1880 constituèrent une période de grands bouleversements pour les Premières Nations, qui furent ravagées par la maladie et la famine et dépossédées de leurs terres en vertu de traités. Les chefs amérindiens étaient tout à fait conscients que leur peuple devait apprendre à cultiver le sol, à lire et à écrire pour réussir à s’adapter et à survivre. Ahtahkakoop (Star Blanket), l’influent chef cri des Plaines, se réjouit lorsqu’il sut qu’un missionnaire anglican était venu enseigner, muni de bœufs et d’une charrue. Après avoir rencontré Ahtahkakoop, en octobre 1874, Hines décida de s’établir au lac Sandy (lac Hines), lieu de campement de la bande du chef, riche en terres fertiles, champs de foin et futaies. Hines célébra son premier office le 10 janvier 1875, devant 30 fidèles réunis dans la maison d’Ahtahkakoop.

John McLean*, premier évêque du nouveau diocèse de Saskatchewan, ordonna Hines diacre le 9 janvier 1876 à Prince Albert. Deux semaines plus tard, McLean, Hines et le révérend John Alexander Mackay*, de la mission Stanley, écrivirent une page d’histoire dans l’unique pièce de la demeure de Hines. Non seulement ils y tinrent la première réunion de la Church Missionary Society à l’ouest de Winnipeg (et la première dans le diocèse), mais ils posèrent aussi les fondements de l’Emmanuel College, qui ouvrirait ses portes à Prince Albert en 1879, principalement dans le but de former des enseignants et des pasteurs parmi les jeunes Amérindiens.

Ordonné prêtre en 1880, Hines accomplit habilement sa double mission – l’enseignement de l’agriculture et l’évangélisation – pendant les 14 années qu’il passa au lac Sandy. La force de son engagement se manifeste clairement dans l’un de ses premiers rapports pour la Church Missionary Society, qui se termine par la devise « l’Évangile et la charrue ». Hines enseigna un mode de vie basé sur l’agriculture ; il apprit au peuple d’Ahtahkakoop à semer le grain et à cultiver un jardin. Ses efforts portèrent des fruits : un certain nombre de bandes visées par le traité no 6, dont celle d’Ahtahkakoop, reçurent des éloges de la part de représentants du gouvernement pour les progrès qu’elles avaient accomplis. Chacune possédait entre 20 et 120 acres de terre cultivée. Des maisons, des dépendances et une école de jour furent construites, de même que l’église St Mark. En juillet 1888, Hines fut envoyé à The Pas (Manitoba), où il continua son œuvre en construisant des églises et des écoles, en distribuant des médicaments, en administrant des vaccins et en remplissant la fonction de dentiste parallèlement à ses occupations. Le manque de terres cultivables freina cependant les activités agricoles. De plus, Hines dut rivaliser avec Joseph Reader* pour convertir les Amérindiens. Il desservit The Pas de 1888 à 1902 et, pendant cette période, soit en 1891, il fut nommé doyen rural du district de Cumberland. En 1902, il fut affecté au district de Prince Albert à titre de superviseur des missions amérindiennes du diocèse de Saskatchewan, poste qu’il conserva jusqu’à sa retraite, en 1911.

Au chapitre de sa contribution à l’œuvre missionnaire de l’Église d’Angleterre, c’est probablement en aidant ses fidèles à s’adapter à la vie agricole que Hines fut le plus efficace, grâce à sa propre expérience à la ferme. Toutefois, il ne fut certainement pas le seul acteur de cette réussite : le soutien de la communauté amérindienne et de ses chefs y joua un rôle essentiel. Bien qu’il ait été compatissant et disposé à endurer la souffrance, les problèmes de santé et la solitude pour accomplir l’œuvre de Dieu, Hines demeurait un homme de son époque. Un fond de supériorité anglaise, de colonialisme et de paternalisme était toujours présent dans ses actes et ses pensées ; dans son journal, il appelait souvent les autochtones « mes Indiens » ou « pauvres créatures ».

Hines décrivit ses motivations, ses activités et ses positions en toute franchise dans The red Indians of the plains : thirty years’ missionary experience in the Saskatchewan, d’abord publié à Londres en 1915. Écrit « avec le vœu qu’il puisse guider d’autres personnes, qui se sentent appelées par l’Esprit à servir le Seigneur sur les terres étrangères », le livre, comme de nombreux autres récits de missionnaires, contient des descriptions de la topographie de la région, dénonce le paganisme et examine des coutumes amérindiennes. Tout en admettant que les Amérindiens n’étaient « en aucune façon incroyants ou irréligieux », Hines les considérait comme des êtres superstitieux, dont le culte reposait sur la peur, et non l’amour, et qui cultivaient d’« étranges traditions ». Manifestement, dans ses actions, son journal et son livre, Hines ne pouvait s’écarter de son habitude de tout considérer à partir de son point de vue culturel. Par conséquent, il dépréciait la spiritualité autochtone et était peu apte à exprimer une compréhension juste des traditions spirituelles des Cris et de la façon dont elles s’intégraient au christianisme ou s’en distinguaient. Il taxa les croyances traditionnelles des Amérindiens de vices et de péchés, fit pression sur eux pour qu’ils détruisent leurs sacs de médecine et ridiculisa la cérémonie de la suerie et d’autres rites, tout en les exhortant à suivre la voie du christianisme.

Le révérend John Hines passa les dernières années de sa vie à Saint-Vital, au Manitoba. Il mourut à l’hôpital de Saint-Boniface en 1931. Il était aveugle et âgé de 81 ans. En 1960, une plaque à sa mémoire fut posée dans l’église St Mark, au lac Sandy : « La prière agissante du juste a une grande efficace ».

Christa Nicholat

John Hines est l’auteur de The red Indians of the plains : thirty years’ missionary experience in the Saskatchewan (Londres, 1915 ; Toronto, 1916). Une édition ultérieure de cet ouvrage, publiée à Londres en 1919, ainsi que la photographie du sujet qui apparaît en frontispice, sont accessibles à l’adresse : www.anglicanhistory.org/indigenous/hines. La plupart des documents liés aux activités de Hines dans l’ouest du Canada, dont des rapports, des lettres et des journaux, sont conservés à BAC, dans le Church Missionary Soc. fonds (R10977-0-1 ; mfm à la Univ. of Sask. Library, Saskatoon). Une photographie de la famille Hines prise en 1882 au cours d’un séjour en Angleterre se trouve aux Diocese of Sask. Arch. (Prince Albert, Saskatchewan), Photograph nº 210. Hines apparaît aussi sur une photo prise à la conférence du diocèse de Saskatchewan le 5 août 1891, à l’église St Alban, Prince Albert, T. N-O. Cette photo est déposée au SAB (Saskatoon), S-B 6681.

BAC, R216-84-X (mfm à la Univ. of Sask. Library).— Leader-Post (Regina), 26 févr. 1931.— Saskatoon Star-Phoenix, 26 sept. 1960.— Winnipeg Tribune, 25 févr. 1931.— Edward Ahenakew, Voices of the Plains Cree, R. M. Buck, édit. (Regina, 1995).— T. C. B. Boon, The Anglican Church from the Bay to the Rockies : a history of the ecclesiastical province of Rupert’s Land and its dioceses from 1820 to 1950 (Toronto, 1962).— R. M. Buck, « The Mathesons of Saskatchewan diocese », Saskatchewan Hist. (Saskatoon), 13 (1960) : 41–62.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1881–1902, rapports du dép. des Affaires indiennes, 1880–1901.— Sarah Carter, Lost harvests : prairie Indian reserve farmers and government policy (Montréal et Kingston, Ontario, 1990).— Deanna Christensen, Ahtahkakoop : the epic account of a Plains Cree head chief, his people, and their struggle for survival, 1816–1896 (Shell Lake, Saskatchewan, 2000).— Bruce Peel, « Historic sites : Cumberland House », Saskatchewan Hist., 3 (1950) : 68–73.— T. [M.] Peikoff, « Anglican missionaries and governing the self : an encounter with aboriginal peoples in western Canada, 1820–1865 » (thèse de ph.d., Univ. of Manitoba, Winnipeg, 2000).— Stewart Raby, « Indian Treaty No. 5 and The Pas agency, Saskatchewan, N.W.T. », Saskatchewan Hist., 25 (1972) : 92–114.

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Christa Nicholat, « HINES, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hines_john_16F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2014
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