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SCOTT, MARY McKAY, militante de la tempérance, journaliste, rédactrice en chef, éditrice et fonctionnaire, née le 17 août 1851 à Bytown (Ottawa), fille d’Alexander Scott et d’Allison (Alison) McKay ; décédée célibataire le 24 octobre 1932 à Ottawa et inhumée dans la même ville au cimetière Beechwood.
Mary McKay Scott naquit au sein d’une famille bien connue à Bytown (qui devint Ottawa en 1854). Son père était un boulanger-pâtissier et un homme d’affaires accompli ; sa mère était une nièce de Thomas McKay*, entrepreneur, homme d’affaires et chef politique de renommée locale. Grâce à la richesse et à la position sociale dont jouissaient les siens, Mary McKay reçut une solide éducation privée, qui l’amena entre autres à la prestigieuse Bute House School de Montréal. Passionnée de musique, elle apprit le piano. La famille Scott, presbytérienne, fréquentait l’église St Andrew, où Mary McKay enseignerait à l’école du dimanche pendant 30 ans. Après l’unification des Églises de 1925 [V. Samuel Dwight Chown ; Clarence Dunlop Mackinnon], elle se joignit à l’Église unie du Canada et à la congrégation de la Chalmers United Church à Ottawa.
En 1882, Mlle Scott devint membre de la Woman’s Christian Temperance Union (WCTU) de l’Ontario, dont les figures de proue comptaient Letitia Youmans [Creighton*] et Annie Rutherford [Orchard]. Pendant les 16 années suivantes, elle figurerait parmi les plus brillantes leaders de la WCTU ontarienne et de la WCTU du Canada, établie en 1883. En 1882, on lui confia la direction du bureau de presse de l’organisation provinciale et, peu après, celle du bureau de documentation. En 1884, elle commença à exercer la fonction de rédactrice en chef du Woman’s Journal d’Ottawa, qu’elle assumerait pendant 14 ans ; en 1889, elle succéda à Adeline Chisholm [Davis*] comme éditrice. Sous la direction de Mlle Scott, le mensuel, composé d’articles informatifs et d’œuvres de fiction à vocation pédagogique, devint la publication officielle de la WCTU de l’Ontario. À son apogée, le Woman’s Journal comptait plus de 4 000 abonnés, et son lectorat se trouvait aussi loin qu’en Nouvelle-Zélande et qu’au Japon.
Mlle Scott joua un rôle déterminant dans la réussite de la WCTU auprès des jeunes femmes. Elle se dévoua à leur instruction en enseignant à l’école du dimanche, et en travaillant dans les bureaux de presse et de documentation. En 1886, dans le rapport annuel de la WCTU de l’Ontario, elle demanda : « Songez-vous parfois à l’énorme vide qui serait créé, à l’heure actuelle, si l’on venait à faire cesser le travail des jeunes femmes dans le monde ? Retirez les jeunes institutrices brillantes et consciencieuses de l’école du dimanche, les enseignantes des externats, mettez fin aux équipes missionnaires, aux associations de couture, aux activités sociales d’église ; en fait, tous les services offerts et reçus par les jeunes femmes, et réfléchissez bien à ce que serait le monde. » Après l’affiliation officielle de la Young Woman’s Christian Temperance Union à la WCTU nationale en 1889, Mlle Scott en devint tout naturellement la première directrice, comme elle avait déjà occupé ce rôle au sein de la WCTU provinciale pendant plusieurs années. La Young Woman’s Christian Temperance Union fut l’une des sections les plus actives de l’organisation nationale. Mlle Scott assuma également des postes de direction dans d’autres organismes. Elle présida la branche ottavienne de la Young Women’s Christian Association vers la fin des années 1890 et fit partie des déléguées à la conférence mondiale de l’association à Berlin en 1910. De même, elle se trouva à la tête des Guides d’Ottawa et s’engagea dans le National Council of Women of Canada, que dirigea lady Aberdeen [Marjoribanks] à titre de première présidente.
L’implication de Mlle Scott dans la WCTU diminua progressivement durant les dernières années du xixe siècle ; parallèlement, l’influence de l’organisation commença à décliner. Le Woman’s Journal subit un sort similaire : sa publication cessa cinq ans après le départ à la retraite de Mlle Scott en 1898, preuve de son rôle crucial dans le succès du périodique. À cette époque-là, il était rare pour une Canadienne de posséder une telle expérience de rédactrice en chef d’un journal à large diffusion et Mlle Scott mit cette expertise à profit dans d’autres secteurs. Le 12 janvier 1900, elle obtint un emploi temporaire au sein du service interne (administration centrale) du ministère de l’Intérieur de Clifford Sifton*. Le 1er juillet 1904, elle reçut une nomination permanente à titre de commis de troisième classe, au modeste salaire de 550 $ par année. Le gouvernement libéral de sir Wilfrid Laurier* promouvait l’immigration dans les provinces et territoires de l’Ouest [V. Le peuplement de l’Ouest], et Mlle Scott rédigeait chaque semaine des notes sur l’actualité et les ressources du pays, que l’on transmettait par télégraphe au bureau du haut-commissaire du Canada à Londres. Selon sa nécrologie parue dans l’Ottawa Evening Citizen, ces comptes rendus constituèrent « l’une des meilleures publicités que le Canada n’ait jamais connues ». En 1921, son salaire annuel s’élevait déjà à 1 500 $ ; elle prit sa retraite environ trois ans plus tard.
Mlle Scott écrivit pour des publications de la région d’Ottawa, sous le pseudonyme de Yarrow, et contribua également à des revues américaines. Un recueil de ses textes, intitulé From the Gatineau hills, parut vers 1930. Vers la fin de sa vie, elle n’occupa aucun poste au sein de la WCTU (qui avait alors aussi un nom francophone, soit l’Union chrétienne de tempérance des femmes du Canada), mais continua de la soutenir. Elle prononça un discours à la soirée tenue à Ottawa pour souligner le cinquantième anniversaire de l’organisation en 1927. Elle fréquenta des réseaux de femmes journalistes, dont la section locale du Canadian Women’s Press Club, jusqu’au début des années 1930. Membre active de la Woman’s Missionary Society de l’Église unie du Canada, elle en présida l’une des réunions un mois avant de mourir d’une myocardite, en octobre 1932, à l’âge de 81 ans.
De bien des façons, Mary McKay Scott suivit un parcours à la fois typique et remarquable pour son époque. À l’instar de plusieurs femmes, elle avait une solide réputation dans sa ville natale, prenait part au mouvement pour la tempérance et aux activités de son église, et s’efforçait d’améliorer la société en général et la condition féminine en particulier. Son écriture lui permit de jouir d’une influence accrue et d’atteindre des milliers de lecteurs. Cependant, comme ses articles ne portaient souvent aucune signature ou étaient suivis d’un pseudonyme, beaucoup de celles et ceux qui bénéficièrent du leadership de Mary McKay Scott ne connurent jamais son nom.
Sous le pseudonyme de Yarrow, Mary McKay Scott a écrit From the Gatineau hills ([Ottawa, 1930 ?]), dont BAC conserve un exemplaire. Le numéro de juillet 1886 du Woman’s Journal (Ottawa) est accessible à : www.canadiana.ca/view/oocihm.8_06695.
Ancestry.com, « Reg. du cimetière Beechwood, Ottawa, Canada, 1873 à 1990 », Mary McKay Scott : www.ancestry.ca/search/collections/2168 (consulté le 13 sept. 2023).— AO, F 885 (Canadian Woman’s Christian Temperance Union fonds).— BAC, R233-36-4, Ontario, dist. Ottawa (103), sous-dist. quartier Wellington (E), div. 1 : 10–11 ; R233-37-6, Ontario, dist. Ottawa (100), sous-dist. quartier Central (B), div. 7 : 4 ; R3160-0-9 (Alexander Scott fonds).— Ottawa Citizen, 22 mai 1907 ; 7 oct. 1910 ; 4 oct. 1927 ; 14 juin 1930 ; 14 sept., 25 oct. 1932.— Canada, Dép. du Secrétariat d’État, The civil service list of Canada […] (Ottawa), 1900–1918.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Canadian who’s who, 1910.— S. A. Cook, « Through sunshine and shadow » : the Woman’s Christian Temperance Union, evangelicalism, and reform in Ontario, 1874–1930 (Montréal et Kingston, Ontario, 1995).— Carole Gerson, Canadian women in print, 1750–1918 (Waterloo, Ontario, 2010).— Handbook of the National Council of Women of Canada […] (Ottawa, 1899).— S. G. E[lwood] McKee, Jubilee history of the Ontario Woman’s Christian Temperance Union, 1877–1927 (Whitby, Ontario, [1927 ?]).— The prohibition leaders of America, B. F. Austin, édit. (St Thomas, Ontario, 1895).
Patricia Kmiec, « SCOTT, MARY McKAY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/scott_mary_mckay_16F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/scott_mary_mckay_16F.html |
Auteur de l'article: | Patricia Kmiec |
Titre de l'article: | SCOTT, MARY McKAY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2024 |
Année de la révision: | 2024 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |