Titre original :  Museum of Jewish Montreal

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Goldstein, Maxwell, avocat et leader communautaire, né le 13 mai 1863 à Québec, cinquième des dix enfants d’Adolphe Goldstein, marchand, et de Rebecca Stein ; le 15 juin 1892, il épousa à Toronto Rosalie Stern (décédée en 1924), et ils eurent un fils et une fille, puis le 5 août 1925, à Montréal, Adeline Stern (décédée en 1969) ; décédé le 28 juin 1939 au même endroit.

Maxwell Goldstein fréquenta l’École nationale et la High School of Quebec, à Québec, avant de s’inscrire au McGill College, à Montréal, en 1879, à l’âge de 16 ans. Au printemps de 1882, il reçut une licence en droit civil et remporta la médaille d’or Elizabeth Torrance, décernée au meilleur étudiant en dernière année de droit. À ce moment-là, il était aussi le plus jeune diplômé en droit du collège. En 1884, il compta parmi les premiers Juifs à obtenir son admission au barreau provincial, dont il ferait partie du conseil en 1922–1923. À Montréal, il s’associa à Christopher Benfield Carter pour former la Carter and Goldstein, qui, en 1903, année où on le nomma conseiller du roi, devint la Carter, Goldstein and Beullac. En 1907, il dirigeait la firme Goldstein and Beullac. Environ dix ans après la mort de Goldstein, Pierre Beullac se souviendrait de son ancien partenaire comme d’un « travailleur acharné » et attentif aux détails. Selon lui, Goldstein plaidait rarement, mais acquit une réputation d’expert en transactions immobilières.

Goldstein appartenait à de nombreux organismes juifs et non juifs, et en dirigea quelques-uns. Il fut le premier président de la Hebrew Naturalization Association, qui enseignait aux Juifs les droits et les devoirs du citoyen. En 1917, il participa à la création de la Federation of Jewish Philanthropies of Montreal, qu’il présiderait. La mission de l’association consistait à recueillir des fonds pour 12 agences de services sociaux et à en coordonner les activités. Président de la Jewish Court of Arbitration, avocat honoraire du Baron de Hirsch Institute and Hebrew Benevolent Society of Montreal et de la Hebrew Free Loan Association, membre du comité d’administration du Victorian Order of Nurses for Canada et du Montreal General Hospital, et directeur de la Montreal Citizens’ Association, il présida de plus le comité des lois du grand conseil de la fraternité Royal Arcanum of Quebec. Consulté sur les nominations de son alma mater, il prit aussi part aux activités de collecte de fonds pour le McGill College. En outre, il faisait partie de clubs qui s’adressaient à la fois aux Juifs et aux non-Juifs, comme le Montefiore Club, le Club de Montréal et le Club canadien.

Militant en faveur de l’égalité, Goldstein mit sur pied et présida, en 1909, le comité législatif juif, impliqué dans bon nombre de questions juridiques importantes relatives à la population juive. L’organisation était née d’un groupe informel de Juifs influents qui avaient exercé des pressions sur le gouvernement fédéral pour exempter de l’Acte concernant l’observance du dimanche (1906) ceux qui ne célébraient pas le sabbat ce jour-là. Elle soutint également les efforts de plusieurs avocats, dont Samuel William Jacobs, dans le fameux procès pour diffamation intenté à Québec contre le notaire Jacques-Édouard Plamondon*, qui avait calomnié publiquement les Juifs à l’occasion d’une conférence donnée devant un groupe de jeunes catholiques en 1910. Paradoxalement, Goldstein s’inquiétait aussi de l’acculturation des Juifs « étrangers » dans la société canadienne, ce qui le mena à prôner et à appuyer le contrôle de l’immigration juive au pays.

De toutes les réalisations et activités de Goldstein, sa longue contribution à la cause du judaïsme réformé à Montréal et son rôle dans la question des écoles juives constituent les plus remarquables. En 1882, Goldstein fonda, avec 36 autres personnes, la première congrégation réformée au Canada, plus tard connue sous le nom de Temple Emanu-El [V. Elias Friedlander*], où il occupa le poste de secrétaire pendant huit ans, puis celui de président de 1907 à 1923. Quand Goldstein se retira de ses fonctions, le rabbin Max John Merritt déclara que « le Temple Emanu-El était plus grandement redevable à M. Goldstein qu’à tout autre homme étroitement lié à l’histoire de la congrégation ». On nomma alors Goldstein président honoraire, titre qu’il conserverait jusqu’à sa mort.

La question des écoles juives engendra une longue lutte, sur plusieurs dizaines d’années, pour les droits des élèves, des parents et des enseignants juifs au sein du système d’enseignement public double de la province. En 1894, on avait autorisé les enfants juifs de Montréal à fréquenter des écoles protestantes ; en retour, les parents propriétaires de leur demeure versaient leurs taxes scolaires au Bureau des commissaires des écoles protestantes de la cité de Montréal [V. Edward Westhead Arthy*]. Or, au début du xxe siècle, tandis que la population infantile juive augmentait, de nombreux Juifs, nouvellement immigrés, étaient locataires plutôt que propriétaires. Le Bureau des commissaires, affligé de sérieuses difficultés financières, chercha à limiter le taux de fréquentation des enfants juifs. Goldstein et Jacobs représentèrent un couple juif dans une affaire importante concernant les droits d’un enfant [V. Samuel William Jacobs]. Plus tard, Goldstein présida la délégation chargée de négocier avec le Bureau des commissaires et le gouvernement provincial afin de résoudre les tensions créées par la présence de Juifs dans les écoles protestantes de la ville. Il en résulta une loi, sanctionnée en 1903, assurant les mêmes droits scolaires aux enfants juifs et protestants. En vertu de ses dispositions, tous les propriétaires juifs devraient payer des taxes au Bureau des commissaires, et le calcul des subventions du gouvernement aux écoles protestantes tiendrait compte des élèves juifs. Malgré ces avancements importants, il faudrait encore des décennies avant que les élèves, les parents et les enseignants juifs reçoivent un traitement égal au sein du système des écoles protestantes, combat auquel Goldstein prendrait part tout au long des années 1920. Par exemple, il fournit des conseils juridiques à l’ancien fabricant de cigares Michael Hirsch, probablement en 1924, quand ce dernier siégea à la commission provinciale chargée d’enquêter sur la situation des enfants juifs dans les écoles protestantes, instaurée par le gouvernement de Louis-Alexandre Taschereau*.

Maxwell Goldstein fut un important chef de file au sein de la communauté juive de Montréal, et son nom demeurerait associé à l’avancement des droits des Juifs. Son vieil ami Hirsch souligna à sa mort : « [Goldstein] ne se limitait pas aux frontières de sa foi et s’impliquait aussi ardemment dans de nombreuses organisations laïques […] Son décès ébranlera terriblement les nôtres et représentera une perte singulière pour la collectivité élargie dont il faisait partie intégrante. » Le philanthrope renommé Samuel Bronfman* déclara pour sa part : « [C]’était pour [Goldstein] une source de grande satisfaction que de regarder les graines qu’il avait si savamment et patiemment semées dans le domaine du service humanitaire croître, mûrir et porter des fruits. Notre communauté, qu’il servit si bien, chérira longtemps sa mémoire. »

Steven Lapidus

Maxwell Goldstein est l’auteur de « The status of the Jew in the schools of Canada », dans The Jew in Canada : a complete record of Canadian Jewry from the days of the French régime to the present time, A. D. Hart, compil. (Toronto et Montréal, 1926), 497–498.

AO, RG 80-5-0-201, no 14879.— Arch. juives canadiennes Alex Dworkin (Montréal), CJC0001, ZB (Maxwell K. C. Goldstein, 1863–1903).— BAnQ-CAM, CE601-S96, 12 nov. 1878 ; CE601-S198, 5 août 1925.— Canadian Jewish Chronicle (Montréal), 30 juin 1939.— Gazette (Montréal), 29 juin 1939.— Jewish Chronicle (Londres), 16 juill. 1909.— Pierre Beullac et Édouard Fabre Surveyer, le Centenaire du barreau de Montréal, 1849–1949 (Montréal, 1949).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Arlette Corcos, Montréal, les Juifs et l’école (Sillery [Québec], 1997).— « Inventory of documents on the Jewish school question, 1903–1932 », David Rome, compil., Canadian Jewish Arch. (Montréal), nouv. sér., no 2 (1975).— Prominent people of the province of Quebec, 1923–24 (Montréal, s.d.).— S. E. Rosenberg, The Jewish community in Canada (2 vol., Toronto et Montréal, 1970–1971).— Sylvie Taschereau, « Échapper à Shylock : la Hebrew Free Loan Association of Montreal entre antisémitisme et intégration, 1911–1913 », RHAF, 59 (2005–2006) : 451–480.— G. [J. J.] Tulchinsky, Taking root : the origins of the Canadian Jewish community (Toronto, 1992).

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Steven Lapidus, « GOLDSTEIN, MAXWELL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/goldstein_maxwell_16F.html.

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Auteur de l'article:    Steven Lapidus
Titre de l'article:    GOLDSTEIN, MAXWELL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2020
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