BLOW, Thomas Henry, médecin, homme d’affaires et homme politique, né le 22 janvier 1862 à South Mountain, Haut-Canada, fils de Robert Hutchinson Blow et de Sarah Henderson ; le 18 juin 1895, il épousa à South Mountain, Ontario, Ida Jane Mulholland (1866–1943), et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé le 27 décembre 1932 à Vancouver et inhumé à Calgary.

Thomas Henry Blow naquit et grandit à South Mountain, dans la vallée de l’Outaouais, à environ 30 milles au sud d’Ottawa, où son père, Robert Hutchinson, possédait une fabrique de voitures. Thomas Henry y travailla, dans ses jeunes années, à la construction, au capitonnage et à la peinture des véhicules. Son père venait du comté d’Armagh (Irlande du Nord) et sa mère de South Mountain. Ayant reçu une éducation presbytérienne, Thomas Henry ne fuma jamais et ne but jamais d’alcool. La mauvaise santé de ses parents l’amena à subvenir aux besoins de la famille à l’âge de 13 ans, à la fin de ses études primaires. L’occasion de fréquenter l’école secondaire dans la ville voisine de Kemptville se présenta à lui bien plus tard : alors âgé de 28 ans, il la saisit. Doué, le jeune homme suivit l’ensemble du programme en une seule année.

En 1891, après avoir réussi son examen d’admission, Blow s’inscrivit à l’école de médecine de la McGill University à Montréal. En 1895, il reçut son diplôme et épousa Ida Jane Mulholland à South Mountain. L’été de cette année-là, il réussit également ses examens d’État en médecine au Colorado. On en sait peu sur ses déplacements au cours des quelques années suivantes, mis à part qu’il reçut une formation supérieure à Londres et à Édimbourg dans le domaine des maladies des yeux, des oreilles, du nez et de la gorge, qu’il passa près d’un an à Denver, et qu’il exerça apparemment sa profession pendant une courte période à Ottawa. En 1903, il s’installa à Calgary, où, selon sa nécrologie publiée dans le Journal de la Canadian Medical Association, il fut le premier médecin spécialisé dans l’ophtalmologie et l’otorhinolaryngologie. James Wilson Richardson, collègue plus jeune, témoignerait de l’immense respect que Blow avait gagné dans son domaine. On faisait appel à ses services dans tout le sud de l’Alberta, et dans certaines régions de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique.

Composée de bureaux, de salles d’examen et d’une petite salle d’opération, la clinique de Blow à Calgary, que décrirait son fils cadet Donald Mulholland, occupait une partie de la maison familiale en brique. Spécialisé principalement dans le soin des yeux, Blow effectua la majorité des examens de dépistage du daltonisme et d’autres problèmes qu’exigeait la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Homme de compassion, il lui arriva souvent de ne pas réclamer d’honoraires à des patients qui n’avaient pas les moyens de consulter un médecin. Donald Mulholland relaterait que son père trouvait le temps de jouer au hockey et au baseball avec ses enfants, malgré son agenda très chargé, et que, amoureux du plein air, il le retirait de l’école chaque automne (comme il l’avait sans doute fait auparavant avec son autre fils, plus vieux de dix ans) pour aller avec lui à la chasse au canard pendant deux semaines.

À son arrivée dans le sud de l’Alberta, Blow investit massivement dans le marché immobilier. Il fit bâtir un entrepôt et plusieurs édifices commerciaux dans le centre-ville de Calgary. Dans les années 1910, il construisit et exploita un théâtre, le Princess, situé à côté de l’hôtel de ville. En 1906, ses parents, une sœur célibataire, son frère et les parents de sa femme s’étaient aussi installés à Calgary. La ville connut une croissance rapide à cette époque : sa population passa d’un peu plus de 4 000 habitants en 1901 à plus de 40 000 en 1911. Avec son père et son frère agent immobilier, Blow travailla dans l’achat et la vente de terres agricoles. Quand un krach économique survint, juste avant le début de la Première Guerre mondiale, il parvint, selon son fils cadet, à éviter des pertes importantes d’une manière ou d’une autre.

Très attiré par la politique, Blow se présenta aux élections provinciales de 1909 pour le Parti conservateur, alors dans l’opposition et auquel il resterait fidèle toute sa vie. Il perdit, mais remporta le siège de Calgary South par une écrasante victoire en 1913 et fut réélu haut la main quatre ans plus tard. Orateur ni éloquent ni remarquable, il gagna le respect grâce à son dévouement pour ses électeurs et sa connaissance de la province. Lorsque le lieutenant-gouverneur George Hedley Vicars Bulyea* prit sa retraite en 1915, le bruit courut que Blow lui succéderait ; on crut ensuite qu’il remplacerait probablement Edward Michener*, chef des conservateurs de la province, quand celui-ci démissionna en 1918. Finalement, on nomma d’autres personnes à ces postes. Blow quitta la politique après sa défaite aux élections de 1921.

Le penchant de Blow pour la politique lui venait surtout de sa passion pour l’éducation. Il encouragea vivement la fondation du Mount Royal College, école élémentaire et secondaire qui ouvrit ses portes en 1911, et siégea à son conseil d’administration. Il se concentra toutefois sur la création d’une université à Calgary. La University of Alberta avait été fondée en 1907 à Strathcona (Edmonton) avec des fonds de la province. Quelques années plus tard, Blow et d’autres Calgariens commencèrent à préconiser la création, dans leur ville, d’un établissement d’enseignement supérieur à financement privé. En 1910, il devint président du conseil d’administration de l’éventuelle University of Calgary. Grand allié de Blow dans ce projet, William John Tregillus*, cultivateur et homme politique local, fit don d’un important lot de terre et d’une somme d’argent substantielle. Les promoteurs voulaient un financement privé de l’établissement pour l’exempter de toute « affiliation politique ». Selon eux, la création de l’université stimulerait les affaires dans le sud de l’Alberta en accroissant la valeur des terrains et en encourageant le commerce. La formation d’experts scientifiques et techniques contribuerait aussi à l’exploitation des forêts, des ressources minières et des terres agricoles de la région. Enfin, une université à Calgary offrirait aux jeunes de l’endroit la possibilité de poursuivre des études supérieures dans leur ville.

Henry Marshall Tory*, président fondateur de la University of Alberta, s’opposa au projet dès le départ. La province, disait-il, ne pouvait se permettre plus d’un établissement d’enseignement et de recherche de haut niveau. Partageant ce point de vue, l’Assemblée législative refusa au futur établissement d’enseignement le pouvoir de décerner des diplômes. En 1910, le Calgary College fut donc constitué juridiquement, notamment par Blow. En 1912, ses promoteurs avaient acquis quelque 600 acres de terrain et affirmaient que les souscriptions atteignaient 500 000 $. Blow avait lui-même fourni 40 000 $ en biens et en argent. Après avoir réussi à recruter un personnel très qualifié, le collège offrit ses premiers cours en octobre 1912 dans la nouvelle Calgary Public Library. Cependant, l’opposition continuelle de l’Assemblée législative à l’octroi du statut d’université, l’effondrement du marché immobilier en 1913, de même qu’un déclin rapide des inscriptions après la déclaration de guerre l’année suivante, mirent un terme au rêve d’établir une université privée à Calgary. En mai 1914, le gouvernement provincial d’Arthur Lewis Watkins Sifton* nomma une commission de trois membres, composée des recteurs des universités de Dalhousie, de Toronto et de Saskatchewan, « afin d’examiner l’octroi du pouvoir de décerner des diplômes au Calgary College ». En décembre, celle-ci recommanda que la University of Alberta demeure la seule université de la province, mais qu’on établisse à Calgary une école provinciale publique de technologie et d’art. Le collège si cher à Blow cessa ses activités à la fin du printemps de 1915.

Grand défenseur des études supérieures à Calgary, Blow poursuivit la lutte à l’Assemblée législative où il fit campagne pour la mise sur pied de l’école de technologie recommandée par la commission. En février 1916, la province accepta d’équiper et d’entretenir l’édifice que la ville de Calgary construirait finalement. En octobre de la même année, l’établissement ouvrit ses portes dans des locaux temporaires. La pierre angulaire du Provincial Institute of Technology and Art fut posée le 22 juin 1921 et, à cette occasion, plusieurs, dont le premier ministre Charles Stewart*, soulignèrent la contribution du dynamique médecin à sa fondation. Si Blow avait échoué à doter Calgary d’une université, il avait tout de même réussi à lui faire obtenir un prix de consolation : la création de l’établissement connu, à partir de 1960, sous le nom de Southern Alberta Institute of Technology.

Thomas Henry Blow mourut d’une crise cardiaque à Vancouver, où il s’était rendu avec sa femme en raison de la maladie de leur fille cadette.

Donald B. Smith

Thomas Henry Blow est l’auteur de « Why the University of Calgary should not become part of the University of Alberta », Morning Albertan (Calgary), 31 mai 1913 : 13.

BAC, RG 150, Acc. 1992–93/166, boîte 829-10.— GA, M 1543-519, E. E. Braithwaite and T. H. Blow to A. E. Cross, 26 mars 1912 ; M 9151, interview by H. C. Klassen with Donald [M.] Blow, 26 avril 1975 (transcript.).— Calgary Eye Opener, 23 oct. 1915.— « City loses a fine citizen », Calgary Herald, 28 déc. 1932 : 4.— « Dr. Blow death causes sincere regret in city », Calgary Albertan, 28 déc. 1932.— « Dr. Blow, m.l.a., mentioned for Lieut.-Governor », Calgary News Telegram, 23 août 1915.— « Dr. Blow’s motion to give Calgary university lost », Calgary Herald, 6 avril 1921.— D. B. Smith, « Calgary university’s fight 75 years old », Calgary Herald, 3 oct. 1987.— « A sound candidate », Calgary News Telegram, 4 juin 1917.— « Technology school corner-stone is laid with much ceremony », Calgary Herald, 23 juin 1921 : 6.— « Theater owner complains of business tax », Calgary News Telegram, 31 janv. 1917.— Alberta, Chief Electoral Officer, A report on Alberta elections, 1905–1982 ([Edmonton, 1983 ?]).— John Blue, « Thomas Henry Blow, m.d. », dans son ouvrage Alberta, past and present, historical and biographical (3 vol., Chicago, 1924), 2 : 480–484.— Max Foran et Edward Cavell, Calgary : an illustrated history (Toronto, 1978).— G. E. Learmonth, « Dr. Thomas Henry Blow », Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), 28 (1933) : 227.— N. L. McLeod, « Calgary College, 1912–1915 : a study of an attempt to establish a privately financed university in Alberta » (thèse de ph.d., Univ. of Calgary, 1970).— A. O. MacRae, History of the province of Alberta (2 vol., [Calgary], 1912), 2 : 636–638.— Rosalie Pedersen, Technically, an experiment : the history of the Southern Alberta Institute of Technology (Calgary, 1991).— Anthony Rasporich, Make no small plans : the University of Calgary at forty ([Calgary], 2007).— D. B. Smith, « Will Tregillus : an Alberta booster a century ago », Alberta Hist. (Calgary), 58 (2010), no 3 : 2–10.

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Donald B. Smith, « BLOW, THOMAS HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/blow_thomas_henry_16F.html.

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Auteur de l'article:    Donald B. Smith
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2020
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