LA CETIÈRE, FLORENT DE, tapissier, cabaretier, soldat, notaire royal, huissier, greffier, juge sénéchal, praticien et seigneur, né vers 1656 (selon le recensement de 1716), fils de Jean de La Cetière et d’Anne de Bier, de Poitiers, inhumé à Québec le 30 octobre 1728.

La Cetière paraît pour la première fois dans la colonie lors de son contrat de mariage, signé devant Gilles Rageot* le 10 novembre 1687. Il était alors tapissier, mais ne tarda point à cumuler les emplois : en 1695, il était simultanément tapissier, cabaretier (depuis au moins l’année précédente), soldat en la garnison de Québec et praticien. Homme aux cent expédients, sans un sou vaillant en poche !

Déjà huissier depuis peu, il reçut en 1702 une commission de notaire royal en la Prévôté de Québec. Lors de l’ « information de [ses] vie et mœurs », le 21 juin 1702, les témoins lui furent tout à fait défavorables : il s’était, quelques années auparavant (1695 ?), embarqué furtivement sur un navire en partance pour la France, tentant de déserter la garnison et de frustrer ses créanciers ; il s’était mis dans des situations équivoques, avait fait banqueroute, n’était pas honnête, avait reçu interdiction de «plaider » (comme praticien) ; bref, il avait mauvaise réputation. Protégé par quelque puissance, La Cetière fut néanmoins reçu notaire.

En 1704, La Cetière était commis au greffe de la Prévôté de Québec ; il succédait officieusement en 1707 au greffier en chef, François Rageot, démissionnaire. Mais les nuages s’accumulaient déjà sur sa tête, lourds et menaçants. Peu à peu, il s’était «emparé de l’esprit » de Bermen de La Martinière, le lieutenant général, qui devenait son âme damnée. Louis XIV exigea son renvoi : le 10 novembre 1707, Jacques Raudot l’interdisait. Or, au même moment, Barbel le dénonçait pour avoir occupé en même temps pour des parties d’intérêts opposés. Le Conseil supérieur fut saisi de l’accusation et, le 5 décembre, lui faisait défense de se porter procureur d’aucune partie pendant trois mois, en plus de l’interdire comme notaire et huissier ; le 12 décembre, le conseil ordonnait une nouvelle « information de [ses] vie et mœurs » pour le temps qu’il avait exercé ses charges de judicature ; l’enquête eut lieu le 17 et, le surlendemain, le conseil relevait La Cetière de son interdiction, tout en le mettant sévèrement en garde contre les pratiques malhonnêtes. Il est à se demander si les Raudot ne le protégeaient pas, comme le suggère le brouillon Ruette d’Auteuil, qui nomme La Cetière parmi les subdélégués de l’intendant vers 1706. Un autre y eût laissé sa tête et sa réputation ; La Cetière, en 1709, était de nouveau commis au greffe de la prévôté !

La Cetière poursuivit sa carrière. Le 15 février 1710, Jacques Raudot le nommait troisième huissier au Conseil supérieur. Il l’avait autorisé, le 3 janvier 1709, à exercer le notariat dans toute la colonie, sauf dans les enceintes de Montréal et de Trois-Rivières. Puis, en 1713, on retrouve La Cetière commis greffier au Conseil supérieur. L’année suivante, le 21 février 1714, il recevait une autre commission, cette fois de juge sénéchal dans la juridiction de Beauport. Le même jour, il subissait avec succès la traditionnelle « information ».

Au sommet de sa carrière, cet ancien cabaretier devenu juge s’offrit le luxe d’un arrière-fief, celui de Vilmé, dans la seigneurie de Lauson, qu’il paya 1 000#, le 22 janvier 1724.

Envahi de toutes parts par ses nombreuses occupations, La Cetière n’avait guère le temps d’être méticuleux. Après sa mort, en 1728, on découvrit que 214 des actes notariés qu’il avait reçus n’étaient signés ni de lui ni des témoins. Le conseil dut les valider, après inventaire aux frais de la succession. La Cetière, par ailleurs, laissait plus de dettes que de biens : à sa seule servante, il devait 900# de gages – le prix de son arrière-fief et de son titre seigneurial !

André Vachon

AJQ, Greffe de Louis Chambalon, passim ; Greffe d’Étienne Dubreuil, 22 janv. 1724.— AQ, NF, Coll. de pièces jud. et not., 2 019, 2 034, 2 041 ; NF, Ins. de la Prév. de Québec, III : 566 ; NF, Ord. des int., I :26v., 142 ; IV : 17v.s.— Jug. et délib., III, IV, V, VI, passim.— Lettres et mémoires de Ruette d’Auteuil, RAPQ, 1922–23 : 55.— Recensement de Québec, 1716 (Beaudet).— Gareau, La Prévôté de Québec, RAPQ, 1943–44 : 116–118.— J.-E. Roy, Histoire du notariat, I : passim.— Vachon, Histoire du notariat, 29, 39.

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André Vachon, « LA CETIÈRE, FLORENT DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/la_cetiere_florent_de_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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